Pour François Zabbal, rédacteur en chef de la Revue Qantara, l’art musulman reste cantonné à un exotisme à la mode : « Les artistes arabes ont commencé à se rendre dans les grandes métropoles de l’art à travers le monde il y a près d’un siècle. Mais c’est seulement depuis une trentaine d’années que l’on se rend compte qu’ils existent. Ils pensaient qu’ils étaient porteurs d’une tradition et de leur propre art. Mais, malgré cette mondialisation de leur art, ils restent catalogués à leur pays. »
Selon Catherine David, conservatrice du Patrimoine, l’appellation « art musulman » est inappropriée : « Ces artistes ont de multiples appartenances. On définit des gens qui ont grandi à Paris ou à New York comme étant des artistes musulmans. On les met dans des cases qu’ils n’ont pas choisies ! Et puis, surtout, c’est dangereux de parler d’art musulman contemporain, cela renvoie à des idées politico-religieuses qui n’ont rien à voir. Il n’y a pas plus d’art islamique contemporain que d’art chrétien contemporain. »
Selon Catherine David, conservatrice du Patrimoine, l’appellation « art musulman » est inappropriée : « Ces artistes ont de multiples appartenances. On définit des gens qui ont grandi à Paris ou à New York comme étant des artistes musulmans. On les met dans des cases qu’ils n’ont pas choisies ! Et puis, surtout, c’est dangereux de parler d’art musulman contemporain, cela renvoie à des idées politico-religieuses qui n’ont rien à voir. Il n’y a pas plus d’art islamique contemporain que d’art chrétien contemporain. »
Véronique Rieffel, directrice de l'Institut des cultures d'islam et auteure d'« Islamania ».
D’après Ziauddin Sardar, écrivain anglais d’origine pakistanaise, c’est la volonté de toute-puissance de l’Occident sur les autres cultures qui crée une mise à l’écart de l’art d’islam : « Tous les étudiants en art de la planète, aussi bien à Londres qu’à Karachi, n’étudient finalement que l’art occidental. Comme si le reste n’était pas de l’art. C’est inhumain, selon moi ! Toute culture produit de l’art ! Alors, pourquoi en privilégier une seule et dire que l’histoire de l’art se résume à cela ? En fait, c’est l’Occident qui définit l’art. Pour un artiste “blanc”, on dit juste qu’il est artiste, mais dès qu’il s’agit d’un artiste qui vient d’Irak, par exemple, on précise qu’il est musulman ou irakien. Comme si c’était un art inférieur ! »
Véronique Rieffel, directrice de l’Institut des cultures d’islam, vient justement d’écrire un ouvrage sur l’art d’Islam en Occident. Elle a répondu à nos questions sur son livre Islamania (Éd. des Beaux Arts – Institut des cultures d’islam), qui paraîtra en novembre prochain.
Véronique Rieffel, directrice de l’Institut des cultures d’islam, vient justement d’écrire un ouvrage sur l’art d’Islam en Occident. Elle a répondu à nos questions sur son livre Islamania (Éd. des Beaux Arts – Institut des cultures d’islam), qui paraîtra en novembre prochain.
Saphirnews : Pourquoi avoir intitulé votre livre « Islamania » ?
Véronique Rieffel : Le titre m’est venu parce qu’un véritable engouement pour l’islam s’est développé chez les artistes occidentaux, ces dernières années. J’ai donc voulu étudier comment les artistes s’emparent de l’islam. Que ce soit des artistes de culture musulmane ou non.
Quelle image les artistes contemporains ont-ils généralement de l’islam ?
V. R. : D’après moi, la vision de l’islam que l’on a aujourd’hui ne date pas du 11-Septembre ni de la révolution islamique. Elle remonte à plus loin. Elle est née de la peinture orientaliste au XIXe siècle, qui est la représentation de l’islam par les Occidentaux. C’est une vision caricaturale, pleine de clichés.
Cette vision est-elle en train de changer ?
V. R. : Beaucoup d’artistes contemporains construisent de nouvelles images de l’islam, en déconstruisant les représentations orientalistes qu’ils ont intériorisées. Ils ont souvent une double culture, à la fois musulmane et européenne, qui leur permet de complexifier et, donc , de renouveler, cette vision de l’islam.
Parmi eux, Majida Khattar, une artiste française d’origine marocaine, reprend tous les tableaux des grands orientalistes, comme Ingres ou Delacroix, et ajoute toujours un petit élément subversif pour qu’un questionnement émerge du tableau. Elle veut se moquer des dénominations à l’emporte-pièce. Elle a, par exemple, lancé sa propre appellation du voile, en créant des défilés de mode « VIP », soit le « voile islamique parisien , pour dénoncer les amalgames des médias.
Retrouvez le programme des veillées du Ramadan à l’ICI sur www.veillees-ramadan.org
Parmi eux, Majida Khattar, une artiste française d’origine marocaine, reprend tous les tableaux des grands orientalistes, comme Ingres ou Delacroix, et ajoute toujours un petit élément subversif pour qu’un questionnement émerge du tableau. Elle veut se moquer des dénominations à l’emporte-pièce. Elle a, par exemple, lancé sa propre appellation du voile, en créant des défilés de mode « VIP », soit le « voile islamique parisien , pour dénoncer les amalgames des médias.
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