Les organisatrices, les intervenantes et les ambassadrices du W(e) Talk !, samedi 7 juin.
On ressort boosté à bloc de la Cartonnerie, samedi 7 juin. Ce lieu niché en plein cœur du XIe arrondissement de Paris accueillait la première édition du W(e) Talk !, financée grâce aux dons récoltés via une plateforme de financement participatif (crowfunding).
« Célébrons l’action au féminin pluriel ! » était le but affiché de cet événement. Dans cette optique, Esra Tat, Jehan Lazrak-Toub, Nathalie Lafrie et Alix Heuer, les quatre femmes à l’origine de la rencontre, avaient choisi de faire présenter au public huit femmes aux parcours d’exception. Constatant l’absence de pluralité dans les rôles de modèles féminins en France, leur choix se sont portés sur des femmes ayant dépassé des barrières matérielles, sociales ou psychologiques. « Nous proposons ainsi de mettre en avant celles que nous n’avons pas l’habitude de voir sur scène, celles que l’on n’attend pas là où elles sont, celles qui n’ont pas ‘la gueule de l’emploi’ », écrivaient-elles en amont du rendez-vous.
A leurs côtés, huit autres femmes faisaient office d’ambassadrices : les journalistes Samira Ibrahim, Nadia Henni-Moulaï, Anasthasie Tudieshe et Sophie Caillat, la politologue Virginie Martin, la doctorante en sciences sociales Hanane Karimi, la productrice Laurence Lascary et Athina Marmorat, directrice de l’association Rêv’Elles qui propose un parcours d'aide à l'orientation à des jeunes filles issues des quartiers populaires. Chaque ambassadrice avait l’honneur d’introduire l’une des femmes devant un public composé d'une soixantaine de personnes.
« Célébrons l’action au féminin pluriel ! » était le but affiché de cet événement. Dans cette optique, Esra Tat, Jehan Lazrak-Toub, Nathalie Lafrie et Alix Heuer, les quatre femmes à l’origine de la rencontre, avaient choisi de faire présenter au public huit femmes aux parcours d’exception. Constatant l’absence de pluralité dans les rôles de modèles féminins en France, leur choix se sont portés sur des femmes ayant dépassé des barrières matérielles, sociales ou psychologiques. « Nous proposons ainsi de mettre en avant celles que nous n’avons pas l’habitude de voir sur scène, celles que l’on n’attend pas là où elles sont, celles qui n’ont pas ‘la gueule de l’emploi’ », écrivaient-elles en amont du rendez-vous.
A leurs côtés, huit autres femmes faisaient office d’ambassadrices : les journalistes Samira Ibrahim, Nadia Henni-Moulaï, Anasthasie Tudieshe et Sophie Caillat, la politologue Virginie Martin, la doctorante en sciences sociales Hanane Karimi, la productrice Laurence Lascary et Athina Marmorat, directrice de l’association Rêv’Elles qui propose un parcours d'aide à l'orientation à des jeunes filles issues des quartiers populaires. Chaque ambassadrice avait l’honneur d’introduire l’une des femmes devant un public composé d'une soixantaine de personnes.
Portrait des intervenantes. En haut (de gauche à droite) : Ghislaine Durand, Karima Mondon, Annie Chaperon et Fatoumata Kebe. En bas : Aya Cissoko, Elisa Rojas, Fatima Abidallah-Chaabi et Béatrice Barbusse.
« Inch'Allah, Fatou première femme dans l’espace »
A notre arrivée à 16h, 1h30 après le début de l’événement, deux femmes ont déjà pu livrer leur témoignage. Béatrice Barbusse, diplômée de l’école normale supérieure (ENS), a ainsi raconté comme elle devint la première femme présidente d’un club de sport collectif masculin en dirigeant l’US Ivry Handball, tandis qu'Elisa Rojas, avocate handicapée, a pu démontrer que toutes les barrières peuvent être relevées.
Un interlude propice à la détente s'ensuit. Une animatrice de sophrologie apprend au public à se relâcher par la respiration. Puis le rythme de présentation des témoignages reprend. Virginie Martin, présidente du Think Thank Different, se lève pour annoncer l’intervention de Fatoumata Kebe, doctorante en astronomie.
A 18 ans, Bac S en poche, la jeune femme, depuis toujours passionnée d’astronomie, un monde qu’elle tâte grâce aux livres et à la télé, raconte s’être tournée vers des études scientifiques. Mais à la faculté, ses lacunes dues à un cursus dans un lycée d’un quartier populaire font qu’elle doit « compenser (son) retard ». Elle est de plus forcée à prendre un job d’étudiant. Elle a dû s’accrocher avant d'intégrer l'Observatoire de Paris, le plus grand pôle national de recherche en astronomie. Mais, pleine de fraîcheur, la jeune femme raconte son parcours avec un humour déconcertant.
Des rires éclatent tout au long de son récit. Son travail sur les débris spatiaux, elle le compare à celui d’une femme de ménage comme l'était sa mère « au sol » tandis que Fatoumata le fait... en « haut », dans le ciel. « Croyez-en vous », lance la jeune femme avant de conclure sous les applaudissements : « Inch'Allah, Fatou, première femme sur la Lune ».
Après son témoignage hilarant, Hanane Karimi a présenté le parcours de Ghislaine Durand. Absente à cause d’une chute, cette dernière a tenu à rédiger un texte lu par la sociologue très émue. Elle y décrit les mots blessants dont elle a été victime, lors d'une rentrée scolaire, enfant, lorsqu’elle fut traitée de « sauvageonne » par la directrice de l’école. « Je crois que c’est à cause de cette femme que je deviens professeur », écrit-elle. La romanichelle décrit son ascension sociale comme « un acte politique ».
Même si les « déterminismes sociaux » sont déterminants dans les « parcours généraux », il y a « toujours des cas particuliers », note Hanane Karimi à Saphirnews. A ses yeux, un événement comme W(e) Talk ! qui met en avant des parcours ayant surmonté des freins sociaux permet d’aider d’autres à y faire face, juge la sociologue, qui se dit « optimiste » pour le futur.
Un interlude propice à la détente s'ensuit. Une animatrice de sophrologie apprend au public à se relâcher par la respiration. Puis le rythme de présentation des témoignages reprend. Virginie Martin, présidente du Think Thank Different, se lève pour annoncer l’intervention de Fatoumata Kebe, doctorante en astronomie.
A 18 ans, Bac S en poche, la jeune femme, depuis toujours passionnée d’astronomie, un monde qu’elle tâte grâce aux livres et à la télé, raconte s’être tournée vers des études scientifiques. Mais à la faculté, ses lacunes dues à un cursus dans un lycée d’un quartier populaire font qu’elle doit « compenser (son) retard ». Elle est de plus forcée à prendre un job d’étudiant. Elle a dû s’accrocher avant d'intégrer l'Observatoire de Paris, le plus grand pôle national de recherche en astronomie. Mais, pleine de fraîcheur, la jeune femme raconte son parcours avec un humour déconcertant.
Des rires éclatent tout au long de son récit. Son travail sur les débris spatiaux, elle le compare à celui d’une femme de ménage comme l'était sa mère « au sol » tandis que Fatoumata le fait... en « haut », dans le ciel. « Croyez-en vous », lance la jeune femme avant de conclure sous les applaudissements : « Inch'Allah, Fatou, première femme sur la Lune ».
Après son témoignage hilarant, Hanane Karimi a présenté le parcours de Ghislaine Durand. Absente à cause d’une chute, cette dernière a tenu à rédiger un texte lu par la sociologue très émue. Elle y décrit les mots blessants dont elle a été victime, lors d'une rentrée scolaire, enfant, lorsqu’elle fut traitée de « sauvageonne » par la directrice de l’école. « Je crois que c’est à cause de cette femme que je deviens professeur », écrit-elle. La romanichelle décrit son ascension sociale comme « un acte politique ».
Même si les « déterminismes sociaux » sont déterminants dans les « parcours généraux », il y a « toujours des cas particuliers », note Hanane Karimi à Saphirnews. A ses yeux, un événement comme W(e) Talk ! qui met en avant des parcours ayant surmonté des freins sociaux permet d’aider d’autres à y faire face, juge la sociologue, qui se dit « optimiste » pour le futur.
La team W(e) Talk : (de gauche à droite) : Jehan Lazrak-Toub, Nathalie Lafrie, Alix Heuer et Esra Tat.
« Soyez des erreurs sociologiques »
Karima Mondon, autre femme conviée à se raconter, invite d’ailleurs les personnes présentes dans l'assemblée à être des « erreurs sociologues ». Pour elle aussi, l’affaire n’était pas gagnée d’avance - sociologiquement parlant - étant d’origine algérienne et issue d’une famille monoparentale et nombreuse qui fut bien vite dénigrée à l’école.
Mais la surdouée – avant même d’entrer au CP, elle savait déjà lire – pu compter sur ses « amis morts », les livres, pour s’évader et comprendre que l’essentiel était dans le cœur plus que dans les apparences. Cela était d’autant plus parlant pour la jeune fille dont la maman est aveugle. « J’ai forcé les gens à se décentrer pour me voir », dit Karima. Elle, qui a « rencontré Dieu » et qui a choisi d’arborer un voile, trouve sa maxime favorite dans le verset coranique « Y a-t-il d’autre récompense pour le bien que le bien lui-même ? » (sourate 55, Le Tout Miséricordieux). « Si ce que je fais est déjà bien, cela me suffit », déclare la professeur de lettres et d’histoire dont les compétences l’ont amené à devenir conseillère pour le recteur de l’Académie de Guyane.
Pour toutes ces femmes, la réussite, n'est d'ailleurs pas affaire d'argent mais concrétisation de soi. « Ne pas faire siennes les limitations des autres », le thème choisi pour cette 1ère édition de W(e) Talk, prend tout son sens. Chez Aya Cissoko, ce surpassement s’est opéré lorsqu’elle a fait le choix de faire de la boxe. Très douée mais, parce que femme, on « dénigre ses performances ». Elle, qui a subi, le pire en perdant son père et sa petite sœur dans un incendie criminel, puis son petit frère, prend la boxe comme un exutoire et « tient tête ». Elle réalise le grand chelem en devenant tour à tour championne de France, d’Europe et du monde, du jamais vu dans sa discipline. Mais « si un homme, l’avait fait, on en parlerait encore », remarque-t-elle.
Interdite de ring après un grave accident, diplômée de Sciences po, elle se reconvertit en écrivaine, avec le roman Danbé pour lequel elle obtient le Grand prix de l’héroïne Madame Figaro en 2011. De son parcours, « jalonné d’épreuves », elle en ressort que les femmes doivent « se serrer les coudes ». « Coachons-nous les uns les autres », disait plus tôt la journaliste Sophie Caillat.
Mais la surdouée – avant même d’entrer au CP, elle savait déjà lire – pu compter sur ses « amis morts », les livres, pour s’évader et comprendre que l’essentiel était dans le cœur plus que dans les apparences. Cela était d’autant plus parlant pour la jeune fille dont la maman est aveugle. « J’ai forcé les gens à se décentrer pour me voir », dit Karima. Elle, qui a « rencontré Dieu » et qui a choisi d’arborer un voile, trouve sa maxime favorite dans le verset coranique « Y a-t-il d’autre récompense pour le bien que le bien lui-même ? » (sourate 55, Le Tout Miséricordieux). « Si ce que je fais est déjà bien, cela me suffit », déclare la professeur de lettres et d’histoire dont les compétences l’ont amené à devenir conseillère pour le recteur de l’Académie de Guyane.
Pour toutes ces femmes, la réussite, n'est d'ailleurs pas affaire d'argent mais concrétisation de soi. « Ne pas faire siennes les limitations des autres », le thème choisi pour cette 1ère édition de W(e) Talk, prend tout son sens. Chez Aya Cissoko, ce surpassement s’est opéré lorsqu’elle a fait le choix de faire de la boxe. Très douée mais, parce que femme, on « dénigre ses performances ». Elle, qui a subi, le pire en perdant son père et sa petite sœur dans un incendie criminel, puis son petit frère, prend la boxe comme un exutoire et « tient tête ». Elle réalise le grand chelem en devenant tour à tour championne de France, d’Europe et du monde, du jamais vu dans sa discipline. Mais « si un homme, l’avait fait, on en parlerait encore », remarque-t-elle.
Interdite de ring après un grave accident, diplômée de Sciences po, elle se reconvertit en écrivaine, avec le roman Danbé pour lequel elle obtient le Grand prix de l’héroïne Madame Figaro en 2011. De son parcours, « jalonné d’épreuves », elle en ressort que les femmes doivent « se serrer les coudes ». « Coachons-nous les uns les autres », disait plus tôt la journaliste Sophie Caillat.
Les messages des participantes au W(e) Talk étendus comme du linge.
Larmes et solidarité
Du côté des entrepreneures, deux femmes inspirantes étaient mises à l’honneur. Après un échec entrepreneurial, Annie Chaperon, en larmes à l’évocation de son passé, a voulu montrer qu’il était toujours possible de rebondir. « Vous êtes capables de choses extraordinaires », lance la femme qui conseille aujourd’hui les TPE-PME.
Une PME, Fatima Abidallah-Chaabi en a créé une. Elle est à la tête de Podomar, une entreprise de fabrication de chaussures orthopédiques. Sa soif d’entreprendre ne pouvait pas être freinée, elle qui a vu son père analphabète créer son propre commerce. Comme « une revanche » sur la vie, Fatima qui s’était vue refuser l’accès à son lycée car « elle avait quelque chose sur la tête » prend pour première salariée une femme voilée.
Au terme de tous ces témoignages entrecoupés une seconde fois par un moment de relaxation, l’émotion est palpable chez les ambassadrices réunies sur scène. Bousculée par ces récits, Samira Ibrahim fond en larmes. Laurence Lascary l’imite. Le public - essentiellement féminin - n’a pas manqué aussi d’être chamboulé. Sur des cartes, chacun était invité à noter les réflexions personnelles que lui apportait cette demi-journée en complétant la phrase : « Aujourd’hui, je réalise que…. ». « Tout est possible », « Etre une femme, c’est formidable » ou encore « Demain, je démissionne », pouvait-on lire dans les messages étendus dans la cour de l’ancien atelier.
Samedi, le message porté était « universel », résume Amadou Ka, président des Indivisibles, présent à l’événement que l’association antiraciste soutient.
Sur scène et dans le public, la communion de ces femmes plurielles fait plaisir à voir. Pari réussi pour W(e) Talk !
Une PME, Fatima Abidallah-Chaabi en a créé une. Elle est à la tête de Podomar, une entreprise de fabrication de chaussures orthopédiques. Sa soif d’entreprendre ne pouvait pas être freinée, elle qui a vu son père analphabète créer son propre commerce. Comme « une revanche » sur la vie, Fatima qui s’était vue refuser l’accès à son lycée car « elle avait quelque chose sur la tête » prend pour première salariée une femme voilée.
Au terme de tous ces témoignages entrecoupés une seconde fois par un moment de relaxation, l’émotion est palpable chez les ambassadrices réunies sur scène. Bousculée par ces récits, Samira Ibrahim fond en larmes. Laurence Lascary l’imite. Le public - essentiellement féminin - n’a pas manqué aussi d’être chamboulé. Sur des cartes, chacun était invité à noter les réflexions personnelles que lui apportait cette demi-journée en complétant la phrase : « Aujourd’hui, je réalise que…. ». « Tout est possible », « Etre une femme, c’est formidable » ou encore « Demain, je démissionne », pouvait-on lire dans les messages étendus dans la cour de l’ancien atelier.
Samedi, le message porté était « universel », résume Amadou Ka, président des Indivisibles, présent à l’événement que l’association antiraciste soutient.
Sur scène et dans le public, la communion de ces femmes plurielles fait plaisir à voir. Pari réussi pour W(e) Talk !
Lire aussi :
Une femme, des femmes... W(e)Talk pour célébrer l’action au féminin pluriel
« Engageons-nous ! » : l’engagement au féminin pluriel
Femmes musulmanes : pour une égalité des chances
Création du premier fonds de dotation au profit de l’action féminine musulmane
Sale temps pour les femmes musulmanes
Des musulmanes en France : féminisme islamique et nouvelles formes de l'engagement pieux
C'est quoi, le féminisme ?
Les féminismes islamiques analysés par Stéphanie Latte Abdallah
Une femme, des femmes... W(e)Talk pour célébrer l’action au féminin pluriel
« Engageons-nous ! » : l’engagement au féminin pluriel
Femmes musulmanes : pour une égalité des chances
Création du premier fonds de dotation au profit de l’action féminine musulmane
Sale temps pour les femmes musulmanes
Des musulmanes en France : féminisme islamique et nouvelles formes de l'engagement pieux
C'est quoi, le féminisme ?
Les féminismes islamiques analysés par Stéphanie Latte Abdallah