Le projet architectural des nouveaux locaux du lycée Averroès à Lille.
L’étude a été menée par une équipe de chercheurs de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et de l’Institut d’études de l’islam et des sociétés du monde musulman (IISM), sous la coordination du sociologue Samir Amghar. Elle montre un fort développement des structures d’enseignement (écoles coraniques, instituts, établissements scolaires) islamiques, et ce malgré des problèmes de financement.
Les chercheurs concluent que l’émergence de structures d’enseignement musulmanes identifiées constitue « un atout dans les politiques d’intégration à l’égard des populations issues de l’immigration », mais conseille en leur direction une « action publique coordonnée et s’appuyant sur des instruments de contrôle adaptés ».
Les chercheurs concluent que l’émergence de structures d’enseignement musulmanes identifiées constitue « un atout dans les politiques d’intégration à l’égard des populations issues de l’immigration », mais conseille en leur direction une « action publique coordonnée et s’appuyant sur des instruments de contrôle adaptés ».
Les établissements scolaires privés musulmans
Depuis une dizaine d’années, les établissements scolaires privés musulmans se développent en France métropolitaine. Neufs établissements se partagent environ un millier d’élèves. L’augmentation rapide de cette offre d’enseignement résulte de plusieurs facteurs. Une défection croissante pour l’enseignement public, en proie à des difficultés, particulièrement dans les quartiers, amène une demande de la part d’une classe moyenne émergente musulmane, qui souhaite donner à ses enfants une bonne éducation couplée à une bonne connaissance du cultuel.
Cette volonté de voir émerger une « élite musulmane » correspond à la vision de l’UOIF, acteur incontournable du développement des établissements d’enseignement en France. L’organisation affiche ainsi sa volonté de promouvoir une « citoyenneté musulmane » et entend apporter une réponse face à la loi de 2004 sur l'interdiction des signes religieux à l’école.
Le problème principal de ces structures provient du manque d’expérience des fondateurs et des problèmes de trésorerie inhérents à la gestion d’établissements scolaires. Ce manque d’expérience ne facilite pas les relations avec les rectorats, notamment dans des cas de demande d’association avec l’Etat.
Les budgets des établissements sont également fragiles. D'ailleurs, 70 à 90 % des financements doivent être réservés aux enseignants. En ce sens, un contrat avec l’Etat, qui entraîne le versement des salaires des enseignants par l’Education nationale, apparaît comme une solution pérenne pour les comptes des établissements.
Ce processus d’association est mis en avant dans le rapport, dans le sens où il présente des garanties de sécularisation progressive des établissements, sur le modèle de l’enseignement catholique. Ceux-ci doivent alors s’ouvrir à tous - même si beaucoup prétendent que c’est déjà le cas - et les cours de religion deviennent optionnels.
Un tel développement entraîne aussi une augmentation des effectifs qui peuvent entrer en contradiction avec les objectifs d’excellence des établissements, comme le lycée Averroès de Lille, qui dispose d’un contrat avec l’Etat et affiche des résultats admirables au baccalauréat. Mais son prochain agrandissement à la rentrée 2012 laisse présager un recrutement plus large et moins élitiste.
Cette volonté de voir émerger une « élite musulmane » correspond à la vision de l’UOIF, acteur incontournable du développement des établissements d’enseignement en France. L’organisation affiche ainsi sa volonté de promouvoir une « citoyenneté musulmane » et entend apporter une réponse face à la loi de 2004 sur l'interdiction des signes religieux à l’école.
Le problème principal de ces structures provient du manque d’expérience des fondateurs et des problèmes de trésorerie inhérents à la gestion d’établissements scolaires. Ce manque d’expérience ne facilite pas les relations avec les rectorats, notamment dans des cas de demande d’association avec l’Etat.
Les budgets des établissements sont également fragiles. D'ailleurs, 70 à 90 % des financements doivent être réservés aux enseignants. En ce sens, un contrat avec l’Etat, qui entraîne le versement des salaires des enseignants par l’Education nationale, apparaît comme une solution pérenne pour les comptes des établissements.
Ce processus d’association est mis en avant dans le rapport, dans le sens où il présente des garanties de sécularisation progressive des établissements, sur le modèle de l’enseignement catholique. Ceux-ci doivent alors s’ouvrir à tous - même si beaucoup prétendent que c’est déjà le cas - et les cours de religion deviennent optionnels.
Un tel développement entraîne aussi une augmentation des effectifs qui peuvent entrer en contradiction avec les objectifs d’excellence des établissements, comme le lycée Averroès de Lille, qui dispose d’un contrat avec l’Etat et affiche des résultats admirables au baccalauréat. Mais son prochain agrandissement à la rentrée 2012 laisse présager un recrutement plus large et moins élitiste.
Les écoles coraniques
Souvent rattachées à une mosquée, les écoles coraniques connaissent des situations très diverses. Sur les 2 000 mosquées françaises, un quart environ proposerait une école coranique. L’empreinte idéologique de ces écoles dépend fortement de l’association de la mosquée et des liens avec les pays d’origine.
Si les chercheurs reconnaissent un besoin de transmission de l’islam auprès des jeunes générations, ils mettent aussi en avant un fort « amateurisme » dans ces écoles. Ainsi, les méthodes d’apprentissage traditionnelles comme la mémorisation et la récitation du Coran, sont souvent privilégiées. Une situation accentuée par la présence d’enseignants bénévoles, sans connaissance des méthodes « ludiques » modernes d’enseignement.
Mais les chercheurs modèrent leur constat sur certaines écoles observées, constatant une forme de « relais éducatif » exercée par ces écoles auprès des parents et leur rôle « social ». Dans certains cas, sorties culturelles et sportives vont de pair avec la transmission de valeurs « islamiques » et morales et agissent comme des catalyseurs auprès de certains jeunes.
Si les chercheurs reconnaissent un besoin de transmission de l’islam auprès des jeunes générations, ils mettent aussi en avant un fort « amateurisme » dans ces écoles. Ainsi, les méthodes d’apprentissage traditionnelles comme la mémorisation et la récitation du Coran, sont souvent privilégiées. Une situation accentuée par la présence d’enseignants bénévoles, sans connaissance des méthodes « ludiques » modernes d’enseignement.
Mais les chercheurs modèrent leur constat sur certaines écoles observées, constatant une forme de « relais éducatif » exercée par ces écoles auprès des parents et leur rôle « social ». Dans certains cas, sorties culturelles et sportives vont de pair avec la transmission de valeurs « islamiques » et morales et agissent comme des catalyseurs auprès de certains jeunes.
Les instituts supérieurs islamiques
Les instituts supérieurs islamiques accueillent entre 3 200 et 3 500 étudiants. Ils constituent une autre facette de la réislamisation, destinée aux jeunes et aux adultes. Une dynamique aussi soutenue par l’UOIF, très engagé dans l’éducation.
L’ambition affichée de ces instituts est de former de futurs cadres religieux, compétents autant sur les questions théologiques que sur les problématiques spécifiques liées au contexte européen et à la fonction d’imam. Mais, selon les chercheurs, cette première ambition se trouve contrariée par leurs étudiants. En effet, ceux-ci déclarent majoritairement rechercher un enseignement religieux dans une démarche spirituelle individuelle.
Autre point d’achoppement pour les instituts : le manque de reconnaissance de la part des universités publiques. Car si les établissements ambitionnaient d'entrer dans le système LMD, ils ne trouvent pas d’universités publiques décidées à accorder une équivalence. Tandis que certains instituts se tournent vers les universités étrangères, d’autres souffrent aussi de leur choix d’enseignement, pas assez ouvert aux sciences humaines et sociales « profanes », qui permettraient de former des étudiants aptes à valoriser leur cursus au sein des universités.
Mais face à la nécessité de former les cadres religieux musulmans, l’Etat n’a pas trouvé « l’interlocuteur qui puisse mettre en place une formation des cadres religieux musulmans présentant des garanties suffisantes pour engager le soutien » de ce dernier. Une solution « par défaut » a été trouvée avec l’ouverture du Diplôme Universitaire (DU) « Interculturalité, laïcité et religion » à l’Institut catholique de Paris mais aussi le DU « Droit, société et pluralité des religions » à l'université de Strasbourg.
Cependant, la création d’établissements reste dynamique et justifiée par les responsables par la volonté de faire émerger un « islam français ».
L’ambition affichée de ces instituts est de former de futurs cadres religieux, compétents autant sur les questions théologiques que sur les problématiques spécifiques liées au contexte européen et à la fonction d’imam. Mais, selon les chercheurs, cette première ambition se trouve contrariée par leurs étudiants. En effet, ceux-ci déclarent majoritairement rechercher un enseignement religieux dans une démarche spirituelle individuelle.
Autre point d’achoppement pour les instituts : le manque de reconnaissance de la part des universités publiques. Car si les établissements ambitionnaient d'entrer dans le système LMD, ils ne trouvent pas d’universités publiques décidées à accorder une équivalence. Tandis que certains instituts se tournent vers les universités étrangères, d’autres souffrent aussi de leur choix d’enseignement, pas assez ouvert aux sciences humaines et sociales « profanes », qui permettraient de former des étudiants aptes à valoriser leur cursus au sein des universités.
Mais face à la nécessité de former les cadres religieux musulmans, l’Etat n’a pas trouvé « l’interlocuteur qui puisse mettre en place une formation des cadres religieux musulmans présentant des garanties suffisantes pour engager le soutien » de ce dernier. Une solution « par défaut » a été trouvée avec l’ouverture du Diplôme Universitaire (DU) « Interculturalité, laïcité et religion » à l’Institut catholique de Paris mais aussi le DU « Droit, société et pluralité des religions » à l'université de Strasbourg.
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