Monde

11-Septembre : un pasteur appelle à l'autodafé du Coran

Rédigé par Leïla Belghiti | Jeudi 9 Septembre 2010 à 10:00

Ce sera sans doute l'anniversaire le plus agité des États-Unis, qui commémorent samedi le neuvième anniversaire des attentats du 11-Septembre. L'Etat ne sait plus quoi faire pour stopper la folie d'un pasteur de Floride, un certain Terry Jones, appartenant au Dove Center, une église fondamentaliste.



Photo du groupe de fans Facebook du Dove World Outreach Center, dans lequel prêche le pasteur Terry Jones. Le site Internet du Dove Center est désormais inaccessible.
Le pasteur compte ses jours – plus que deux ! – pour mettre à terme son projet funeste : un autodafé du Coran, Livre saint des musulmans. La polémique enfle ces derniers jours au pays d'oncle Sam. Le pasteur, devenu star des médias, n'hésite pas à verser sa verve islamophobe devant des présentateurs et spectateurs parfois amusés.

Le Coran ? « Le livre du Diable », selon le pasteur. Un projet fou et insensé : « Brûler en public le Coran le 11 septembre, c'est dire "stop à l'islam", "stop à la sharia", "stop à la violence" », défend le pasteur, qui se contredira une seconde plus tard, affirmant n'« avoir rien contre les musulmans », dans une interview donnée à CNN. (Voir vidéo ci-dessous.)

Il semble oublier que des centaines de musulmans ont péri lors du macabre attentat.

Le gouvernement américain commence sérieusement à s'inquiéter des conséquences qu'une telle action pourrait engendrer, et craint notamment pour ses troupes en Afghanisan.

Dans un communiqué, le commandant des forces militaires a évoqué le danger potentiel que représente le projet du pasteur américain sur la vie de ses soldats. « Les images d'un Coran en flammes seront sans aucun doute utilisées par les extrémistes en Afghanistan et dans le monde pour exciter l'opinion et inciter à la violence », craint le général David Petraeus.


L'antiaméricanisme ...

... est la bête noire du gouvernement dans les pays musulmans. La Maison Blanche a toutes les raisons de se préoccuper, au vu de la vague de colère qui se propagent déjà au Moyen-Orient.

Lundi 6 septembre, des centaines de manifestants se sont regroupés à Kaboul pour brûler des drapeaux américains et des portraits du pasteur controversé. Mardi 7, le porte-parole des Affaires étrangères à Téhéran (Iran) a tenu à prévenir : « Nous conseillons aux pays occidentaux d'empêcher l'exploitation de la liberté d'expression pour insulter les Livres saints, sinon les sentiments que cela provoquerait dans les nations musulmanes ne pourraient être contrôlés. » La colère se fait ressentir en Indonésie également, plus grand pays musulman au monde.

Le Vatican a vivement condamné le projet, craignant pour ses minorités installées en terres musulmanes.

Selon la loi, le pasteur peut brûler un Coran

La Constitution américaine n'interdit pas au pasteur de brûler un Coran. La seule loi qui pourrait gêner Terry Jones de mener à bien son projet semble être le permis d'organiser un bûcher, qu'il n'a pas obtenu des autorités locales de Floride.

Mais le pasteur a déjà annoncé qu'il se passerait de cette autorisation, et les autorités locales ont fait savoir, mardi, qu'il ne recevrait probablement qu'une convocation pour cette infraction, à moins que le feu échappe à son contrôle, indique l'AP.

L'islamophobie devient le cheval de bataille d'un nombre croissant d'individus en mal de reconnaissance publique. Le pasteur Terry Jones, semble-t-il, saisit l'occasion du 11-Septembre pour remplir sa chapelle, qui ne compte pas plus d'une cinquantaine de partisans, dans un contexte déjà alimenté par la polémique autour du projet de mosquée non loin du Ground Zero.