Monde

20 ans de Guantanamo : Joe Biden prié de mettre fin à l'injustice américaine

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 12 Janvier 2022 à 15:00

« C’est une date anniversaire qui n’aurait jamais dû être atteinte. » Alors que la prison de Guantanamo célèbre tristement ses 20 ans d'existence, les défenseurs des droits humains exhortent Joe Biden à fermer de toute urgence un site devenu dès 2001 un symbole international de l'injustice américaine.



Vingt ans après l'ouverture de la prison de Guantanamo, les ONG réclament la fermeture du centre de détention auprès de Joe Biden. © CC BY-NC-ND 2.0/Victoria Pickering
Vingt ans après sa création, la prison militaire de Guantánamo Bay est toujours ouverte, au grand dam des organisations de défense des droits humains. Ce centre de détention, situé à Cuba, en dehors du sol des États-Unis afin de mieux échapper à la législation américaine, et rendu tristement célèbre pour les multiples atteintes à l’Etat de droit, abrite toujours 39 détenus de confession musulmane, comme le furent l’ensemble des prisonniers – 780 hommes et garçons – qui y sont passés.

« C’est une date anniversaire qui n’aurait jamais dû être atteinte », fait savoir Daphne Eviatar, directrice du Programme Sécurité et droits humains à Amnesty International États-Unis. « Depuis le gouvernement de George Bush, il existe un consensus parmi les experts en sécurité nationale et l’ensemble de la classe politique au sujet de la nécessité de fermer la prison de Guantánamo – site tristement connu pour la torture et la détention injustifiable pour une durée illimitée. »

Les yeux des ONG braqués sur Joe Biden

L’ONG rappelle en l’occurrence qu’aucun détenu n’a bénéficié d’un procès équitable et que leur maintien en détention pour une durée indéterminée, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre la plupart d'entre eux, est une « violation du respect des procédures légales et d’autres droits fondamentaux reconnus par le droit international ». En outre, l’existence même de Guantanamo n’a pas permis de rendre justice aux victimes des attentats du 11-Septembre à la suite desquels l’ouverture du centre avait été justifiée.

Alors que Barack Obama n’était pas parvenu durant son mandat à tenir sa promesse d’en finir avec l’injustice de Guantanamo, « le président Joe Biden doit tenir son engagement et fermer Guantánamo définitivement. Plus la prison reste en fonctionnement, plus elle mine la crédibilité des États-Unis dans le monde sur le terrain des droits humains », assure Amnesty.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Joe Biden, seul un transfert de prisonnier a été opéré vers le Maroc. « Si le président veut tenir sa promesse de fermer le centre, il devra accélérer considérablement le rythme », fait valoir l'élue Ilhan Omar dans une tribune publiée à l'occasion des 20 ans de Guantanamo.

« Je pense à ce que des dizaines d'hommes ont perdu lorsque les États-Unis les ont torturés, en niant systématiquement leur identité et leur humanité. Je pense à ce que les familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001 ont perdu — toute possibilité d'une justice équitable et impartiale — lorsque les États-Unis ont décidé de troquer la décence et la primauté du droit contre la torture et la détention illimitée », écrit-elle, appelant ses concitoyens à se mobiliser pour la fermeture de la prison et contre l'impunité.

Lire aussi :
Mourad Benchellali : « Guantanamo sert la propagande jihadiste »