2023 sera certainement l’année de toutes les incertitudes au vu des grands bouleversements qui ont ponctué les 12 derniers mois. Elle fait suite à une année qui a vu en France la normalisation sans précèdent d’un parti de l’extrême droite au cours d’une campagne électorale atone ayant conduit à la réélection d’Emmanuel Macron. Arrivée au second tour présidentiel muni d’un score historique, la formation politique de Marine Le Pen persiste et signe avec une entrée fracassante de 89 députés au Palais Bourbon. En ajoutant le bon score de la NUPES, le second mandat de Macron s’est vu priver de majorité absolue.
Tout l’inverse de 2017, lorsque l’Assemblée nationale fut si renouvelée, dotant les macronistes d’une majorité écrasante, que nous parlions d’un phénomène de « dégagisme ». Sauf qu’au fil du temps, le Parlement était perçu comme une simple caisse enregistreuse de l’exécutif. En dépit de la promesse de Macron d’une nouvelle méthode de gouvernance, le gouvernement Borne semble aujourd’hui en payer les conséquences. Tout du moins, elle ne convainc pas suffisamment pour faire passer des lois sans brandir le 49.3. Or, des sujets très épineux qui n’ont cessé d’être retardés seront posés sur la table dès les prochaines semaines telles que les retraites, le projet de loi sur l’immigration, les questions environnementales. Par ailleurs, la défiance populaire envers les élites est toujours aussi présente. Les liens, entre immigration et insécurité ou islam et islamisme, savamment entretenu par les identitaires de l’extrême droite sur fond de bataille culturelle autour du « grand remplacement », continuent de chauffer à blanc des populations qui ne se parlent plus.
La maîtrise des flux migratoires constitue donc un enjeu pour ce mandat afin de répondre aux inquiétudes à des franges d’électeurs dont on estime qu’ils se déplacent massivement aux urnes. L’exploitation politicienne du meurtre de la petite Lola avait braqué les projecteurs sur les OQTF. Le projet de loi porté par le ministre Gerald Darmanin vise avant toute chose à expulser les étrangers en situation irrégulière, condition sine qua none pour espérer faire passer le projet en ralliant les voix des Républicains (LR) de l’Assemblée nationale dirigés par Olivier Marleix. Toutefois, le pragmatisme, prélude à une « immigration choisie », n’est pas abandonné. Ainsi, l’immigration de travailleurs pour occuper des métiers en tension, comme les métiers du soin ou les emplois que les Français ne veulent plus occuper, devrait être facilitée.
Tout l’inverse de 2017, lorsque l’Assemblée nationale fut si renouvelée, dotant les macronistes d’une majorité écrasante, que nous parlions d’un phénomène de « dégagisme ». Sauf qu’au fil du temps, le Parlement était perçu comme une simple caisse enregistreuse de l’exécutif. En dépit de la promesse de Macron d’une nouvelle méthode de gouvernance, le gouvernement Borne semble aujourd’hui en payer les conséquences. Tout du moins, elle ne convainc pas suffisamment pour faire passer des lois sans brandir le 49.3. Or, des sujets très épineux qui n’ont cessé d’être retardés seront posés sur la table dès les prochaines semaines telles que les retraites, le projet de loi sur l’immigration, les questions environnementales. Par ailleurs, la défiance populaire envers les élites est toujours aussi présente. Les liens, entre immigration et insécurité ou islam et islamisme, savamment entretenu par les identitaires de l’extrême droite sur fond de bataille culturelle autour du « grand remplacement », continuent de chauffer à blanc des populations qui ne se parlent plus.
La maîtrise des flux migratoires constitue donc un enjeu pour ce mandat afin de répondre aux inquiétudes à des franges d’électeurs dont on estime qu’ils se déplacent massivement aux urnes. L’exploitation politicienne du meurtre de la petite Lola avait braqué les projecteurs sur les OQTF. Le projet de loi porté par le ministre Gerald Darmanin vise avant toute chose à expulser les étrangers en situation irrégulière, condition sine qua none pour espérer faire passer le projet en ralliant les voix des Républicains (LR) de l’Assemblée nationale dirigés par Olivier Marleix. Toutefois, le pragmatisme, prélude à une « immigration choisie », n’est pas abandonné. Ainsi, l’immigration de travailleurs pour occuper des métiers en tension, comme les métiers du soin ou les emplois que les Français ne veulent plus occuper, devrait être facilitée.
A quand l'équilibre entre les préoccupations sécuritaires et la pédagogie bienveillante ?
Sur le volet cultuel, la fin des imams détachés reste programmée pour le 31 décembre de cette année. Symbole de la mise à distance des pays d’origine (essentiellement Algérie, Maroc et Turquie) sur l’islam de France ainsi que de la volonté de l’État de donner de la place à des interlocuteurs socialisés en France agissant pour le bon fonctionnement du culte. Le Forif en est l’incarnation. C’est une avancée significative et positive surtout quand l’un des groupes de travail s’attache à résoudre le problème des fermetures de comptes bancaires pas toujours justifiés des associations musulmanes.
Conséquence d’un climat anxiogène envers les musulmans ? La banalisation de la haine antimusulmane peut revêtir les traits effrayants d’un dos d’âne. Les innombrables sorties de route comme celle de Jean-Claude Dassier jette le doute sur la loyauté des Français de confession musulmane. Sans parler des « Bataclans à l’envers », scandaleux et dangereux propos de l’écrivain Michel Houellebecq dont le talent littéraire qu’il met pour décrire le mal-être d’une « France blanche » et « périphérique » nous paraît pourtant important et salutaire.
Cependant, ce bruit de fond aggrave la perception négative de la loi confortant le respect des principes de la République (CRPR) par les musulmans. L’équilibre entre les préoccupations sécuritaires et la pédagogie bienveillante, à travers notamment le financement d’actions culturelles, que nous laissait entendre le discours présidentiel des Mureaux n’est pas atteint de l’avis de nombreux cadres musulmans. Les fidèles ne retiennent que l’aspect répressif, à savoir les fermetures de mosquées ou les expulsions d’imam. Ce sentiment d’insécurité culturelle sur lequel Saphirnews n’a pas manqué d’interroger le ministre de l’Intérieur fut probablement l’une des motivations essentielles à l’origine du plébiscite massif qu’ont offert les électeurs musulmans au candidat Jean-Luc Mélenchon lors du premier tour de la présidentielle 2022.
Conséquence d’un climat anxiogène envers les musulmans ? La banalisation de la haine antimusulmane peut revêtir les traits effrayants d’un dos d’âne. Les innombrables sorties de route comme celle de Jean-Claude Dassier jette le doute sur la loyauté des Français de confession musulmane. Sans parler des « Bataclans à l’envers », scandaleux et dangereux propos de l’écrivain Michel Houellebecq dont le talent littéraire qu’il met pour décrire le mal-être d’une « France blanche » et « périphérique » nous paraît pourtant important et salutaire.
Cependant, ce bruit de fond aggrave la perception négative de la loi confortant le respect des principes de la République (CRPR) par les musulmans. L’équilibre entre les préoccupations sécuritaires et la pédagogie bienveillante, à travers notamment le financement d’actions culturelles, que nous laissait entendre le discours présidentiel des Mureaux n’est pas atteint de l’avis de nombreux cadres musulmans. Les fidèles ne retiennent que l’aspect répressif, à savoir les fermetures de mosquées ou les expulsions d’imam. Ce sentiment d’insécurité culturelle sur lequel Saphirnews n’a pas manqué d’interroger le ministre de l’Intérieur fut probablement l’une des motivations essentielles à l’origine du plébiscite massif qu’ont offert les électeurs musulmans au candidat Jean-Luc Mélenchon lors du premier tour de la présidentielle 2022.
Une Eglise de France dangereusement affaiblie
© CC BY-NC-SA 2.0 / Christophe Mirande / Adagp, Paris, 2020
Quant aux Églises de France, qu’elles soient catholiques, protestantes ou orthodoxes, elles ont exprimé leurs craintes et méfiance envers la loi séparatisme au travers d’un recours devant le Conseil constitutionnel. Mais le catholicisme de France traverse une période de très grandes turbulences. Ses fidèles ne supportent plus la minimisation que fait son institution des crimes liés aux violences et abus sexuels au sein de l’Église. A peine remis des publications du CIASE faisant état de 330 000 victimes depuis les années 1950, le départ en juin 2020 de l’ancien évêque de Créteil, Msg Michel Santier, présenté comme liés principalement à des soucis de santé, cachait en réalité des affaires de mœurs, en outre des « strip-confessions » quand il fut prêtre dans les années 1990 comme le révèle l'hebdomadaire Famille Chrétienne en octobre 2022.
Cette indignation touche aussi bien les cathos de gauche que les conservateurs. La plateforme « Agir pour notre Église » avec son hashtag #SortonsLesPoubelles appelle haut et fort à une nécessaire transparence de l’épiscopat. La Conférence des évêques de France, qui s’est souvent dressée avec responsabilité contre les replis identitaires et les populismes d’extrême droite, se trouve aujourd’hui dangereusement affaiblie.
Les sentiments d’insécurité culturelle semblent cohabiter en France. Les habitants du périurbain en proie au sentiment de déclassement social sont, eux aussi, tentés par le repli sur soi. Gageons que 2023 pourra voir le déploiement de politiques publiques audacieuses favorisant la cohésion sociale et apaiser ainsi notre corps social souffrant. L’inflation, la hausse du coût des énergies, la réindustrialisation, le mal-logement, les retraites et la solidarité intergénérationnelle vont être les sujets de fond de 2023. Ils détermineront la hauteur de notre ambition nationale. Il suffit de voir le cinéma français pour s’apercevoir de la fragilité de cette ambition.
Cette indignation touche aussi bien les cathos de gauche que les conservateurs. La plateforme « Agir pour notre Église » avec son hashtag #SortonsLesPoubelles appelle haut et fort à une nécessaire transparence de l’épiscopat. La Conférence des évêques de France, qui s’est souvent dressée avec responsabilité contre les replis identitaires et les populismes d’extrême droite, se trouve aujourd’hui dangereusement affaiblie.
Les sentiments d’insécurité culturelle semblent cohabiter en France. Les habitants du périurbain en proie au sentiment de déclassement social sont, eux aussi, tentés par le repli sur soi. Gageons que 2023 pourra voir le déploiement de politiques publiques audacieuses favorisant la cohésion sociale et apaiser ainsi notre corps social souffrant. L’inflation, la hausse du coût des énergies, la réindustrialisation, le mal-logement, les retraites et la solidarité intergénérationnelle vont être les sujets de fond de 2023. Ils détermineront la hauteur de notre ambition nationale. Il suffit de voir le cinéma français pour s’apercevoir de la fragilité de cette ambition.
Suivre la voie d’une nouvelle ambition française
La malheureuse couverture du Film français intitulée « Reconquête » présentant des mâles blancs très uniformes nous laissait croire à une mauvaise blague. Quel décalage avec les publics ! Alors que précisément dans le cinéma et la culture en général, notre pays peut tirer son épingle du jeu. Des films comme Ouistreham, « Hawa » ou le novateur film immersif « L’Adrénaline » nous proposent des récits pluriels et authentiques d’une France s’interrogeant et s’adressant au monde sans cesser de le questionner aussi. Les deniers publics pourraient indiquer la voie d’une nouvelle ambition française.
Enfin, le retour de la guerre sur notre continent n’augure rien de bon. A moins de prendre en compte cette situation tragique pour créer les conditions d’une Europe plus forte et plus solidaire notamment sur les questions d’énergie, d’indépendance industrielle, de sécurité sans nous détourner de nos responsabilités envers l’environnement. Cette effroyable guerre que nous devons stopper par tous les moyens pourrait être l’occasion pour nous, citoyens, mais aussi les entreprises, les collectivités territoriales, l’État et ses différentes agences, d’adopter des comportements plus en adéquation avec la sobriété écologique.
La guerre en Ukraine a davantage marqué les divergences entre l’Est et l’Ouest de l’Europe. Mais au moment où la Croatie partage désormais la monnaie unique, il est certain que notre vieux continent n’a pas dit son dernier mot. Tout comme le peuple héritier d’une des plus anciennes civilisations, ces jeunes iraniennes et iraniens qui ont courageusement repris la parole contre le régime des mollahs. Fasse que 2023 exauce toutes les quêtes justes de liberté !
Lire aussi :
Une planète en souffrance, notre responsabilité collective engagée
Droit vers 2023 : islam de France, qu'en retenir de cette année 2022 ?
De l'urgence d'une politique de diversité et d'inclusion économique sous l'ère Macron II, l'appel
Nouvelle méthode présidentielle : entre la technocratie et le populisme, il existe une 3e voie, celle de l’intelligence collective
Enfin, le retour de la guerre sur notre continent n’augure rien de bon. A moins de prendre en compte cette situation tragique pour créer les conditions d’une Europe plus forte et plus solidaire notamment sur les questions d’énergie, d’indépendance industrielle, de sécurité sans nous détourner de nos responsabilités envers l’environnement. Cette effroyable guerre que nous devons stopper par tous les moyens pourrait être l’occasion pour nous, citoyens, mais aussi les entreprises, les collectivités territoriales, l’État et ses différentes agences, d’adopter des comportements plus en adéquation avec la sobriété écologique.
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