Sur le vif

5 000 clandestins tunisiens en cinq jours en Italie, la crise diplomatique assurée

Rédigé par La Rédaction | Lundi 14 Février 2011 à 14:39



Entre Tunis et Rome, rien ne va plus. En quelques jours, ce ne sont pas moins de 5 000 Tunisiens qui ont débarqué clandestinement sur l’île italienne de Lampedusa, à 138 km des côtes tunisiennes. Un mois après la chute de Ben Ali le 14 janvier, la situation économique est loin d'être revenue à la normale et les frontières sont devenues de véritables passoires. Les candidats tunisiens à l’exode sont plus nombreux à tenter l’aventure vers l’Europe.

L’Italie, qui a décrété dimanche 13 février l’état d’urgence humanitaire, a réclamé de l’aide et une intervention rapide à l’Union européenne, accusée de ne rien faire par le ministre italien de l'Intérieur, Roberto Maroni. Pour combattre l’immigration clandestine, ce dernier a même proposé aux autorités tunisiennes d’envoyer des policiers, provoquant la colère de Tunis.

« L'intention du gouvernement italien est d'offrir une aide à la police tunisienne en envoyant nos forces qui sont en mesure de contrôler les côtes, seule manière d'empêcher les départs d'immigrés clandestins. Aujourd'hui, il n'y a plus un système de sécurité en Tunisie et nous sommes disposés à donner un coup de main, à fournir des moyens, des vedettes, des 4X4 », a indiqué le ministre lundi 14 février.

Une offre que la Tunisie a rejeté, qui refuse « toute ingérence dans ses affaires intérieures », tout en se disant « prête à coopérer » avec les autres pays pour enrayer l'exode vers l'Europe de clandestins tunisiens. En parallèle, elle a lancé ce lundi une grande campagne publicitaire pour faire revenir les touristes français. « Enfin libre de bronzer » est d'ailleurs l'un des slogans phare de cette campagne.

De son côté, Eric Besson, ministre de l'Industrie, a prévenu qu'il n'y aurait pas de « tolérance pour l'immigration clandestine ». Il a notamment déconseillé aux clandestins de traverser la Méditerranée : « Ne faites pas cela. Ne le faites pas parce que vous mettez votre vie en danger et ne le faites pas parce que l'entrée en Europe, contrairement à ce que vous pensez, n'est pas automatique », a-t-il déclaré. Sa casquette d'ancien ministre de l’Immigration doit sans doute lui manquer.

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