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A Buffalo, les musulmans solidaires des victimes du massacre raciste

Rédigé par Lionel Lemonier | Mardi 24 Mai 2022 à 11:55

La communauté musulmane de Buffalo, voisine du supermarché dans lequel un individu a assassiné dix personnes majoritairement afro-américaines le 14 mai dernier, se mobilise pour apporter son soutien financier aux victimes.



A Buffalo, dans l'Etat de New-York, les musulmans ont rapidement réagi pour venir en aide aux victimes de la tuerie perpétrée par un suprémaciste blanc le 14 mai dans un supermarché implanté dans un quartier où vivait une majorité d'Afro-Américains. « Nous avons eu le cœur brisé en apprenant ce qui s’était passé. Nous assurons les familles des victimes de notre soutien et de notre amitié. Nous lançons une campagne pour récolter des fonds que nous verserons directement aux familles », expliquent les fidèles sur la plateforme LaunchGood, spécialisé dans les collectes de fonds.

« Nous nous sommes réunis, poursuit le texte d’appel, pour nous élever contre la violence et la haine qui se sont exprimées le 14 mai dernier. Nous prions pour toutes les victimes et pour les blessés et nous souhaitons apporter une aide concrète à leurs proches. Rejoignez-nous en partageant cet appel et en participant à l’effort financier. » Les sommes sont rassemblées par la Société musulmane de Buffalo et la mosquée Jami et serviront à financer les coûts des funérailles et les dépenses médicales. Le reste reviendra aux familles.

En date du mardi 24 mai, plus de 21 000 euros avaient déjà été rassemblés avec l'aide de quelque 500 donateurs. Il s'agit d'une cagnotte parmi de nombreuses autres qui ont été ouvertes dans la foulée de la tragédie. Plus de 1,4 millions d'euros ont par exemple été collectés par l'ONG Compassion via GoFundMe.. Les marques de solidarité envers les victimes sont en effet très nombreuses à travers les Etats-Unis.

« La suprématie blanche n'aura pas son dernier mot »

Payton Gendron, le tueur âgé de 18 ans, était lourdement armé, affublé d'un gilet pare-balle, d’un casque et d’une caméra pour diffuser son crime en direct sur Internet, à l'image de l'auteur des attentats de Christchurch, en Nouvelle-Zélande. Il s'est rendu à l'arrivée de la police. Auteur d'un manifeste raciste, il avait notamment appelé à l'assassinat du maire de Londres, Sadiq Khan, qui était selon lui une preuve du « grand remplacement » à l'œuvre en Occident.

Un rassemblement a été organisé mardi 17 mai non loin du lieu du drame pour honorer les dix victimes. Les participants étaient invités à chanter des gospels et à reprendre des slogans demandant des mesures pour mettre fin à de tels crimes. Joe Biden a participé à cette journée en se rendant au mémorial érigé non loin du supermarché. Face aux voix qui s’élèvent contre la vente libre des armes de guerre, il a fait allusion à la loi passée en 1994, alors qu'il était président de la commission judiciaire du Sénat. Cette loi, qui avait interdit les armes de guerre, avait une durée effective de dix ans mais n’a pas été renouvelée par les Républicains au pouvoir en 2004. « Ça va être très difficile (de refaire passer la loi). Mais je ne vais pas renoncer à essayer », a-t-il déclaré.

Le président américain a également appelé ses concitoyens à rejeter les thèses sur la supériorité des Blancs et la théorie du grand remplacement qui ont inspiré le tueur, promettant que « la suprématie blanche n'aura pas son dernier mot ».

Payton Gendron, actuellement en détention, a été initialement inculpé de meurtre au premier degré. D'autres charges pourraient être retenus contre lui ultérieurement par les autorités comme « crimes racistes motivés par la haine » et d'acte de « terrorisme intérieur ». Il risque une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle.

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