Religions

A Strasbourg, Ramadan Al Bouti défend le voile

Rédigé par Benbarek Hakim | Lundi 5 Janvier 2004 à 00:00

Le Cheikh Saïd Ramadan Al Bouti a défendu le port du foulard dans les pays non musulmans lors d’une série de conférences données à Strasbourg sur le thème de la famille. Autorité de référence en matière de droit islamique, l’avis du Cheikh Ramadan Al Bouti s’oppose à l’avis du Cheikh Tantawi de l’université d’Al Azhar en Egypte. En présence de M. Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur français, le Cheikh Tantawi avait déclaré que l’obligation coranique du port du foulard pouvait être levée pour les musulmanes en situation de minorité religieuse. Le Cheikh Ramadan Al Bouti a donné un avis contraire et il s’explique.



Le Cheikh Saïd Ramadan Al Bouti a défendu le port du foulard dans les pays non musulmans lors d’une série de conférences données à Strasbourg sur le thème de la famille. Autorité de référence en matière de droit islamique, l’avis du Cheikh Ramadan Al Bouti s’oppose à l’avis du Cheikh Tantawi de l’université d’Al Azhar en Egypte. En présence de M. Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur français, le Cheikh Tantawi avait déclaré que l’obligation coranique du port du foulard pouvait être levée pour les musulmanes en situation de minorité religieuse. Le Cheikh Ramadan Al Bouti a donné un avis contraire et il s’explique.

 

Le mariage est le pilier de la famille

Du vendredi 26 au lundi 29 décembre dernier, s’est tenue une série de conférences à la grande mosquée de Strasbourg. Mohamed Saïd Ramadan Al Bouti, professeur à la faculté de Chari’a (jurisprudence islamique) à l’université de Damas et auteur de nombreux ouvrages de référence sur la jurisprudence islamique était au nombre des intervenants.

 

On retiendra de cette rencontre la conférence du samedi 27 lors de laquelle le Cheikh Al Bouti s’est exprimé sur l’importance de la place de la famille dans la société dont le pilier central est le mariage. Seule relation durable, à ses yeux, pouvant permettre aux parents d’assumer pleinement leur responsabilité envers leurs enfants. Il a invité l’auditoire à redonner un sens sacré (taqdis) à la famille menacée de dislocation dans le contexte occidental actuel. Parlant couramment l’arabe, le turque, le kurde et l'anglais, le Cheikh a étayé son discours de nombreuses citations dont certaines furent puisées dans la presse américaine.

 

Habituellement mesuré et conciliant, le Cheikh Ramadan Al Bouti est aussi un homme de foi. Mais c’est en frappant du poing sur la table qu’il a insisté sur la nécessité de protéger la famille musulmane du danger du libertinage. Contre ce fléau social, le Cheikh n’a eu de cesse de préconiser le mariage. Il a expliqué comment la famille musulmane devient un espace de cheminement spirituel lorsqu’elle est mène une vie fondée sur la conviction (moultazimah) et guidée par la conscience (wa’iya).

 

C’est donc sans complaisance que le conférencier a accusé la politique d’hégémonie culturelle des pays riches. Une politique soutenue par une propagande dont le but est d’instaurer le modèle occidental sur toute la planète au nom de la liberté et du progrès social. De l’avis du Cheikh, la finalité inavouable de ce projet est l’aliénation de la famille musulmane afin de la mettre au même plan qu’une famille non musulmane à portée de la dislocation et de l’éclatement.

 

Les musulmans favorables à la loi sur le foulard sont des hypocrites (mounafiqoun)

Interrogé sur le sujet d’une loi interdisant le foulard à l’école française, le Cheikh Ramadan Al Bouti a surpris la salle en déclarant : « Pas d’obéissance à une créature en vue d’une désobéissance au Créateur ». Commentant ce principe comme valable en tout temps, le Cheikh a précisé qu’il devait être appliqué avec sagesse. « Bien sûr nous respectons les lois » dira-t-il. Néanmoins, de l’avis du Cheikh, la solution au problème de cette loi contre le foulard réside au sein de la communauté musulmane. Parce que ce sont les divergences et le flou volontaire des représentants de la communauté qui ont permis aux politiques de prendre une telle décision. Parlant des dirigeants de la communauté musulmane restés silencieux quand ils ne se sont pas prononcés ouvertement favorables à cette loi, le Cheikh les qualifiera du terme coranique de Mounafiqoun (hypocrites).

Plus que l’originalité de cette position partagée par des savants musulmans comme Youssef Al Qardawi, c’est la personnalité de Cheikh Ramadan Al Bouti qui lui donne tout son poids.  Agé de 74 ans, le Cheikh Ramadan est reconnu depuis de longues années sur le plan international, tant par ses écrits que par ses déclarations, comme une personnalité de référence aux propos et aux avis empreints de modération.