Points de vue

A l’Olympique de Marseille, Roberto De Zerbi en fédérateur

Rédigé par Gianguglielmo Lozato | Lundi 23 Décembre 2024 à 15:05



Roberto De Zerbi a tout pour inspirer confiance et admiration. Le nouveau coach de l’OM est LA révélation du tiers du championnat de France de football, et la victoire de l’équipe phocéenne, dimanche 22 décembre, contre Saint-Etienne (4-0) pour les 32e de finale de Coupe de France devrait en annoncer d’autres.

La saison 2024-2025 a commencé en août, avec toujours la sempiternelle rivalité entre Paris et Marseille. Alors que les révélations sont d’ordinaire plus à dénombrer du côté des jeunes footballeurs – chaque saison a son Kylian Mbappé ou son Bradley Barcola –, le nouvel entraîneur de Marseille a tout pour voler la vedette aux joueurs.

Des matchs et des victoires à domicile ou en déplacement. Des buts et du spectacle. La devise du club phare des Bouches-du-Rhône « Droit au but » est honorée pour le moment. Avec un schéma tactique fondé sur le passage du 3-4-3 à une sorte d’inhabituel 3-2-5, les codes ont été bouleversés. Curieusement, déléguer le capitanat au défenseur Leonardo Balerdi était de l’inconscience pour certains, mais cela pourrait stabiliser davantage la défense. Et le fait de libérer par intermittence Mason Greenwood lors des phases de construction des contre-attaques s’apparente à un coup de génie.

Dans l’ensemble, l’OM a impressionné mais connaît encore quelques freins. L’équipe marque des buts mais en encaisse. Et il faut gérer la rivalité avec le PSG. Pour l’instant, l’apprentissage est en cours, avec une défaite à domicile 0-3 face aux joueurs de la capitale en octobre, et un nul à domicile en décembre face à des courageux Lillois.

Pour le moment, Marseille est dauphin du PSG en championnat, juste devant un menaçant Monaco et un LOSC aux aguets. Un positionnement rejoint également au classement des buteurs, avec le joueur parisien Bradley Barcola se plaçant juste devant Mason Greenwood. Les footballeurs du « 13 » détiennent les capacités pour contester un leadership parisien de plusieurs années. Dans cette équipe que certains prédisaient vouée au rafistolage après le départ de Jonathan Clauss pour l’OGC Nice, ce n’est finalement pas du bricolage grossier mais de l’assemblage judicieux qui est en train de se mettre en place.

L’origine du phénomène

A l’origine de ce réveil, mentionnons donc Roberto De Zerbi. L’assembleur, c’est lui. Lui qui a tout fait pour insuffler un esprit mêlant professionnalisme et humanisme. Cette ouverture d’esprit lui a été transmise par le destin lors de son itinérance en tant que joueur en Italie et en Roumanie, puis en qualité d’entraîneur au travers de ses exploits à Sassuolo (Italie), au Chakhtar Donetsk (Ukraine) ainsi qu’à Brighton (Angleterre). Et d’assembleur il est passé à rassembleur tant la communication semble passer avec l’effectif dont il a la charge.

Roberto De Zerbi a pu chercher et réussi à se forger une culture footballistique variée tant sur le plan du jeu que sur celui du management. Les incursions de l’Anglais Mason Greenwood sur le front offensif sont là pour raviver la flamme d’un club dont la devise est « Droit au but ». L’évolution du rôle d’Adrien Rabiot en influenceur de l’entrejeu sert parfaitement de relai à son entraîneur à la personnalité affirmée, aux convictions basées sur une plus grande réactivité, contrairement à son confrère du PSG, Luis Enrique, qui se repose davantage sur une circulation prenant quelques accents barcelonais.

L’ancien pensionnaire du centre de formation du Milan AC a su s’adapter au public local tout en restant lui-même, avec l’humilité de celui qui observe. Plus que l’équipe de foot, la ville de Marseille est ce melting-pot capable de rendre un hommage vibrant au cosmopolitisme, surtout aux soirs de victoire. Roberto De Zerbi l’a compris, lui qui travaille désormais dans cette ville où se sont installés des Arméniens, des Espagnols, des Comoriens. Des Algériens aussi comme Djamel Belmadi, Karim Ziani, Zinedine Zidane. Et ne l’oublions pas, des Italiens comme lui, Mario Zatelli ou encore Fabrizio Ravanelli.

Une empreinte. Un style. De Zerbi, si on lui laisse temps et tranquillité, peut inverser la courbe du découragement s’enroulant en spirale autour des esprits marseillais depuis l’élimination en demi-finales de la Ligue Europa par Atalanta Bergame au printemps dernier. Un club de la Lombardie, voisine d’Emilie-Romagne où le coach a brillé en menant Sassuolo vers des sommets jamais atteints auparavant, jusqu’à révéler l’ailier droit international italien Domenico Berardi.

L’OM cette saison est pour le moment encore perfectible, mais il propose une animation et présente des résultats contribuant à le faire craindre par n’importe quel adversaire. La philosophie de zerbienne s’est installée. Si elle prend le temps de bien infuser jusqu’à la prochaine saison, alors l’équipe pourra surprendre plus d’une concurrente sur la scène continentale. La notoriété amplifiée de l’entraîneur transalpin pourrait aussi lui faire gagner l’exercice d’une fonction d’entraîneur d’équipe nationale. D’assembleur, notre cher Roberto pourrait passer au statut de fédérateur.

*****
Gianguglielmo Lozato est professeur d'italien et auteur de recherches universitaires sur le football italien en tant que phénomène de société.

Lire aussi :
Raphaël Varane, un défenseur qui assure ses arrières
Après Monaco et le PSG, l'avenir prometteur de Kylian Mbappé au Real Madrid
Pelé, hommage à un éternel champion : se montrer digne de son héritage
Don Diego Maradona et le royaume de Naples