En ce jour de fête des pères, j’écris pour saluer la mémoire de mon père biologique qui a rejoint l’autre monde le 20 juillet 2018, il y a quasiment quatre années de cela maintenant. D’emblée, je voudrais introduire mon propos en empruntant à l’Académicien Jean d’Ormesson une citation devenue célèbre, extraite de son discours de réception à l’Académie française le 6 Juin 1974, année de ma naissance :
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort : c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants et la transmission, à ceux qui ne sont pas encore, du nom, de la gloire, de la puissance et de l’allégresse de ceux qui ne sont plus, mais qui vivent à jamais dans l’esprit et dans le cœur de ceux qui se souviennent. »
Je voudrais aussi saluer la mémoire de mon grand-père maternel, en tant que petit-fils élevé chez lui comme un fils de substitution, ma mère ayant été rappelée à Dieu lors de ma naissance. Cela au lendemain de l’Appel du général de Gaulle, dit du 18 Juin 1940, auquel il était très attaché, lui qui disposait dans sa bibliothèque de ses Mémoires de Guerre. Lui qui, un jour, m’appela dans l’intimité de sa chambre pour me faire une déclaration expresse, m’annonça qu’il me léguerait certes quelque chose de matériel, mais qu’il me léguerait surtout un héritage spirituel consistant en la récitation d’un simple formule : « Seigneur, accorde-moi plus de savoir et accorde-moi une bonne compréhension. »
« Il y a quelque chose de plus fort que la mort : c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants et la transmission, à ceux qui ne sont pas encore, du nom, de la gloire, de la puissance et de l’allégresse de ceux qui ne sont plus, mais qui vivent à jamais dans l’esprit et dans le cœur de ceux qui se souviennent. »
Je voudrais aussi saluer la mémoire de mon grand-père maternel, en tant que petit-fils élevé chez lui comme un fils de substitution, ma mère ayant été rappelée à Dieu lors de ma naissance. Cela au lendemain de l’Appel du général de Gaulle, dit du 18 Juin 1940, auquel il était très attaché, lui qui disposait dans sa bibliothèque de ses Mémoires de Guerre. Lui qui, un jour, m’appela dans l’intimité de sa chambre pour me faire une déclaration expresse, m’annonça qu’il me léguerait certes quelque chose de matériel, mais qu’il me léguerait surtout un héritage spirituel consistant en la récitation d’un simple formule : « Seigneur, accorde-moi plus de savoir et accorde-moi une bonne compréhension. »
Un hommage à nos aïeux les migrants
En ce jour si particulier pour la Nation France, je repense à mes longues heures passées dans la compagnie passionnante de mon grand-père maternel adoptif, sur le perron de la maison de mon enfance, ou encore à ces moments à passer à dormir dans son dos sur son vieux lit en bois de tamarin, au rez-de-chaussée de la maison familiale. Je pense à la bienveillance dont il a fait preuve, doublée d’une formidable, inépuisable et immense générosité d’âme à mon égard.
En ce jour, je pense à ces migrants, mes arrière-grands-parents, qui ont nourri le « rêve français », en leurs cœurs, pour gagner des terres françaises plus accueillantes dans l’océan Indien que la mère patrie indienne à laquelle ils étaient pourtant tant attachés. Je pense au sacrifice qui fut le leur de tout quitter, de sortir de leur zone de confort, pour venir s’établir à La Réunion, partie de France en océan Indien, non sans être passés par l’île Maurice ou Madagascar au préalable, ce qui n’est pas sans me rappeler une version différente du « rêve français » des ancêtres de la plupart de mes ami(e)s hindou(e)s et tamoul(e)s.
En ce jour, je pense à ces migrants, mes arrière-grands-parents, qui ont nourri le « rêve français », en leurs cœurs, pour gagner des terres françaises plus accueillantes dans l’océan Indien que la mère patrie indienne à laquelle ils étaient pourtant tant attachés. Je pense au sacrifice qui fut le leur de tout quitter, de sortir de leur zone de confort, pour venir s’établir à La Réunion, partie de France en océan Indien, non sans être passés par l’île Maurice ou Madagascar au préalable, ce qui n’est pas sans me rappeler une version différente du « rêve français » des ancêtres de la plupart de mes ami(e)s hindou(e)s et tamoul(e)s.
Faire le lien avec nos défunts, c’est rester en contact avec des maillons d'une chaîne d’amour
Au lendemain du 18 juin, en ce jour de la fête des pères, je ne peux m’empêcher de penser à mes autres pères qui sont passés de vie à trépas : Tonton Sadek, Tonton Daoud et, plus récemment encore, Tonton Ismaël dit Papata, ces êtres sublimes et lumineux qui m’ont couvert d’affection et qui étaient, chacun, exemplaires dans la Voie qui fut la leur. Des visages qui me reviennent, des conversations qui les rappellent à nos souvenirs inaltérables, des scènes d’une extrême intensité émotionnelle, des échanges d’amabilités, des histoires racontées au fil de l’eau, des fous rires à n’en plus finir, qui font autant partie de mon héritage selon lequel « le lien précède le bien matériel ».
Faire le lien avec eux, c’est rester en contact avec des maillons de la chaîne d’amour inconditionnel qui se perd dans la nuit des temps certes, mais qui doit s’entretenir au jour le jour car, assurément, pour qu’une Nation soit forte, il faut que les familles qui la composent soient des familles rayonnantes de joie et pas uniquement de richesses à n’en savoir plus quoi faire.
Notre noblesse ne réside pas dans ce que nous possédons, mais dans ce que nous sommes face à la vie, face aux circonstances, face aux aléas, face aux vicissitudes du quotidien, face au mépris, face aux dénis, face à la condescendance, face aux fourberies. Rester droit et tenir bon pour toujours faire société.
*****
Youssouf Omarjee est membre fondateur du collectif Musulmans engagés pour le respect et la concorde par l'inclusion dans l'île de La Réunion (Merci 974).
Lire aussi :
La paternité dans le judaïsme, le christianisme et l'islam, explorée par Isabelle Lévy
Faire le lien avec eux, c’est rester en contact avec des maillons de la chaîne d’amour inconditionnel qui se perd dans la nuit des temps certes, mais qui doit s’entretenir au jour le jour car, assurément, pour qu’une Nation soit forte, il faut que les familles qui la composent soient des familles rayonnantes de joie et pas uniquement de richesses à n’en savoir plus quoi faire.
Notre noblesse ne réside pas dans ce que nous possédons, mais dans ce que nous sommes face à la vie, face aux circonstances, face aux aléas, face aux vicissitudes du quotidien, face au mépris, face aux dénis, face à la condescendance, face aux fourberies. Rester droit et tenir bon pour toujours faire société.
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Youssouf Omarjee est membre fondateur du collectif Musulmans engagés pour le respect et la concorde par l'inclusion dans l'île de La Réunion (Merci 974).
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