Il n'y a légalement qu'une seule source d'autorité
Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a ordonné mercredi soir à ses services de sécurité de s'opposer au déploiement sans précédent d'une force de sécurité du mouvement Hamas à Gaza. "Le président Abbas a ordonné aux membres de tous les services de sécurité de se déployer le plus rapidement possible dans les villes palestiniennes pour y rétablir l'ordre et assurer la sécurité", a indiqué un responsable palestinien sous couvert de l'anonymat. "M. Abbas a aussi demandé aux membres des services de sécurité de refuser des ordres qui ne procèderaient pas de son autorité. Il n'y a légalement qu'une seule source d'autorité sur les services de sécurité et elle appartient à M. Abbas", a-t-il ajouté. Il a donné ces directives alors qu'une nouvelle force de sécurité controversée, contrôlée par le cabinet du Hamas, s'est déployée pour la première fois dans les rues de la bande de Gaza.
La force de sécurité est opérationnelle
Le ministre de l'Intérieur Saïd Siam a annoncé que la nouvelle force, dominée par des activistes du Hamas et forte de 3.000 hommes, était "opérationnelle". "Aujourd'hui, nous annonçons que cette force de sécurité créée pour assurer la sécurité des Palestiniens est opérationnelle", a dit M. Siam, précisant qu'elle faisait partie intégrante de la police. "La force d'appui à la police n'est pas un nouvel organe (...). Elle fera partie de la police mais sera sous mes ordres directs", a cependant souligné M. Siam. "La faiblesse actuelle des forces de sécurité est claire pour tout le monde. Il y a des vols, des meurtres et des enlèvements, c'est pourquoi il y a un besoin réel d'une telle force", a-t-il dit. Selon des témoins, des centaines de ses membres, pour la plupart appartenant à des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont commencé mercredi en début d'après-midi à se déployer dans les rues des villes de la bande de Gaza.
Rivalité croissante
M. Siam avait annoncé le 20 avril la mise sur pied de cette force pour faire face au chaos dans les territoires palestiniens, dans un climat de rivalité croissante entre le cabinet du Hamas et M. Abbas autour du contrôle des services de sécurité, placés sous l'autorité de ce dernier. M. Abbas avait immédiatement rejeté sa création, qualifiant cette décision d'anticonstitutionnelle. Dans des déclarations à Strasbourg, où il était intervenu mardi devant le Parlement européen, M. Abbas a affirmé "ne pas savoir" si la force constituait une nouvelle force de sécurité à part entière. Mais "nous sommes convenus (avec le gouvernement) d'intégrer un certain nombre d'éléments des différents mouvements au sein des services de sécurité et le ministre de l'Intérieur peut par conséquent en intégrer un nombre raisonnable", a-t-il ajouté. Selon le porte-parole du Fatah, Tawfic Abou Khossa, la décision de M. Siam constitue "une dangereuse escalade vers la division". Il a ajouté que cette force était "en partie à la base du problème, et non de la solution". Aucun membre du Fatah n'y participera et seuls les Comités de la résistance populaire ont accepté de rejoindre ses rangs, a-t-il encore dit.