Il a marqué de son empreinte le paysage religieux italien. Abd al-Wahid Pallavicini est décédé dimanche 12 novembre à Milan à l’âge de 91 ans, apprend-t-on par ses proches mercredi 15 novembre. Une prière funéraire est organisée vendredi 17 novembre dans la mosquée milanaise Al-Wahid, siège de la Communauté religieuse islamique italienne (COREIS) que le très respecté cheikh a crée 24 ans plus tôt. Qui fut-il ?
Abd al-Wahid (en arabe, le serviteur de l’Unique), né Felice Pallavicini en 1926 à Milan, grandit dans une ancienne et noble famille lombarde catholique. La présence musulmane en Italie était alors très faible. Sa quête spirituelle le mène à voyager dans les pays à majorité musulmane, notamment au Maroc où il finit par choisir l’islam pour religion.
« Sa conversion à l’islam dans les mains de Titus Ibrahim Burckhardt eut lieu le 7 janvier 1951, tandis que s’éteignait au Caire le métaphysicien René Guénon », rappelle l’Institut des hautes études islamiques (IHEI), fondé en 1994 par Abd al-Wahid Pallavicini et aujourd’hui présidé par son fils Yahya.
« Sa conversion à l’islam dans les mains de Titus Ibrahim Burckhardt eut lieu le 7 janvier 1951, tandis que s’éteignait au Caire le métaphysicien René Guénon », rappelle l’Institut des hautes études islamiques (IHEI), fondé en 1994 par Abd al-Wahid Pallavicini et aujourd’hui présidé par son fils Yahya.
Un fervent disciple de René Guénon
Titus Ibrahim Burckhardt, un Suisse allemand né à Florence en 1908, consacra sa vie à l'étude de l'art traditionnel et sacré après sa conversion à l’islam dans les années 1930. Mort en 1984, il s’inscrivit dans la même tradition soufie que René Guénon, homme qu’Abd al-Wahid Pallavicini considéra comme son « guide spirituel ». Son admiration pour le métaphysicien, aussi appelé Abd al Wâhid Yahya, le poussa d’ailleurs à adopter le même nom que lui malgré qu'il n'ait jamais eu l'occasion de le rencontrer dans cette vie.
Après un voyage à Singapour, où il reçut l'autorisation de conduire une branche autonome de la confrérie Ahmadiyyah Idrisiyyah Shadhiliyyah - d’inspiration guénonienne - en Europe, Abd al-Wahid Pallavicini, honorée du titre de cheikh (ou shaykh), fonda dans les années 1980 en Italie et en France une communauté de musulmans rattachée au soufisme traditionnel. « Ses témoignages pour un œcuménisme "au sommet" font écho aux enseignements des maîtres spirituels musulmans qui renouvellent dans l’humanité le souvenir de Dieu », indique l'IHEI.
Après un voyage à Singapour, où il reçut l'autorisation de conduire une branche autonome de la confrérie Ahmadiyyah Idrisiyyah Shadhiliyyah - d’inspiration guénonienne - en Europe, Abd al-Wahid Pallavicini, honorée du titre de cheikh (ou shaykh), fonda dans les années 1980 en Italie et en France une communauté de musulmans rattachée au soufisme traditionnel. « Ses témoignages pour un œcuménisme "au sommet" font écho aux enseignements des maîtres spirituels musulmans qui renouvellent dans l’humanité le souvenir de Dieu », indique l'IHEI.
Un pionnier du dialogue interreligieux
En 1986, Abd al-Wahid Pallavicini est désigné par les administrateurs de la mosquée de Rome comme leur représentant officiel auprès du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. C'est la même année qu'il participe à la rencontre historique des religions pour la paix à Assise en 1986, initiée par le pape Jean-Paul II.
Passant son temps entre Rome et Milan, cet infatigable promoteur du dialogue interreligieux a depuis participé à des centaines de conférences et de rencontres à travers le monde avec de hauts responsables des religions abrahamiques.
En véritable disciple de René Guénon, il créa en 1990 le Centre d’études métaphysiques à Milan, qui rassemble chrétiens et musulmans afin de « contribuer à faire retrouver le sens originel des valeurs traditionnelles ». Le Centre vise à promouvoir « le langage métaphysique », source d’échanges interreligieux « privilégiés » qui évitent « un mélange de rites en un syncrétisme nivelant », selon la revue Politica Hermetica parue en 2002 pour le 50e anniversaire de la mort du métaphysicien. « L’approfondissement des aspects fondamentaux des diverses Traditions orthodoxes permet de réaliser un véritable œcuménisme "par en haut", et non une simple comparaison des théologies », lit-on.
En 2007, Abd al-Wahid Pallavicini lança à Milan l'Académie des études interreligieuses (ISA), un institut de formation permettant au grand public d'approfondir leurs connaissances sur les trois grands monothéismes.
Passant son temps entre Rome et Milan, cet infatigable promoteur du dialogue interreligieux a depuis participé à des centaines de conférences et de rencontres à travers le monde avec de hauts responsables des religions abrahamiques.
En véritable disciple de René Guénon, il créa en 1990 le Centre d’études métaphysiques à Milan, qui rassemble chrétiens et musulmans afin de « contribuer à faire retrouver le sens originel des valeurs traditionnelles ». Le Centre vise à promouvoir « le langage métaphysique », source d’échanges interreligieux « privilégiés » qui évitent « un mélange de rites en un syncrétisme nivelant », selon la revue Politica Hermetica parue en 2002 pour le 50e anniversaire de la mort du métaphysicien. « L’approfondissement des aspects fondamentaux des diverses Traditions orthodoxes permet de réaliser un véritable œcuménisme "par en haut", et non une simple comparaison des théologies », lit-on.
En 2007, Abd al-Wahid Pallavicini lança à Milan l'Académie des études interreligieuses (ISA), un institut de formation permettant au grand public d'approfondir leurs connaissances sur les trois grands monothéismes.
Yahya Pallavicini
Sa contribution essentielle à la construction d’un islam européen
Abd al-Wahid Pallavicini, auteur en 1991 de « L'islam intérieur – Message d'un maître soufi » est surtout connu pour avoir lancé en 1993 l’Association italienne pour l’information sur l’islam, devenue en 1997 la Communauté religieuse islamique italienne (COREIS). Celle-ci, qui fédère dès le départ une majorité d'Italiens convertis à l’islam, jette ainsi les bases d’un islam italien et même européen.
L’islam ne figure pas, aujourd'hui encore, parmi les religions officiellement reconnues en Italie mais la COREIS est devenu un interlocuteur incontournable de l’Etat et de ses institutions s’agissant du culte musulman, du fait de son importance dans le paysage religieux italien.
La structure a ainsi signé en avril 2017, avec d’autres associations musulmanes, un « pacte » avec le gouvernement visant à assurer de meilleures conditions de pratique de l’islam dans le pays en contrepartie d’un engagement des cadres religieux à, entre autres, appuyer la lutte contre l’extrémisme. « Une étape historique pour la formation d'un islam italien » à laquelle Abd al-Wahid Pallavicini a contribué, toujours aux côtés de son fils Yahya, vice-président de la COREIS.
Son héritage spirituel est désormais entre les mains de ce dernier. A 52 ans, l’imam de la mosquée Al-Wahid suit avec ferveur le chemin emprunté par son père dans le dialogue interreligieux.
Lire aussi :
Abd-al-Wahid Pallavicini : « La reconnaissance réciproque des religions est plus que jamais nécessaire »
Le monothéisme abrahamique contre le terrorisme
Chrétiens et musulmans participent à la civilisation des héritiers des prophètes
L'islam intérieur – Message d'un maître soufi
L’islam ne figure pas, aujourd'hui encore, parmi les religions officiellement reconnues en Italie mais la COREIS est devenu un interlocuteur incontournable de l’Etat et de ses institutions s’agissant du culte musulman, du fait de son importance dans le paysage religieux italien.
La structure a ainsi signé en avril 2017, avec d’autres associations musulmanes, un « pacte » avec le gouvernement visant à assurer de meilleures conditions de pratique de l’islam dans le pays en contrepartie d’un engagement des cadres religieux à, entre autres, appuyer la lutte contre l’extrémisme. « Une étape historique pour la formation d'un islam italien » à laquelle Abd al-Wahid Pallavicini a contribué, toujours aux côtés de son fils Yahya, vice-président de la COREIS.
Son héritage spirituel est désormais entre les mains de ce dernier. A 52 ans, l’imam de la mosquée Al-Wahid suit avec ferveur le chemin emprunté par son père dans le dialogue interreligieux.
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