Abd el Hafid Benchouk est président de l’association Adab, représentant de la voie soufie Naqshbandi en France et délégué de la Fraternité islamique des artisans de paix.
Les attentats terribles qui ont secoué la France en 2015 provoquent un double écho de douleur en nous. Le premier, comme pour tous nos concitoyens, est celui que provoque la mort atroce d’innocents, quels qu’ils soient, partout dans le monde. Je ne m’étendrais pas sur cet aspect, risquant de redire ce que beaucoup d’entre nous ont déjà dit.
Le deuxième élan de douleur est dû au fait que ces horreurs se font au nom d’un idéal qui est le nôtre et que, par la même, cet idéal est foulé au pied, trahi, roulé dans la boue. Des actes machiavéliques, tellement « bien » ciblés pour produire les effets qu’ils cherchent à produire : aller encore un peu plus loin dans un climat qui fait du voisin un ennemi du voisin, le frère un ennemi du frère, le père du fils, le collègue du collègue...
Évidemment, l’idée même de vengeance était complètement étrangère au Prophète comme elle l’était de l’ensemble des prophètes qui ont porté en eux le verbe divin – paix et salut sur eux tous. Évidemment, ces atrocités sont un affront des milliers de fois plus important à sa sainteté que le sont les malheureux dessins de Charlie Hebdo, pour ne parler que des attentats du début d’année. Le Prophète de l’islam a vécu des épreuves bien plus dures, de son vivant, en pardonnant toujours à ses agresseurs : « Tu n’as été envoyé que comme une miséricorde universelle », dit le Coran.
Le deuxième élan de douleur est dû au fait que ces horreurs se font au nom d’un idéal qui est le nôtre et que, par la même, cet idéal est foulé au pied, trahi, roulé dans la boue. Des actes machiavéliques, tellement « bien » ciblés pour produire les effets qu’ils cherchent à produire : aller encore un peu plus loin dans un climat qui fait du voisin un ennemi du voisin, le frère un ennemi du frère, le père du fils, le collègue du collègue...
Évidemment, l’idée même de vengeance était complètement étrangère au Prophète comme elle l’était de l’ensemble des prophètes qui ont porté en eux le verbe divin – paix et salut sur eux tous. Évidemment, ces atrocités sont un affront des milliers de fois plus important à sa sainteté que le sont les malheureux dessins de Charlie Hebdo, pour ne parler que des attentats du début d’année. Le Prophète de l’islam a vécu des épreuves bien plus dures, de son vivant, en pardonnant toujours à ses agresseurs : « Tu n’as été envoyé que comme une miséricorde universelle », dit le Coran.
Sursaut de pédagogie
Au-delà de cette double douleur qui nous habite, un message d’espoir peut être entendu : ces évènements peuvent être une amorce poussant chacun d’entre nous à faire un pas vers l’autre.
Pour nous, musulmans, ils sont l’occasion d’un sursaut de pédagogie, en affirmant tout d’abord en nous-mêmes que l’intégrisme et la violence sont les véritables ennemis de l’islam. Dans ce cadre, pour tous ceux ayant une quête spirituelle, il est urgent de donner accès à un islam qui donne du sens à nos vies, et non pas un simple code de conduite, fondé sur une somme d’interdits et d’obligations.
Pour nous, musulmans, ils sont l’occasion d’un sursaut de pédagogie, en affirmant tout d’abord en nous-mêmes que l’intégrisme et la violence sont les véritables ennemis de l’islam. Dans ce cadre, pour tous ceux ayant une quête spirituelle, il est urgent de donner accès à un islam qui donne du sens à nos vies, et non pas un simple code de conduite, fondé sur une somme d’interdits et d’obligations.
Construire des ponts
À l’égard de nos concitoyens d’autres confessions (croyants ou non), nous devons dépasser les messages incantatoires sur la paix et la miséricorde, et incarner véritablement ce que nous disons. Le Prophète lui-même accueillait tout le monde. Nous devons, nous aussi, multiplier les occasions de rencontres, en ouvrant véritablement nos mosquées à tous, en nous impliquant dans le dialogue interreligieux, en construisant des ponts là où d’autres creusent des fossés.
J’entendais récemment le témoignage d’une personne ayant visité la mosquée du Havre et déclarant avoir appris beaucoup par ces rencontres, notamment que le Coran parlait de Jésus et de Marie – la paix soit sur eux. Cela constitue un véritable message d’espoir.
J’entendais récemment le témoignage d’une personne ayant visité la mosquée du Havre et déclarant avoir appris beaucoup par ces rencontres, notamment que le Coran parlait de Jésus et de Marie – la paix soit sur eux. Cela constitue un véritable message d’espoir.
Un double aveuglement
Le monde moderne est confronté à un double aveuglement : aveuglement matérialiste, d’un côté, et aveuglement prétendument religieux, de l’autre. Deux facettes d’un même mal privant nos contemporains du sens réel de la vie.
Aussi est-il urgent que l’humanité renoue avec ce qui fait son humanité, son honneur, c’est-à-dire sa spiritualité au sens large, celle qui donne du sens à notre existence. Cet honneur qui est celui d’être éligible à connaitre le véritable Amour.
Aussi est-il urgent que l’humanité renoue avec ce qui fait son humanité, son honneur, c’est-à-dire sa spiritualité au sens large, celle qui donne du sens à notre existence. Cet honneur qui est celui d’être éligible à connaitre le véritable Amour.
Passer d’un rapport de domination à un rapport de compréhension
Pour cela, il est urgent de redonner des moyens et une certaine hauteur de vue à l’éducation, pour permettre à chacun d’entre nous de ne plus être la proie des manipulations faciles.
Cette éducation doit aider la majorité d’entre nous, de toutes confessions confondues, à sortir de l’ignorance dans laquelle participent à nous plonger le consumérisme et l’utilitarisme. Une éducation qui nous aide à changer notre regard sur le monde, pour passer d’un rapport de possession et de domination à un rapport de compréhension profonde et d’Amour.
C’est ni plus ni moins l’objectif que se sont fixés les grands maîtres soufis à travers les âges, suivant en cela l’excellent exemple du Bien-Aimé : permettre à chacun, selon ses capacités personnelles et le chemin de vie qui lui est propre, de réaliser la part de lumière présente en lui.
Cette éducation doit aider la majorité d’entre nous, de toutes confessions confondues, à sortir de l’ignorance dans laquelle participent à nous plonger le consumérisme et l’utilitarisme. Une éducation qui nous aide à changer notre regard sur le monde, pour passer d’un rapport de possession et de domination à un rapport de compréhension profonde et d’Amour.
C’est ni plus ni moins l’objectif que se sont fixés les grands maîtres soufis à travers les âges, suivant en cela l’excellent exemple du Bien-Aimé : permettre à chacun, selon ses capacités personnelles et le chemin de vie qui lui est propre, de réaliser la part de lumière présente en lui.