« La mobilisation reste forte et les soutiens sont toujours là », exprime avec satisfaction Hawa Traoré. La sœur jumelle d’Adama Traoré, mort le 19 juillet 2016 après une interpellation par des gendarmes à Persan (Val d’Oise), a fait le déplacement depuis Valence pour retrouver sa famille samedi 22 juillet.
Durant un an, elle dit avoir principalement ressenti « un vide ». « Ma moitié est partie, je vis depuis avec un gros manque », explique-t-elle. Malgré tout , elle dit retenir l’union de sa famille après la tragédie : « Si l’un flanche, l’autre le relève. Notre famille est un peu éparpillée en France, toutes ces épreuves nous ont ressoudés. On continue le combat et ça paye vu que de nouveaux éléments sortent. »
Durant un an, elle dit avoir principalement ressenti « un vide ». « Ma moitié est partie, je vis depuis avec un gros manque », explique-t-elle. Malgré tout , elle dit retenir l’union de sa famille après la tragédie : « Si l’un flanche, l’autre le relève. Notre famille est un peu éparpillée en France, toutes ces épreuves nous ont ressoudés. On continue le combat et ça paye vu que de nouveaux éléments sortent. »
Un cortège sans visibilité des gendarmes
Quelques jours après de nouvelles révélations autour de l'affaire Adama Traoré, entre 1 500 et 2 000 personnes étaient présentes pour la marche en mémoire du jeune homme, qui aurait fêté ses 25 ans le 19 juillet. Le cortège a pris point de départ la maire de Persan, ville voisine où s’est fait interpeller le jeune homme. Assa Traoré, la grande sœur, devenue porte-voix de la famille, dirige les opérations et commente le parcours.
Contrairement aux usages, la marche n’est pas escortée par les forces de l'ordre, par souhait de la famille et du collectif Vérité et Justice pour Adama qui les voulaient les plus discrets possibles. Un drone va suivre la manifestation ; certains marcheurs, convaincus que l’engin est là pour les surveiller, assènent des « Assassin ! Assassin ! ». Après moult négociations, le comité a obtenu l’autorisation de faire passer la marche devant la gendarmerie de Persan.
Depuis plusieurs jours, les habitants de Boyenval, la cité d’Adama, se plaignent d’une présence massive des gendarmes, de perquisitions, gardes à vue et autres intimidations en lien avec l’événement. Les participants ont rendu hommage au défunt en écoutant la lecture de la sourate Al-Fatiha, celle qui ouvre le Coran. Le cortège s’est également arrêté devant un immeuble. « Voilà l’appartement où est mort Adama. C’est ici qu’on lui a pris la vie. C’est ici qu’ils ont décidé qu’Adama n’allait pas vivre », commente alors Assa Traoré.
Contrairement aux usages, la marche n’est pas escortée par les forces de l'ordre, par souhait de la famille et du collectif Vérité et Justice pour Adama qui les voulaient les plus discrets possibles. Un drone va suivre la manifestation ; certains marcheurs, convaincus que l’engin est là pour les surveiller, assènent des « Assassin ! Assassin ! ». Après moult négociations, le comité a obtenu l’autorisation de faire passer la marche devant la gendarmerie de Persan.
Depuis plusieurs jours, les habitants de Boyenval, la cité d’Adama, se plaignent d’une présence massive des gendarmes, de perquisitions, gardes à vue et autres intimidations en lien avec l’événement. Les participants ont rendu hommage au défunt en écoutant la lecture de la sourate Al-Fatiha, celle qui ouvre le Coran. Le cortège s’est également arrêté devant un immeuble. « Voilà l’appartement où est mort Adama. C’est ici qu’on lui a pris la vie. C’est ici qu’ils ont décidé qu’Adama n’allait pas vivre », commente alors Assa Traoré.
La marche se conclut à Boyenval, sur le terrain de foot au centre de la cité où des tables, des chaises, des espaces de jeu et un forum ont été mis en place. Une distribution de repas et boissons est prévue. Sur l’estrade, une reconstitution de l’intervention policière est jouée afin de permettre au public de visualiser les conditions dans lesquelles Adama Traoré est mort.
Une scène difficilement soutenable mais nécessaire aux yeux de Ramata Dieng, dont le frère Lamine est décédé dix ans auparavant, dans une situation similaire. « C’est une torture pour moi, lorsque j’ai appris la mort d’Adama il y a un an. J’ai revu celle de mon frère. C’est comme si c’était un membre de ma famille que je perdais à nouveau », nous raconte-t-elle émue.
Une scène difficilement soutenable mais nécessaire aux yeux de Ramata Dieng, dont le frère Lamine est décédé dix ans auparavant, dans une situation similaire. « C’est une torture pour moi, lorsque j’ai appris la mort d’Adama il y a un an. J’ai revu celle de mon frère. C’est comme si c’était un membre de ma famille que je perdais à nouveau », nous raconte-t-elle émue.
Avec d’autres familles, « ma détermination ne peut être que renforcée »
La porte-parole du collectif Vies Volées pense que « les mots ne suffisent pas, il faut des images pour que les gens comprennent et mesurent la réalité de la violence que subissent les victimes ». Ramata Dieng préconise de limiter les interventions policières dans les quartiers, la mise en place de médiations de proximité et une plus grande vigilance des citoyens quant au respect des droits des personnes lors des interpellations. « Ma détermination ne peut être que renforcée quand je passe des journées comme celle-ci avec d’autres familles », conclut-elle.
Plusieurs collectifs de lutte contre les violences policières ont fait le déplacement à Persan-Beaumont. Des familles de victimes ont tenu à afficher leur soutien. Outre la famille Dieng, étaient représentées celles de Curtis, mort dans une course-poursuite avec la police. Un des frères de Bouna Traoré, tué dans un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois, était là. On a pu noter la présence de Théo Luhaka, dont l’agression par la police à Aulnay-sous-Bois en février dernier a choqué l’opinion publique. Les familles ont eu accès à la tribune pour exposer leur situation.
Plusieurs collectifs de lutte contre les violences policières ont fait le déplacement à Persan-Beaumont. Des familles de victimes ont tenu à afficher leur soutien. Outre la famille Dieng, étaient représentées celles de Curtis, mort dans une course-poursuite avec la police. Un des frères de Bouna Traoré, tué dans un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois, était là. On a pu noter la présence de Théo Luhaka, dont l’agression par la police à Aulnay-sous-Bois en février dernier a choqué l’opinion publique. Les familles ont eu accès à la tribune pour exposer leur situation.
La nouvelle députée Danièle Obono, vêtue de son écharpe tricolore, s’est jointe à l’événement en compagnie d’une petite cohorte de militants de la France Insoumise. « Les éléments du dossier pointent un certain nombre de responsabilités réelles dans la mort de ce jeune homme. Il faut que les procédures judiciaires aillent jusqu’à leur terme sans obstruction, immunité ou protection pour quiconque », pointe l’élue parisienne.
Elle rappelle que les rapports et interpellations de la France par des ONG concernant les violences policières ne manquent pas. Elle juge que cela devrait « susciter plus de réactions que ce n’est le cas aujourd’hui surtout de la part du pouvoir actuel ». Danièle Obono annonce que le groupe de la France Insoumise à l’Assemblée nationale va travailler sur une nouvelle proposition de loi visant l’instauration d’un récépissé de contrôle d’identité ainsi qu’une remise en cause des armes et pratiques d’immobilisation exercées par les forces de l’ordre.
En retrait, le rappeur Mokobé tente de se faire discret mais est repéré par quelques fans qui prennent quelques selfies avec lui. Artiste engagé, le membre du 113 était déjà là, il y a un an, lors de la première grande manifestation en hommage à Adama Traoré à Beaumont-sur-Oise. « On demande à ce que justice soit faite afin que la famille puisse faire le deuil dignement. Qu’on nous dise la vérité au lieu de faire passer Adama pour un délinquant », explique-t-il avec gravité. « C’est notre devoir d’être là », insiste le rappeur, qui juge cependant qu’il faudrait davantage de monde à ces rassemblements, notamment des artistes et autres personnalités influentes.
Elle rappelle que les rapports et interpellations de la France par des ONG concernant les violences policières ne manquent pas. Elle juge que cela devrait « susciter plus de réactions que ce n’est le cas aujourd’hui surtout de la part du pouvoir actuel ». Danièle Obono annonce que le groupe de la France Insoumise à l’Assemblée nationale va travailler sur une nouvelle proposition de loi visant l’instauration d’un récépissé de contrôle d’identité ainsi qu’une remise en cause des armes et pratiques d’immobilisation exercées par les forces de l’ordre.
En retrait, le rappeur Mokobé tente de se faire discret mais est repéré par quelques fans qui prennent quelques selfies avec lui. Artiste engagé, le membre du 113 était déjà là, il y a un an, lors de la première grande manifestation en hommage à Adama Traoré à Beaumont-sur-Oise. « On demande à ce que justice soit faite afin que la famille puisse faire le deuil dignement. Qu’on nous dise la vérité au lieu de faire passer Adama pour un délinquant », explique-t-il avec gravité. « C’est notre devoir d’être là », insiste le rappeur, qui juge cependant qu’il faudrait davantage de monde à ces rassemblements, notamment des artistes et autres personnalités influentes.
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