Trois jours après une agression relevant, en apparence, de l’antisémitisme dans le RER parisien, la police continue de chercher. Les enquêteurs chargés de l’affaire ont des doutes. Aucun témoin ne s'est manifesté. Le personnel SNCF à qui la victime affirme être allée dénoncer l'agression ne se souvient pas de l'affaire. L'analyse des bandes de la vidéosurveillance de la gare où les 6 agresseurs seraient descendus, en courant, n'a rien donné. Et un homme affirme avoir vu la victime monter dans le train en pleurs et le pantalon déjà déchiré. Alors comment et qui lui a déchiré ses vêtements et dessiné des croix gammées sur le ventre ? Le mystère reste pour l'instant entier…
Rappel des circonstances
La jeune femme aurait été agressée vendredi parce qu'on la croyait juive. Elle voyageait accompagnée de son bébé de 13 mois. Elle affirme avoir été mal menée par '6 jeunes d'origine maghrébine et africaine.'
Elle a indiqué être montée vendredi dernier vers 9 h 30 dans le RER D en gare de Louvres (Val-d'Oise) avec sa petite fille âgée de treize mois. Selon ses déclarations ses agresseurs, dont trois armés de poignards, l'ont bousculée et ont volé son sac. En voyant sur une pièce d'identité une adresse dans le XVIe arrondissement de Paris, l'un des garçons lui aurait lancé : 'Dans le XVIe, il y a que des feujs.'
Dès lors, persuadés qu'elle était juive, ils lui auraient tailladé les cheveux, lacéré jean et T-shirt, lui griffant la peau de leurs lames. Ils auraient dessiné, au marqueur noir, trois croix gammées sur son ventre.
A la gare de Sarcelles, quinze minutes plus tard, les agresseurs auraient quitté la rame en emportant le sac de la victime et en renversant la poussette avec le bébé.
La véracité des événements est sérieusement remise en question
Trois jours sont déjà passés et les enquêteurs n’ont toujours pas trouvé de témoins malgré un appel national. 'Personne' ne s'était manifesté jusqu'à hier soir auprès des services de police et 'aucun élément visible' n'avait été remarqué sur les enregistrements de vidéosurveillance.
L'absence cruelle de témoins de la scène du train et le 'blanc' sur les images filmées par les caméras braquées sur ce quai alimentent le doute de la véracité des faits. 'Une fois, on trouve un élément qui nous fait douter. Après, un autre la rend plausible. Tant qu'on ne trouvera pas un témoin du RER, on n'aura pas de certitude', souligne un patron de police judiciaire. Hier soir, le syndicat de police Synergie a évoqué les 'contradictions' et le manque 'd'éléments probants' dans le témoignage de la jeune femme.
Un homme de 28 ans, cité par l'AFP, a affirmé avoir vu la jeune femme, le pantalon déchiré, sur le quai de la gare de Louvres, où elle dit être montée dans le train avant l'agression : 'Elle pleurait, je lui ai demandé si elle voulait de l'aide. Elle a refusé.'
Par ailleurs, LCI a affirmé que la mère de la jeune femme, entendue par les enquêteurs, a 'mis en cause la santé mentale de sa fille.'
Ces derniers s'attachent à analyser les appels qu'elle a passés, à questionner ses proches sur sa personnalité et à éplucher les dossiers des 'cinq à six plaintes pour vol ou agression' qu'elle a déposées depuis plusieurs années.
De nombreux agents de la police ferroviaire ainsi que des patrouilles de la police nationale et de la gendarmerie ont circulé sur la ligne D pour interroger les passagers à l'heure de l'agression, sans trouver de résultats.
La durée de l'incident, un quart d'heure, ajoute à la perplexité d'un responsable policier : 'Les voyous seront toujours les voyous. On ne peut jamais savoir ce qui se passe dans leurs têtes. Mais je vois mal comment une agression peut durer aussi longtemps sans susciter de réaction.'
Une manifestation contre l'antisémitisme a eu lieu hier après-midi à Paris pour dénoncer ce type d'agression. Déjà, certains évoquent le coup monté tout en disant que cela ne change rien à la problématique puisque les agressions antisémites sont fréquentes.