Sur le vif

#Ahmed8ans : la version de Najat Vallaud-Belkacem contestée par le CCIF

Rédigé par | Vendredi 30 Janvier 2015 à 09:37



L’affaire du petit Ahmed, 8 ans, convoqué au commissariat de Nice pour s’expliquer sur ses propos tenus après les attentats de Charlie Hebdo, provoque depuis mercredi une pluie de réactions.

Le député-maire de Nice Christian Estrosi a soutenu sans réserve le directeur d'école, « qui a dénoncé les faits avec courage. J'attends de la justice de la fermeté face à la responsabilité parentale », a-t-il écrit sur Twitter.

Devant l’ampleur médiatique de l’affaire, la ministre de l’Éducation nationale a décidé d’intervenir pour prendre fait et cause pour la direction de l'établissement où est scolarisé Ahmed. « Je le dis avec force, non seulement cette équipe a bien fait de se comporter ainsi, mais son travail de suivi, et pédagogique et social, est une œuvre utile et je l’en remercie », a déclaré Najat Vallaud-Belkacem jeudi 29 janvier.

« Le directeur de l’école a porté plainte contre le père et pas contre l’enfant », a-t-elle aussi déclaré. Une procédure a été lancée contre le père en raison de son « attitude brutale » lors d'un de ses passages à l'école. « Il s’est même à plusieurs reprises introduit sans autorisation dans l’établissement scolaire en menaçant le personnel. Donc c’est pour cette raison précise, et cette raison seulement que le directeur de l’école a porté plainte contre le père et pas contre l’enfant », a raconté la ministre.

Le CCIF contre-attaque

Aussitôt après les déclarations de la ministre, l’avocat de la famille, Me Sefen Guez Guez, s’est dit « scandalisé par (ses) mensonges ». « J'ai signé personnellement le PV où seul le petit Ahmed est poursuivi pour apologie d'acte de terrorisme », a-t-il assuré sur les réseaux sociaux. Il dénonce également la tentative de diabolisation des parents opérée par l'école et ses soutiens. « Il est apparu que la situation personnelle de cet enfant était préoccupante, au point d’ailleurs que l’équipe a fait remonter un signalement à la protection de l’enfance du département », a notamment déclaré la ministre de l'Education nationale à la presse.

« On voit qu’il y a une réelle volonté de la part des autorités et des médias à étouffer cette affaire », a déclaré pour sa part la porte-parole du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), Elsa Ray sur Beur FM, qui appuie la version de l'avocat. « Ensuite, il a été dit que l’enfant aurait dit "Mort aux Français", "les musulmans ont raison, ont bien fait, il faut tous les tuer". L’enfant dément formellement. (…) Il a reconnu avoir dit "les terroristes ont eu raison", mais sans savoir ce qu’était le terrorisme. Lorsque les policiers lui ont demandé s’il savait ce qu’était le terrorisme, il a répondu non », a-t-elle indiqué jeudi soir.

Des violences contre l’enfant dénoncées

Elsa Ray a confirmé que les parents ont déposé plainte jeudi « pour violences à l’encontre de leur enfant de la part de l’équipe pédagogique ». Ahmed aurait reçu « à plusieurs reprises une claque derrière la tête. (…) Il y a vraiment eu plusieurs actes de violences qui sont consignés sur témoignages de l’enfant et des parents, dans un PV ». Une dose d'insuline aurait même été refusée à l'enfant alors qu'il est diabétique.

De son côté, l'Observatoire national contre l'islamophobie s’est indigné du traitement réservé à Ahmed. « La lutte contre la radicalisation ne doit pas donner lieu à une hystérie collective mais doit s'inscrire dans le cadre légal républicain », a insisté l'instance.

Le bras de fer est engagé. Le dossier a été transmis au parquet, qui sera chargé d'engager ou non des poursuites.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur