Les Musulmans d’Alsace ont fêté l’Aïd El fitr ce dimanche 14 novembre. Comme dans le reste de l’Hexagone, des milliers de fidèles se sont rendus dans les mosquées et autres salles aménagées à l’occasion de la célébration rituelle marquant la fin du mois de ramadan. Trente à quarante mille personnes ont participé aux festivités.
La grande majorité des fidèles musulmans de la Communauté Urbaine de Strasbourg (CUS) s’est retrouvée au Parc des Expositions du Wacken. Selon les organisateurs de cette prière rituelle, 7.000 personnes étaient présentes. Cette année, l’Aïd a été placé sous le signe de la construction de la Grande Mosquée de Strasbourg dont la première pierre symbolique a été posée le 29 octobre 2004. Pour les Musulmans de la ville, il s’agit d’un tournant historique. Le hall du Wacken était placardé d’affiches à l’effigie de la future mosquée et d’appels aux dons.
La cérémonie a débuté par une séance de Dhikr, des invocations, psalmodié par un fidèle et repris en chœur par le public. Puis un discours en langue arabe fut entendu sur l’événement que constitue la construction de la future mosquée de Strasbourg. Ce discours sera ensuite résumé en langue française. Il insista sur l’importance de l’appel aux dons. La nouvelle mosquée ne sera achevée dans des délais respectables que si la communauté musulmane affiche une volonté de fer pour faire des dons importants. L’imam a ensuite guidé la prière avant de prêcher sur les bienfaits du jeûne et la signification de l’Aïd el-fitr.
La communauté turque (environ 30 % de l’Islam alsacien) s’est réunie dans sa très grande mosquée Ayyub Sultan. Ancienne usine achetée et aménagée en lieu de culte, elle est située dans une zone industrielle. Sa superficie a permis à quelques 5.000 fidèles de prier. De part sa taille, Ayyub Sultan est probablement aujourd’hui une des plus grandes mosquées de France.
Les élus se sont déplacés
Madame Fabienne Keller, Maire de Strasbourg, et Monsieur Robert Grossmann, Président de la CUS, sont venus présenter leurs vœux aux fidèles musulmans. Ils en ont profité pour rappeler aux Strasbourgeois que ' la Ville a accordé un gros terrain et une subvention équivalent à 10% du prix de la mosquée '. Ils ont également souligné leur souhait de voir les Musulmans ' intégrés dans la ville et, au-delà, dans la République '.
De son côté, le vice-président du conseil régional, Bernard Stoessel, s’est rendu à Bourtzwiller dans le Haut-Rhin. Il a indiqué qu’il s’était déplacé pour donner le témoignage de sa solidarité en ces temps de profanations multiples. ' Cela reste une vive préoccupation et le Conseil régional est très vigilant quant aux respect de la tolérance '.
M. Abdelhaq Nabaoui, Président du CRCM Alsace, a choisi de prendre part à la prière organisée dans une salle louée pour l’occasion par une association de Français musulmans au Neudorf, un quartier périphérique de Strasbourg. ' En tant que Président, j’essaye de varier mes lieux de prière pour rencontrer la communauté dans sa diversité ' explique-t-il. Et d’ajouter : ' Je suis ravi par cette unité spirituelle dans cette diversité culturelle '.
Quelques problèmes d’organisation
Dans le Bas-Rhin, quelques difficultés ont été rencontrées lors de la location de salles : certaines étaient trop petites pour accueillir tous les fidèles du quartier. Qu’à cela ne tienne, les fidèles se sont installés à l’extérieur de la mosquée occasionnelle le temps de la prière et du sermon final.
C’est dans la vielle de Mulhouse que ce problème de salle s’est posé avec le plus d’acuité. Car, contrairement aux années précédentes, les organisateurs de l’Aïd n’ont pu louer le Parc-Expo de la ville. Pour M. Djenad Ben Aïssa, vice-président du CRCM Alsace, il s’agit d’un problème purement technique : ' nous n'apprenons qu'au dernier moment le véritable jour de l'Aïd el-fitr. Le calendrier lunaire avec lequel fonctionne l'Islam ne permet pas vraiment de préparer à l'avance. La Ville a été prise de court et il lui était impossible de nous fournir le Parc des expositions. Nous sommes tellement nombreux (environ 8.000 les dernières années), qu'il n'y a pas de salle suffisamment grande pour accueillir tous les Musulmans qui viennent prier. ' Les fidèles se sont donc répartis dans les mosquées de la ville.
Cet incident n’a pas affecté la bonne humeur des croyants qui sortent de quatre semaines de pénitence. Dans les salles de prière et dans les mosquées, après le prêche de l’imam qui suit la prière, les Musulmans se sont embrassés dans la fraternité. Ils ont échangé leurs vœux. La journée fut festive autant pour les petits que pour les grands. Des associations dont Nadi Chaabi (association œuvrant, au niveau local, sur la problématique de la parentalité) ont organisé, en ce jour, une fête de l’Aïd au Centre socioculturel du Fossé des Treize.