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Société

Al-Kindi : la justice administrative saisie, le deux poids, deux mesures dénoncé face au scandale de Bétharram

Rédigé par | Mercredi 19 Février 2025 à 19:00

           

Le groupe scolaire musulman Al-Kindi a saisi, mardi 18 février, la justice administrative pour dénoncer la rupture du contrat d'association avec l'Etat. Cette annonce intervient en plein scandale entachant gravement le collège-lycée catholique Notre-Dame de Bétharram et le Premier ministre François Bayrou ; une affaire qui illustre un traitement différencié flagrant entre les établissements privés, selon Al-Kindi et ses soutiens.



Le groupe scolaire Al-Kindi, situé dans la métropole lyonnaise, a annoncé, mercredi 19 février, avoir saisi la justice administrative la veille afin de contester la décision préfectorale prononçant en janvier dernier la résiliation du contrat d'association avec l’Etat.

« Après avoir examiné la requête, le Tribunal administratif de Lyon a décidé de fixer rapidement l'audience à laquelle sera examinée la demande de l'association », à savoir lundi 10 mars, a fait savoir la direction, qui a salué « la célérité » avec laquelle le tribunal a fixé le rendez-vous. « Au regard des mesures correctrices proposées par Al-Kindi à l'occasion de la commission de concertation, le groupe scolaire s'estime pleinement recevable dans sa demande de rétablissement du contrat d'association », a-t-elle ajouté.

Un « deux poids, deux mesures » flagrant face au cas Bétharram

Al-Kindi, qui exige de « bénéficier d'une très exacte application de la loi », a dénoncé au passage « le traitement différencié entre le réseau éducatif musulman et des établissements privés sous contrat couverts jusqu'au plus haut sommet de l'État malgré des comportements pénalement répréhensibles ». Sont visés, sans être cités, le lycée parisien Stanislas ou encore Notre-Dame de Bétharram, près de Pau.

Ce groupe scolaire privé catholique, qui n’a fait l’objet d’aucun contrôle d’inspection en 30 ans, est actuellement accusé par d’anciens élèves de violences physiques et sexuelles commises entre les années 1970 et 1990. Une centaine de plaintes ont été déposées ces derniers mois. Trois hommes ont été placés en garde à vue, mercredi 19 février, pour les chefs de « viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et/ou violences aggravées » pour des faits « susceptibles d'avoir été commis de 1957 à 2004 », selon le parquet de Pau. Ce scandale, qui fait la Une de l'actualité depuis quelques jours, n’empêche pourtant pas le collège-lycée de rester ouvert à ce jour.

« Le dernier contrôle de Bétharram remonte à 1996. En face Alkindi c’est 9 inspections entre 2013 et 2024 », a fait remarquer sur ses réseaux sociaux Me Sefen Guez Guez, l'avocat d'Al-Kindi. « Lycée Al Kindi : 5 inspections en 1 an. Rupture immédiate du contrat avec l’Etat. Betharam : 0 inspections en 30 ans malgré les mises en cause dès 1996. L’établissement est toujours sous contrat. La laïcité a un ennemi en France : le deux poids, deux mesures », s'était insurgé, vendredi 14 février, sur X le député (LFI) Abdelkader Lahmar, qui soutient le lycée Al-Kindi dans sa démarche judiciaire. Même constat du côté du lycée privé musulman Averroès, à Lille, qui avait dénoncé, à l’occasion de ses 20 ans, le nombre conséquent de contrôles par rapport aux établissements privés non-musulmans.

Le Premier ministre François Bayrou, sous le feu des critiques, nie avoir été au courant des agressions sexuelles au sein de l'internat et a rejeté la faute sur le gouvernement socialiste en place à la fin des années 1990. A l'initiative du député LFI Paul Vannier, la création d’une commission d’enquête parlementaire sur « les modalités du contrôle par l’État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires » a été votée à l’unanimité mercredi 19 février. Elle visera à « identifier les défaillances dans les contrôles par les différents services de l'Etat ».

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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