Sur le vif

Alger et Paris reportent la signature d'un traité d'amitié

Rédigé par Laila Elmaaddi | Mardi 11 Avril 2006 à 16:31



L'Algérie et la France ont reconnu qu'il leur fallait un délai supplémentaire pour signer un traité d'amitié appelé à renforcer leurs relations encore soumises aux répercussions de l'histoire coloniale. L'Algérie est le principal partenaire commercial de la France et les deux pays devaient initialement signer cet accord à la fin de l'an dernier pour dissiper les tensions découlant d'une colonisation de 132 ans. Mais l'approbation, en février 2005 par l'Assemblée nationale française, d'une loi évoquant le "rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord", a été considérée à Alger comme un obstacle sur la voie de la normalisation bilatérale.

Le texte de loi contesté a été abrogé en janvier sur proposition du président Jacques Chirac, mais cette décision n'a pas suffi à faire disparaître les tensions. "Il faut dissiper les malentendus. Il faut un cadre institutionnel pour bâtir ce traité", a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy lors d'une conférence de presse donnée conjointement avec son homologue algérien Mohamed Bedjaoui. Ce dernier a dit pour sa part que la conclusion du traité découlerait du respect mutuel et que les deux pays devaient s'employer ensemble à le clarifier aux yeux de leurs opinions. Il y a encore des difficultés. Les conditions psychologiques ne sont pas réunies. Il faut faire une évaluation de nos relations", a estimé Bedjaoui.

L'an dernier, l'Algérie avait demandé à la France de présenter des excuses pour les crimes ayant marqué l'ère coloniale. "Nous souhaitons avoir un traité entre le peuple algérien et le peuple français, et non seulement entre les deux chefs d'Etat", a dit Bejdaoui lorsqu'on lui a demandé si les deux pays seraient prêts à signer l'accord avant l'élection présidentielle française de 2007. Le président Abdelaziz Bouteflika a aussi engagé Paris à reconnaître son rôle dans le massacre de 45.000 Algériens qui étaient descendus dans les rues pour réclamer leur indépendance alors que l'Europe fêtait la victoire sur l'Allemagne en 1945.
Les autorités françaises ont réagi en minimisant ces propos et en préconisant un respect mutuel. La guerre d'Algérie (1954-1962) a coûté la vie à 1,5 million d'Algériens selon le gouvernement d'Alger. De nombreux Français en ont aussi été victimes.