Bien-être

Amour et spiritualité

De l’amour

Rédigé par | Mercredi 7 Juin 2017 à 08:50



L’amour est LE sujet qui préoccupe le plus les femmes et les hommes de notre époque. Dans la langue arabe, le terme « hubb » ou amour signifie « graine », une graine que chacun porte en lui. Cette graine agit dans le cœur comme un aimant qui pousse chacun à faire couple.

Mais l’amour, comme toute chose belle et précieuse, peut se perdre dans des contrefaçons. Par exemple, l’amour de son pays peut se perdre en sa contrefaçon : le racisme. L’amour de Dieu peut se perdre en formalisme superficiel, en dogmatisme, en intolérance, ou encore en superstitions…

De même, l’amour d’un homme et d’une femme se perd souvent aujourd’hui en « couplisme », qui consiste à juger bon/vrai/juste tout ce qui avantage son couple, au point d’être indifférent ou injuste à tout ce qui touche sa famille et les autres. Aujourd’hui, l’amour a tendance à tomber dans un égoïsme à deux, comme si l’amour ne s’appliquait plus à la famille, à la belle-famille, au voisin, aux proches, à l’orphelin et à la personne dans le besoin…

Le mois du Ramadan est là pour nous rappeler chaque année que faire le bien, c’est refuser de cultiver l’amour fabriqué dans sa petite bulle en couple ou en famille. Le Ramadan nous rappelle l’unité de la famille humaine et la solidarité avec les autres, y compris avec ceux que l’on n’aime pas spontanément. C’est là précisément qu’entre en jeu la spiritualité.

La spiritualité est d’abord un état naturel commun à toute l’humanité. Chaque personne, quelle que soit sa religion ou sa culture, est animée du souffle de Dieu (rûh-allâh). Chacun-e naît selon la religion naturelle universelle (al-fitrah), qui se manifeste par le fait que l’homme/la femme est comme aimanté-e vers le vrai, le bien et le juste. L’homme/la femme est aimanté-e en ce sens qu’il/elle s’interroge, qu’il/elle cherche et aspire vers cela, à moins que la vie en société et la culture ne l’en détournent.

Ce qui fait toute la différence et toute la dignité de l’être humain par rapport à l’ensemble de la Création (l’Univers, les anges, etc.), c’est que l’homme/la femme est seul-e à pouvoir choisir le sens de sa vie.

En effet, par exemple, le soleil n’a pas la liberté de choisir sa finalité, sa vie, son « métier », sa fonction, sa trajectoire, sa vitesse ou encore ses relations avec le cosmos. Ou encore la lune n’a pas le pouvoir de se lever un matin et de se dire : « Je vais changer de chemin pour découvrir d’autres parties de l’univers. » Une plante ni un animal n’a pas le pouvoir de changer le cours de l’Histoire, de changer son écosystème naturel, de changer les sunan (lois) de la vie sur Terre.

Seul-e l’homme/la femme a ce pouvoir de choisir sa finalité ; de changer de finalité au cours de sa vie ; d’imposer aux autres (à sa société ou à la Nature) de poursuivre la finalité de son choix ; d’interférer sur le cours de l’Histoire et de la vie de la Nature. Lui/elle seul-e a le pouvoir de corrompre la vie ou de la cultiver et de la rendre meilleure. La majorité de ses actes (paroles, actions, relations…) n’est pas déterminée par ses instincts ni par sa biologie mais par les choix qu’il/elle fait dans sa vie.

Si la spiritualité, comme l’amour, est un état naturel commun à tous, c’est aussi un désir et une discipline qui se cultivent. C’est avant tout, le grand choix que chacun-e fait dans sa vie : vais-je répondre à l’Appel de Dieu, en devenant une Maison, un Vêtement et une Aile pour mon couple, pour ma famille et plus largement pour ma société ? Ou, au contraire, vais-je donner à mon désir d’indépendance et d’épanouissement individuel la priorité sur toute autre valeur ?

Par les grands choix que nous faisons tous, nous pouvons transformer la vie sur Terre en un paradis ou un enfer. L’amour qui donne la priorité au désir d’indépendance et d’épanouissement individuel conduit à un enfer sur terre : le couple, marié ou non, n’a jamais été aussi précaire ; on n’a jamais autant vécu dans la solitude, dans un célibat non pas choisi mais résultant de l’usure de l’amour et de l’incapacité à faire couple ; dans la multiplication des mères célibataires qui doivent élever seules leurs enfants ; dans la généralisation des maisons de retraite, car désormais la solidarité entre générations et avec les personnes les plus vulnérables a moins de valeur que le bonheur individuel.

La spiritualité, comme l’amour, se joue dans les valeurs que nous choisissons.



De formation pluridisciplinaire – philosophie (université Sorbonne-Paris-I), sociologie (Sciences… En savoir plus sur cet auteur