De juriste à l’Observatoire international des prisons, Nicolas Ferran s’est mué en réalisateur. Il a filmé les histoires de ces Amoureux au ban public *.
Treize couples parlent ainsi des difficultés qu'ils rencontrent pour la régularisation du conjoint étranger mais dénoncent surtout la pression psychologique que font peser sur eux les autorités administratives et les forces de l’ordre. Une bataille pour l’amour ou tout simplement pour le droit de vivre à deux et de faire cohabiter deux cultures.
Fondé en 2007 par Nicolas Ferran, le mouvement des Amoureux au ban public se veut être un espace de mobilisation pour la défense des droits des couples franco-étrangers. Le documentaire éponyme du mouvement est entièrement autoproduit et peut être acheté sur Internet. Saphirnews a posé quelques questions au réalisateur Nicolas Ferran.
Treize couples parlent ainsi des difficultés qu'ils rencontrent pour la régularisation du conjoint étranger mais dénoncent surtout la pression psychologique que font peser sur eux les autorités administratives et les forces de l’ordre. Une bataille pour l’amour ou tout simplement pour le droit de vivre à deux et de faire cohabiter deux cultures.
Fondé en 2007 par Nicolas Ferran, le mouvement des Amoureux au ban public se veut être un espace de mobilisation pour la défense des droits des couples franco-étrangers. Le documentaire éponyme du mouvement est entièrement autoproduit et peut être acheté sur Internet. Saphirnews a posé quelques questions au réalisateur Nicolas Ferran.
Saphirnews : Les couples présents dans le documentaire que vous avez réalisé avaient-ils fait appel à votre association Les Amoureux au ban public ?
Nicolas Ferran : C’étaient bien des personnes qui avaient contacté le mouvement et certaines s’y sont par la suite engagées. Ce sont des couples que je connaissais bien. J’avais étudié leur dossier et travaillé sur leur cas : du coup, le passage à l’interview s’est fait très naturellement par le biais de cette relation de confiance.
Ces couples avaient aussi conscience de participer à un projet qui pouvait faire évoluer le respect des droits des couples mixtes.
Ces couples avaient aussi conscience de participer à un projet qui pouvait faire évoluer le respect des droits des couples mixtes.
Il y avait une envie de mettre « un coup de projecteur » sur les difficultés méconnues de ces couples ?
N. F. : Lorsque j’ai participé à la création de l’association Les Amoureux au ban public, en 2007, il y avait une volonté de faire de ce problème un enjeu public. Bien souvent on s’imagine qu’obtenir des papiers lorsque l’on est marié est facile alors que la procédure est exténuante. Les politiques agitent le spectre des mariages blancs et des fraudes pour justifier une politique de plus en plus répressive de lutte contre l’immigration.
Quelles sont les principales évolutions de cette politique ?
N. F. : Il y a une précarisation des droits des personnes étrangères mariées à un(e) Français(e). Ces droits sont de plus en plus minces et, parallèlement, les conditions d’obtention de ces droits se sont durcies. Les enquêtes sur la vie conjugale du couple se sont intensifiées et certains contrôles ont désormais lieu après des années de vie commune. Il n’y a plus de droit automatique au permis de séjour de dix ans et l’expulsion est désormais possible pendant trois ans après le mariage et non plus un an comme c’était le cas auparavant.
Dans le film, j'ai voulu montrer cette pression.
Dans le film, j'ai voulu montrer cette pression.
Le film montre d’ailleurs une pression psychologique très forte sur ces couples entre les interrogatoires et les dédales de l’administration…
N. F. : Ces couples ne sont souvent pas préparés à cela. Beaucoup n’oublieront jamais cette épreuve et elle peut même en détruire certains. Souvent c’est le conjoint français qui est le plus touché car la personne étrangère a déjà une certaine habitude de l’administration et des formalités policières. Lors de mes contacts avec ces couples, j’ai pris conscience de leur isolement, c’est aussi pour cela que l’association a été créée : elle permet à ces couples de se rencontrer et d’échanger avec des personne vivant les mêmes épreuves.
Le documentaire montre un processus d’enquête administrative qui entre profondément dans l’intimité des couples…
N. F. : Une circulaire datant de juin 2010 fixe les questions à poser lors de l’enquête sur le mariage. Ces questions concernent, par exemple, les circonstances de la rencontre du couple mais il n’y a rien sur l’intimité profonde des personnes. Après, chaque enquête dépendra des fonctionnaires en charge, car, dans un contexte de méfiance généralisée et sans règles claires, chacun fait comme il veut et parfois même n’importe quoi.
J’ai entendu des histoires de fonctionnaires qui s’excusent auprès d’un couple avant de fouiller leur armoires pour attester d’une vie conjugale et des histoires sinistres à propos de remarques racistes lors de contrôles.
J’ai entendu des histoires de fonctionnaires qui s’excusent auprès d’un couple avant de fouiller leur armoires pour attester d’une vie conjugale et des histoires sinistres à propos de remarques racistes lors de contrôles.
La réalisation du film laisse une grande place aux histoires des couples, pourquoi ce choix ?
N. F. : Au début de l’association, j’avais demandé à un ami de filmer, nos réunions. En visionnant les images, je me suis aperçu que j’étais trop présent, c’était normal pour diriger les réunions par exemple mais je ne voulais pas d’un projet où j'aurais été trop mis en scène. Pour le documentaire, je suis donc allé en sens inverse, en laissant toute la parole, ou presque, à ces couples. Cela donne des images sincères durant lesquelles les personnes parlent spontanément de ce qu’elles vivent... et subissent.
* Les Amoureux au ban public, un film de Nicolas Ferran (2011). Disponible sur commande ici. DVD vendu au profit de l’association Les Amoureux au ban public.
* Les Amoureux au ban public, un film de Nicolas Ferran (2011). Disponible sur commande ici. DVD vendu au profit de l’association Les Amoureux au ban public.
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