Après avoir parlé de Médine (ici), il est difficile de savoir par où commencer pour parler de La Mecque et surtout de la Kaaba. À vrai dire, il y a bien trop de choses à raconter. Pour tenter de donner un ordre à mon propos, j’ai essayé de l’organiser afin de mieux agencer le tout. Mais, quoi qu’il arrive, d’une certaine manière, tout s’unit.
Une ville entre tradition et modernité
La Mecque est une ville qui unit à la fois modernité et tradition. On ne peut pas s’empêcher de constater que la modernité a pris le pas dans le pays des Saoud. Que cela soit les centres commerciaux tout autour d’Al Haram, les grands buildings et les hôtels dessinant un nouveau paysage. Le seul moyen de revoir plus ou moins le même paysage que vit le Prophète, paix et salut sur lui, c’est de monter tout en haut de la montagne de la lumière (Jabal Al-Nour), là où se trouve la grotte de Hira, pour constater le paysage montagneux dominant de l’autre coté de La Mecque. C’est en voyant cela qu’on peut se dire : « C’est ce que le Prophète aimait voir en se réfugiant ici. »
Cependant, dans la ville même, on peut constater que la modernité, même si elle est anti-traditionaliste, prend tout son sens. On ne peut s’empêcher de se dire « Allah ne crée rien en vain », et ensuite se dire que la modernité n’a pas de sens. Non ! À La Mecque, si la modernité n’y était pas, elle n’aurait pas pu accueillir autant de pèlerins du monde entier. Je m’explique.
Bien que je sois anti-moderniste, je ne suis pas pour autant négateur des facilités que la modernité peut nous apporter. Ce qui compte, ce n’est pas de devenir esclave de celle-ci, mais bel et bien de l’utiliser pour nous faciliter notre adoration. À La Mecque, le nombre de mondes est incroyable. Et la « tradition » n’est pas faite pour une telle masse. C’est-à-dire que le principe même de la masse dans un même lieu, c’est très moderne, très récent. Et seulement la modernité, avec ces mesures de sécurité, ces normes des bâtiments recevant du public, ces règlementations d’hygiène, etc. permettent une bonne fonctionnalité et une bonne organisation d’une telle masse. De plus, si les hauts buildings d’hôtels n’étaient pas là, comment accueillir tout ce monde ? Détruire encore plus de paysage ?
Ajoutons à cela les centres commerciaux qui sont indispensables pour une telle masse, ne serait-ce que pour manger ou pour acheter ce dont nous avons besoin : cela permet de centraliser les commerces afin de ne pas les retrouver partout et perdre son temps à chercher une journée entière un produit ou de la nourriture bien que même centralisé, c’est le cas. Car après tout, on est à La Mecque pour autre chose que cela. Si on devait rester dans un décor comme Fès par exemple, pour une telle masse, La Mecque n’aurait pas pu assumer des millions de pèlerins par jour et encore moins pendant le hajj. C’est dans cette ville qu’on voit le sens de la modernité. Je dirais même que, si la modernité existe, ce n’est que pour cela. En clair, à La Mecque, la modernité est au service des pèlerins pour faciliter son adoration d’Allah. Bien entendu, le décor traditionnel est beaucoup plus inspirant. Mais il est rendu impossible de le faire avec autant de monde. Et c’est d’ailleurs pourquoi Allah a agrée ce qui se passe dans ce lieu saint. Car, après tout, n’est-ce pas Allah le garant de ce Lieu ?
De plus, en cherchant, j’avais su que la maison du Prophète lorsqu’il était jeune dans cette ville avait été détruite. Et, après réflexion, j’avais compris une chose fondamentale : c’est Allah qui avait agrée sa destruction. Car, à La Mecque, il n’y a qu’Allah. Le Prophète, c’est à Médine. Et à La Mecque, d’une certaine manière on n’oublie Muhammad bien qu’il est présent dans nos cœurs, car toute notre intention est dirigée vers Allah.
Cependant, dans la ville même, on peut constater que la modernité, même si elle est anti-traditionaliste, prend tout son sens. On ne peut s’empêcher de se dire « Allah ne crée rien en vain », et ensuite se dire que la modernité n’a pas de sens. Non ! À La Mecque, si la modernité n’y était pas, elle n’aurait pas pu accueillir autant de pèlerins du monde entier. Je m’explique.
Bien que je sois anti-moderniste, je ne suis pas pour autant négateur des facilités que la modernité peut nous apporter. Ce qui compte, ce n’est pas de devenir esclave de celle-ci, mais bel et bien de l’utiliser pour nous faciliter notre adoration. À La Mecque, le nombre de mondes est incroyable. Et la « tradition » n’est pas faite pour une telle masse. C’est-à-dire que le principe même de la masse dans un même lieu, c’est très moderne, très récent. Et seulement la modernité, avec ces mesures de sécurité, ces normes des bâtiments recevant du public, ces règlementations d’hygiène, etc. permettent une bonne fonctionnalité et une bonne organisation d’une telle masse. De plus, si les hauts buildings d’hôtels n’étaient pas là, comment accueillir tout ce monde ? Détruire encore plus de paysage ?
Ajoutons à cela les centres commerciaux qui sont indispensables pour une telle masse, ne serait-ce que pour manger ou pour acheter ce dont nous avons besoin : cela permet de centraliser les commerces afin de ne pas les retrouver partout et perdre son temps à chercher une journée entière un produit ou de la nourriture bien que même centralisé, c’est le cas. Car après tout, on est à La Mecque pour autre chose que cela. Si on devait rester dans un décor comme Fès par exemple, pour une telle masse, La Mecque n’aurait pas pu assumer des millions de pèlerins par jour et encore moins pendant le hajj. C’est dans cette ville qu’on voit le sens de la modernité. Je dirais même que, si la modernité existe, ce n’est que pour cela. En clair, à La Mecque, la modernité est au service des pèlerins pour faciliter son adoration d’Allah. Bien entendu, le décor traditionnel est beaucoup plus inspirant. Mais il est rendu impossible de le faire avec autant de monde. Et c’est d’ailleurs pourquoi Allah a agrée ce qui se passe dans ce lieu saint. Car, après tout, n’est-ce pas Allah le garant de ce Lieu ?
De plus, en cherchant, j’avais su que la maison du Prophète lorsqu’il était jeune dans cette ville avait été détruite. Et, après réflexion, j’avais compris une chose fondamentale : c’est Allah qui avait agrée sa destruction. Car, à La Mecque, il n’y a qu’Allah. Le Prophète, c’est à Médine. Et à La Mecque, d’une certaine manière on n’oublie Muhammad bien qu’il est présent dans nos cœurs, car toute notre intention est dirigée vers Allah.
Un lieu qui unit des gens du monde entier
Nous sommes au centre du monde. J’entends par là le fait qu’où que l’on soit, le musulman se tourne vers la Kaaba. En effet, si nous devons imager cela, alors il faut comprendre comment le temps avance dans le monde. Quand il est l’heure d’Al-Maghrib ici, il suffit d’attendre une seconde pour qu’elle débute ailleurs, etc. faisant en sorte qu’Al Maghrib ne s’arrête pas de tourner au tour de la Terre et qu’en l’espace de 24h, elle a traversé tous les pays du monde revenant vers nous. Si déjà une seule prière fait cet effet, celui de ne jamais cesser, alors quoi dire avec les quatre autres. A n’importe quel instant sur ce monde, il y a des millions de gens tournés vers la qibla. Ajoutons à cela les gens du tawaf où tourner autour de la Kaaba ne s’arrête également jamais.
En clair, c’est le seul endroit au monde et le seul lieu de toute l’histoire de l’humanité où il y a autant d’adoration concentrée sur un seul point. Jamais cela ne s’est fait. Allah Akbar ! Et jamais cela ne pourra se reproduire. Aucune religion n’a cela avec autant de cœur tourné vers un seul lieu. Alors, on est au centre du monde, au centre de l’humanité. Et quand on fait le tawaf, la circumambulation autour de la Kaaba, on prend conscience du lieu.
De plus, les gens sur place viennent avec ce qu’ils sont et comme ils sont. En clair, ils sont là avec leurs défauts, tel qu’Allah les a invités et leurs comportements, parfois débordants, repoussants, voire même humiliants, ne sont que la manifestation de ce qu’ils sont réellement.
Ce qui est surprenant, c’est également l’universalisme du monde. Nous parlons d’un lieu qui unit des gens de partout sur le monde. Et, il y a de tout, toutes les langues, toutes les couleurs... C’est un des seuls lieux au monde où une telle pluralité existe. Et, même dans un monde très modernisé, il n’y a pas autant de pluralité au mètre carré.
Les gens sont tous là pour une seule chose : adorer Dieu. Et on se retrouve plongé, pendant le tawaf et le sa’y (parcours entre Safa et Marwa) dans une mer de louanges, tous plus belles les unes des autres, avec des yeux débordants de larmes. C’est tellement touchant de voir autant de monde aimer Dieu que notre foi se renforce et notre humanité s’ouvre à l’autre. C’est là le berceau de la Miséricorde.
En clair, c’est le seul endroit au monde et le seul lieu de toute l’histoire de l’humanité où il y a autant d’adoration concentrée sur un seul point. Jamais cela ne s’est fait. Allah Akbar ! Et jamais cela ne pourra se reproduire. Aucune religion n’a cela avec autant de cœur tourné vers un seul lieu. Alors, on est au centre du monde, au centre de l’humanité. Et quand on fait le tawaf, la circumambulation autour de la Kaaba, on prend conscience du lieu.
De plus, les gens sur place viennent avec ce qu’ils sont et comme ils sont. En clair, ils sont là avec leurs défauts, tel qu’Allah les a invités et leurs comportements, parfois débordants, repoussants, voire même humiliants, ne sont que la manifestation de ce qu’ils sont réellement.
Ce qui est surprenant, c’est également l’universalisme du monde. Nous parlons d’un lieu qui unit des gens de partout sur le monde. Et, il y a de tout, toutes les langues, toutes les couleurs... C’est un des seuls lieux au monde où une telle pluralité existe. Et, même dans un monde très modernisé, il n’y a pas autant de pluralité au mètre carré.
Les gens sont tous là pour une seule chose : adorer Dieu. Et on se retrouve plongé, pendant le tawaf et le sa’y (parcours entre Safa et Marwa) dans une mer de louanges, tous plus belles les unes des autres, avec des yeux débordants de larmes. C’est tellement touchant de voir autant de monde aimer Dieu que notre foi se renforce et notre humanité s’ouvre à l’autre. C’est là le berceau de la Miséricorde.
La politique saoudienne n’existe pas à La Mecque
Je me permets de faire une petite parenthèse sur les Saoudiens pour expliquer un peu comment se passe le pays en général et sa politique à La Mecque. Bien que le pays est wahhabite, il est assez surprenant qu’à La Mecque, le wahhabisme n’existe pas. D’ailleurs, elle ne se remarque même pas, hormis par quelques détails insignifiants. Pourquoi ? Parce que la force de la présence divine est tellement forte qu’elle pousse les hommes à suivre une seule règle : adorer Dieu. À un tel point que toute politique et tout despotisme s’efface devant cette foule.
J’ai été surpris de voir les militaires et les policiers de La Mecque être « dépassés » par les gens. Ils mettent des barrières, les gens les franchissent quand même ; ils mettent des séparations entre hommes et femmes, il y a des zones où les prières sont mixtes ; ils mettent des réglementations vestimentaires, les gens outrepassent tout. Seule la règle de Dieu existe : adore ton Dieu. Ajoutons à cela que le Saoudien n’a pas droit de faire de mal a un pèlerin en état d’ihram, c’est une faute religieuse très grave, car il ferait sortir le pèlerin de son état de sacralité sans avoir fini sa omra.
La politique saoudienne n’existe pas à la Mecque, il n’y a pas de règles humaines qui tiennent, et il est strictement impossible d’en faire tenir une. La pluralité d’école juridique, la pluralité de branches de l’islam, l’universalisme de l’islam, encrasse d’une manière extraordinaire toutes volontés humaines. On sent qu’à Bakka, seul Allah est Roi.
J’ai été surpris de voir les militaires et les policiers de La Mecque être « dépassés » par les gens. Ils mettent des barrières, les gens les franchissent quand même ; ils mettent des séparations entre hommes et femmes, il y a des zones où les prières sont mixtes ; ils mettent des réglementations vestimentaires, les gens outrepassent tout. Seule la règle de Dieu existe : adore ton Dieu. Ajoutons à cela que le Saoudien n’a pas droit de faire de mal a un pèlerin en état d’ihram, c’est une faute religieuse très grave, car il ferait sortir le pèlerin de son état de sacralité sans avoir fini sa omra.
La politique saoudienne n’existe pas à la Mecque, il n’y a pas de règles humaines qui tiennent, et il est strictement impossible d’en faire tenir une. La pluralité d’école juridique, la pluralité de branches de l’islam, l’universalisme de l’islam, encrasse d’une manière extraordinaire toutes volontés humaines. On sent qu’à Bakka, seul Allah est Roi.
Les prières et les adorations
Rien n'est plus agréable que de prier tous les uns à côté des autres à La Mecque. Tout s’arrête pendant l’heure de prière, tous les magasins ferment, le tawaf est interrompu, le sa’y aussi, tout le monde est tourné vers la Kaaba. Nous pouvons voir le voisin tourner vers une autre direction que la nôtre, ou la personne en face prier avec son visage tourné de l’autre côté du mien. Nous pouvons voir des cercles d’humains dessinant un paysage majestueux d’une harmonie équilibré autour de la Kaaba. Et instinctivement, les choses se font. On répond à un appel.
Dans certains lieux comme entre Safa et Marwa ou devant la mosquée sacrée, on peut être surpris de voir des hommes prier derrière des femmes, ou des femmes à côté d’hommes. Parce que le lieu est tellement dense qu’il est impossible de mettre une règle juridique. Et on peut se laisser surprendre à se dire « Et si cette manière de prier était la vraie tradition divine ? » Comme si Dieu nous ne laissait pas le choix que d’imposer une manière de prier que tous les musulmans du monde refusent de faire dans leurs propres mosquées. Pourtant, ce genre de prières à La Mecque ne dérange personne ; bien au contraire, les gens ne se laissent point distraire par X ou Y raisons.
Pour ce qui est de la manière d’adorer Allah, dans ce lieu, les choses sont assez déconcertantes à première vue. Souvent, j’entends dire que les gens idolâtre la pierre noire ou la Kaaba. Mais pour ma part, je dirais qu’ils adorent Allah, mais l’adore d’une mauvaise manière. Car ce n’est pas la pierre noire qu’ils invoquent quand ils prient, ni même quand ils font des invocations (dhikr). Seulement, ils sont tellement maladroits dans leurs adorations qu’ils débordent dans des actions totalement déplacées. Peut-être parce que ces gens-là n’ont pas forcément l’habitude d’adorer Allah de manière régulière. Car le dhikr régulier nous permet qu’une fois en contact avec une « bonne » connexion divine, on arrive toujours à garder une certaine lucidité. C’est pourquoi, à mon sens, il n’y a pas d’associationnisme (chirk) au sens strict, mais seulement de l’ignorance ou de la superstition (qui reste de l’ignorance également).
Dans certains lieux comme entre Safa et Marwa ou devant la mosquée sacrée, on peut être surpris de voir des hommes prier derrière des femmes, ou des femmes à côté d’hommes. Parce que le lieu est tellement dense qu’il est impossible de mettre une règle juridique. Et on peut se laisser surprendre à se dire « Et si cette manière de prier était la vraie tradition divine ? » Comme si Dieu nous ne laissait pas le choix que d’imposer une manière de prier que tous les musulmans du monde refusent de faire dans leurs propres mosquées. Pourtant, ce genre de prières à La Mecque ne dérange personne ; bien au contraire, les gens ne se laissent point distraire par X ou Y raisons.
Pour ce qui est de la manière d’adorer Allah, dans ce lieu, les choses sont assez déconcertantes à première vue. Souvent, j’entends dire que les gens idolâtre la pierre noire ou la Kaaba. Mais pour ma part, je dirais qu’ils adorent Allah, mais l’adore d’une mauvaise manière. Car ce n’est pas la pierre noire qu’ils invoquent quand ils prient, ni même quand ils font des invocations (dhikr). Seulement, ils sont tellement maladroits dans leurs adorations qu’ils débordent dans des actions totalement déplacées. Peut-être parce que ces gens-là n’ont pas forcément l’habitude d’adorer Allah de manière régulière. Car le dhikr régulier nous permet qu’une fois en contact avec une « bonne » connexion divine, on arrive toujours à garder une certaine lucidité. C’est pourquoi, à mon sens, il n’y a pas d’associationnisme (chirk) au sens strict, mais seulement de l’ignorance ou de la superstition (qui reste de l’ignorance également).
La Présence d’Allah
À La Mecque, la présence divine est tellement forte que l’on comprend ce que cela veut dire « être nu devant Allah » ou encore « être dans la Lumière », car c’est bel et bien là qu’on manifeste notre état intérieur en sorte qu’on ne peut s’empêcher d’exprimer ce qu’on a dans notre cœur, parfois au détriment de nous-mêmes et mettre en lumière, devant la vue de tous, notre état intérieur.
J’ai vu des gens agir comme des sauvages, pousser, être pressés, énervés, malhonnêtes, avares, égoïstes... non pas parce qu’ils le veulent, mais parce que la présence d’Allah est tellement forte que tout mensonge ou toute tentative de se voiler la face tombe. Tel qu’il est dit en ce lieu même, « la vérité est venue et le mensonge est tombé. Certes le mensonge est destiné à tomber » (17 : 81). C’est pour cela que toute sorte de comportements débordants se montre. On ne peut être que vrai dans ce lieu. Et si notre vrai état est d’être laid, alors on est laid devant la Kaaba ; si notre état est d’être beau alors devant la Kaaba, on est beau.
J’aimerais préciser concernant la Présence d’Allah que celle-ci n’est pas exclusive à ce lieu. Bien entendu, Sa Présence est partout de la même intensité. Mais à La Mecque, Allah, par Miséricorde, nous permet de nous montrer « un peu plus » de Sa Présence. Cette même présence partout ailleurs. Ce que permet Allah avec la Kaaba, c’est de nous témoigner à quel point Il est Présent dans nos vies, et ce même en dehors de ce lieu. Car l’expérience que l’on fait pendant le pèlerinage n’est pas une expérience qui concerne le moment ou le lieu même, mais concerne tout l’être, de ce que nous sommes à ce que nous serons demain, ici ou ailleurs. En somme, c’est une véritable ouverture de Sa Présence universelle.
J’ai vu des gens agir comme des sauvages, pousser, être pressés, énervés, malhonnêtes, avares, égoïstes... non pas parce qu’ils le veulent, mais parce que la présence d’Allah est tellement forte que tout mensonge ou toute tentative de se voiler la face tombe. Tel qu’il est dit en ce lieu même, « la vérité est venue et le mensonge est tombé. Certes le mensonge est destiné à tomber » (17 : 81). C’est pour cela que toute sorte de comportements débordants se montre. On ne peut être que vrai dans ce lieu. Et si notre vrai état est d’être laid, alors on est laid devant la Kaaba ; si notre état est d’être beau alors devant la Kaaba, on est beau.
J’aimerais préciser concernant la Présence d’Allah que celle-ci n’est pas exclusive à ce lieu. Bien entendu, Sa Présence est partout de la même intensité. Mais à La Mecque, Allah, par Miséricorde, nous permet de nous montrer « un peu plus » de Sa Présence. Cette même présence partout ailleurs. Ce que permet Allah avec la Kaaba, c’est de nous témoigner à quel point Il est Présent dans nos vies, et ce même en dehors de ce lieu. Car l’expérience que l’on fait pendant le pèlerinage n’est pas une expérience qui concerne le moment ou le lieu même, mais concerne tout l’être, de ce que nous sommes à ce que nous serons demain, ici ou ailleurs. En somme, c’est une véritable ouverture de Sa Présence universelle.
Les épreuves
Il est certain qu’une omra est difficile pour plusieurs raisons. N’en parlons pas du hajj qui doit être tout ce qui se dira ici fois cent. Mais pour la omra déjà, nous trouvons des épreuves très vite. La présence divine est tellement forte qu’elle nous pousse à nous révéler tel que nous sommes et, en ce sens, nous n’agissons pas forcément comme toujours ; du moins, nous avons beaucoup moins de retenue, ce qui fait que nos défauts ressortent beaucoup plus.
Notre nafs se réveille et montre « ses crocs » mais, en même temps, elle est soumise à l’adoration d’Allah. Cela ne veut pas dire qu’elle n’agit pas pour autant. Elle se laisse prendre par l’adoration, mais elle se manifeste par d’autres expressions. Si nous sommes très peu patients en général, à la Kaaba, tout nous semblera long ; si nous sommes peu concentrés en général, alors à la Kaaba nous serons toujours ailleurs dans nos pensées... Ce n’est pas forcément une mauvaise chose d’avoir ces traits qui ressortent fortement car cela nous permet de mieux nous observer et, en quelque sorte, c’est une rahma d’Allah afin de nous montrer là où nous devons travailler intérieurement. C’est donc une occasion pour nous de nous dépasser. Certains en prendront un bienfait de cela, d’autres moins.
Notre nafs se réveille et montre « ses crocs » mais, en même temps, elle est soumise à l’adoration d’Allah. Cela ne veut pas dire qu’elle n’agit pas pour autant. Elle se laisse prendre par l’adoration, mais elle se manifeste par d’autres expressions. Si nous sommes très peu patients en général, à la Kaaba, tout nous semblera long ; si nous sommes peu concentrés en général, alors à la Kaaba nous serons toujours ailleurs dans nos pensées... Ce n’est pas forcément une mauvaise chose d’avoir ces traits qui ressortent fortement car cela nous permet de mieux nous observer et, en quelque sorte, c’est une rahma d’Allah afin de nous montrer là où nous devons travailler intérieurement. C’est donc une occasion pour nous de nous dépasser. Certains en prendront un bienfait de cela, d’autres moins.
Le sacrifice
En islam, le thème du sacrifice est souvent évoqué, surtout pour le mois de Ramadan et l’Aïd. Mais avec beaucoup de surprise, la omra, et encore plus le hajj, est vraiment un grand sacrifice. Bien que nous ayons des épreuves, le sacrifice est présent. Nous sommes prêts à aller plus loin que nous le pouvons à la Kaaba. Nous nous donnons totalement à Dieu et ce, physiquement, psychiquement et spirituellement.
Physiquement parce que le pèlerinage nous demande beaucoup d’énergie et de ménager aussi notre journée exclusivement pour cela et pour l’adoration d’Allah. Une omra dure à approximativement quatre heures : de l’hôtel à la mosquée At Taneem (un miqat pour les Mecquois) pour rentrer en état d’ihram, pour retourner au Haram, pour effectuer le tawaf et le sa’y, puis pour se couper les cheveux. Cela peut prendre plus de temps si d’autres facteurs y sont ajoutés (hôtels plus loin, plus de monde, etc.) Le tawaf et le sa’y, qui sont les parties les plus grandes de la omra, nous demande de marcher pendant plus de trois heures, avec des difficultés rencontrées pendant la marche : foule, bousculade, etc.
Psychique, par le bouleversement que l’on vit, par ce qui rentre dans notre cœur et par ce qui en sort. Nous sommes constamment en invocation et cela peut devenir éprouvant, même très difficile. Surtout que, pour faire une bonne omra, il faut garder une intention intérieure. Ajoutons également à cela le calcul des tours que l’on fait, qui peut prendre une place supplémentaire dans notre mental, nous fatiguant encore plus.
Spirituellement car, après tout, la omra et le hajj agissent comme la saison de printemps dans nos cœurs. Ce qui permet à la fois de faire pousser notre religion, mais également d’ouvrir des portes intérieures, ce qui n’est pas forcément facile à encaisser.
Mais ce qui est surprenant, c’est que jamais il ne nous vient à l’esprit d’être las de tout cela. Bien au contraire, notre amour pour Allah nous donne beaucoup de force à tel point que, malgré tous ces efforts, on est capable d’enchainer plusieurs omra, de visiter d’autres lieux importants, de faire de tas d’autres choses. Par Allah, la omra est une porte qui nous mène vers Sa Proximité. Et là, aucune difficulté.
Physiquement parce que le pèlerinage nous demande beaucoup d’énergie et de ménager aussi notre journée exclusivement pour cela et pour l’adoration d’Allah. Une omra dure à approximativement quatre heures : de l’hôtel à la mosquée At Taneem (un miqat pour les Mecquois) pour rentrer en état d’ihram, pour retourner au Haram, pour effectuer le tawaf et le sa’y, puis pour se couper les cheveux. Cela peut prendre plus de temps si d’autres facteurs y sont ajoutés (hôtels plus loin, plus de monde, etc.) Le tawaf et le sa’y, qui sont les parties les plus grandes de la omra, nous demande de marcher pendant plus de trois heures, avec des difficultés rencontrées pendant la marche : foule, bousculade, etc.
Psychique, par le bouleversement que l’on vit, par ce qui rentre dans notre cœur et par ce qui en sort. Nous sommes constamment en invocation et cela peut devenir éprouvant, même très difficile. Surtout que, pour faire une bonne omra, il faut garder une intention intérieure. Ajoutons également à cela le calcul des tours que l’on fait, qui peut prendre une place supplémentaire dans notre mental, nous fatiguant encore plus.
Spirituellement car, après tout, la omra et le hajj agissent comme la saison de printemps dans nos cœurs. Ce qui permet à la fois de faire pousser notre religion, mais également d’ouvrir des portes intérieures, ce qui n’est pas forcément facile à encaisser.
Mais ce qui est surprenant, c’est que jamais il ne nous vient à l’esprit d’être las de tout cela. Bien au contraire, notre amour pour Allah nous donne beaucoup de force à tel point que, malgré tous ces efforts, on est capable d’enchainer plusieurs omra, de visiter d’autres lieux importants, de faire de tas d’autres choses. Par Allah, la omra est une porte qui nous mène vers Sa Proximité. Et là, aucune difficulté.
A La Mecque, l’humanité dans toute sa dimension
À La Mecque, nous sommes au cœur même des paradoxes : la politique rigide avec l’universalisme humain, l’adoration de Dieu avec la manifestation la plus bestiale de l’homme, la tradition avec la modernité, la difficulté avec la facilité, la laideur de la nafs avec la beauté de l’esprit, la manifestation avec le caché, etc. En somme, à La Mecque, nous expérimentons l’humanité en toute sa dimension. Et cela ne peut se faire qu’en se tournant vers Dieu. Car l’homme et sa fitra sont constitués d’adoration. Et c’est bien là que l’Homme est Homme. Par conséquent, c’est bien à Bakka que l’humain fait l’expérience de l’humanité, du singulier à l’universel, de l’adoration à l’expérience de manière beaucoup plus direct qu’ailleurs.
En aucun lieu du monde, une telle possibilité n’existe et c’est bel et bien par Sa Miséricorde que cela est possible au tour de la Kaaba. On ne peut le nier, c’est une fois après y avoir été qu’en effet, la Kaaba est la maison de Dieu. Non pas qu’il n’est exclusivement que là car rien n’est plus faux que d’affirmer cela. Mais c’est bien là que Sa Présence est la plus présente. Il est dit qu’à Jérusalem, l’esprit monte vers Allah, mais à La Mecque, c’est Allah qui descend vers nous. Et n’est-ce pas là justement que Sa Parole est descendue : le Coran ?
De toute évidence, La Mecque est un lieu où l’homme rencontre Allah, et c’est là même où il se rencontre lui-même.
*****
Eliˈel Sulaymân est écrivain, poète et penseur soufi.
Du même auteur :
L’importance de l’esthétique dans la spiritualité islamique (1/2)
Pourquoi l’esthétique fait fondamentalement partie de la voie spirituelle (2/2)
Quand la musique classique devient une alliée de la spiritualité
L’égotisme, ce mal qui ronge la valeur de la responsabilité chez l’Homme
En aucun lieu du monde, une telle possibilité n’existe et c’est bel et bien par Sa Miséricorde que cela est possible au tour de la Kaaba. On ne peut le nier, c’est une fois après y avoir été qu’en effet, la Kaaba est la maison de Dieu. Non pas qu’il n’est exclusivement que là car rien n’est plus faux que d’affirmer cela. Mais c’est bien là que Sa Présence est la plus présente. Il est dit qu’à Jérusalem, l’esprit monte vers Allah, mais à La Mecque, c’est Allah qui descend vers nous. Et n’est-ce pas là justement que Sa Parole est descendue : le Coran ?
De toute évidence, La Mecque est un lieu où l’homme rencontre Allah, et c’est là même où il se rencontre lui-même.
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Eliˈel Sulaymân est écrivain, poète et penseur soufi.
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