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Politique

Après la dissolution, l’appel de la Grande Mosquée de Paris aux musulmans à contrer l’extrême droite

Rédigé par Lina Farelli | Mardi 11 Juin 2024 à 18:45

           

Après la victoire de l'extrême droite aux élections européennes, le recteur de la Grande Mosquée de Paris appelle les imams et les cadres religieux musulmans à « se mobiliser pour rappeler à chaque fidèle l'importance de leur voix et de leur engagement citoyen », ceci afin de « contrer la montée en puissance de ceux qui prônent la division et la haine » lors des législatives prévues les 30 juin et 7 juillet prochains.



Après la dissolution, l’appel de la Grande Mosquée de Paris aux musulmans à contrer l’extrême droite
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a réitéré, lundi 10 juin, son appel aux citoyens musulmans à voter et, par-dessus tout, à empêcher l’extrême droite d’accéder au pouvoir. Cette importante prise de parole intervient au lendemain de l’annonce par le président de la République de la dissolution de l’Assemblée nationale, perçue par l'avocat comme « une décision audacieuse » qui engage le pays « dans une voie périlleuse, ouvrant ainsi les portes à l'incertitude, voire à des perspectives plus sombres ».

« Un mariage forcé sous la forme d'une cohabitation avec le parti de Le Pen constitue déjà un péril significatif pour la nation. Dans le contexte actuel, tant national qu'international, cela pourrait même paver la voie de l'Élysée aux héritiers du maréchal Pétain, nous ramenant aux heures les plus obscures de notre histoire, avec une cible bien connue », observe-t-il dans son billet hebdomadaire.

Pour un « éveil des consciences républicaines »

« Il est impératif de dépasser les querelles intestines et de se concentrer sur l'essentiel : défendre les valeurs républicaines et contrer la montée en puissance de ceux qui prônent la division et la haine, affirme le recteur. Nous ne pouvons permettre à l'histoire de se répéter. Le devoir des partis républicains est de s'opposer fermement à l'extrême droite, de proposer une alternative claire et unifiée, et de démontrer au peuple français que la grandeur de la nation réside dans son unité, sa diversité et son engagement envers la démocratie. »

Il appelle les partis républicains « à la raison » : « Il vous reste vingt jours pour prouver que vous êtes dignes de la grandeur de la France. Que vous soyez les héritiers du grand Charles de Gaulle, qui doit se retourner dans sa tombe à chaque fois qu'un représentant de l'extrême droite, ayant tenté de l'assassiner, se réclame de lui ; que vous soyez les successeurs du fin stratège François Mitterrand, maître de l'union ; ou encore du combatif Georges Marchais, dont la ténacité devrait vous inspirer, il est temps de vous ressaisir et de sauver la France. »

Alors que « le "Maghrébin", le "musulman", (…) sont devenus les boucs émissaires, les symboles de tout ce qui est perçu comme menaçant, comme étranger, comme incompatible avec une identité nationale supposément homogène », Chems-Eddine Hafiz dénonce un discours qui, « tel un refrain usé jusqu'à la corde, sert (pour des partis se proclamant républicains) de bouée de sauvetage dans leur dérive vers les eaux nauséabondes de l'extrême droite ».

Les mosquées appelées à prendre leurs responsabilités

Déplorant largement « le rôle majeur joué par les médias mainstream dans la montée en puissance de Marine Le Pen et de son mouvement »., le recteur lance « un appel solennel à l'ensemble des mosquées affiliées à la Fédération de la Grande Mosquée de Paris et au-delà » pour « sensibiliser les fidèles sur les dangers imminents qui guettent notre nation et d'encourager ceux qui se sont réfugiés dans l'abstention à prendre part activement au choix de la société qu'ils souhaitent pour demain : une société fraternelle, égalitaire et bienveillante envers tous ses enfants ».

Parce que « les lieux de culte ont toujours été des bastions de réflexion, de sagesse et de guidance morale », « ils doivent se mobiliser pour rappeler à chaque fidèle l'importance de leur voix et de leur engagement citoyen ». « La neutralité en ces temps critiques n'est pas une option ; il est de notre devoir de contribuer à la construction d'une société où chaque individu, indépendamment de sa foi, de son origine ou de sa condition sociale, peut vivre dans la dignité et la paix », estime-t-il.

« L'abstention n'est pas une neutralité, mais une abdication de leur pouvoir et de leur responsabilité » qui permet « aux forces de la division et de la haine de s'installer au cœur de notre République », martele-t-il, exhortant les imams et responsables religieux à « utiliser leur tribune pour éveiller les consciences ».

« Chacun d'entre nous, par son vote, par son engagement, peut contribuer à forger une société plus juste, plus humaine », fait-il part. Et de conclure : « Ainsi, je vous appelle à l'action, à la mobilisation, à l'éveil des consciences. Notre avenir commun en dépend. Faisons en sorte que chaque voix compte, que chaque citoyen se sente investi de la mission de défendre les valeurs républicaines, et que la France demeure une nation où règnent la paix, la justice et la fraternité pour tous ses enfants. »

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