Sur le vif

Argenteuil : une expo censurée sur l’histoire de l'immigration

Rédigé par La Rédaction | Jeudi 22 Octobre 2015 à 12:33



« Ceux qui marchent encore… » L’exposition autour du thème de l'immigration dans l’Agora de l’hôtel de ville d’Argenteuil depuis lundi 19 octobre a été démontée dès le lendemain de sa mise en place par l’Association des travailleurs maghrébins de France, (ATMF).

Le maire (LR) Georges Mothron, a exigé que quatre des 21 panneaux relatant 30 ans de luttes sociales des quartiers et de l’immigration soient tout simplement retirés. L’exposition devait pourtant marquer le grand final des 30 ans de l’ATMF.

Créée par l'association « Écho des cités » pour les 30 ans de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, l’expo rassemble des documents qui reprennent chronologiquement les luttes des travailleurs immigrés dans les années 1970, mais aussi les combats contre la double peine ou encore les mobilisations contre les lois Pasqua dans les années 1990. Il est reproché aux quatre panneaux censurés, qui correspondent à quatre périodes précises, leurs titres perçus comme provocateurs par la mairie.

Celui intitulé « Les ratonnades de bienvenue (1971-1973) » évoque ainsi les violences contre les immigrés, notamment à Marseille en 1973. « Les Noirs au four, les Arabes à la Seine » parle des affrontements à l’usine Talbot de Poissy en 1984 tandis que « Pasqua dégaine, Tonton ramasse la mise » revient sur les lois sur l’immigration de 1986 et « Racket d’un quartier en toute impunité » raconte l’épopée de la copropriété du Petit Bard, à Montpellier.

Mise à part l’opposition idéologique et politique, l’ATMF ne comprend pas la décision soudaine du maire. « La semaine dernière, l’exposition était à la médiathèque de la ville, ça s’est très bien passé. Nous avons travaillé en amont avec la ville sur le programme, c’est même elle qui a imprimé les livrets de nos 30 ans dans lesquels cet accrochage est annoncé », explique Mohamed Nemri, président de l'ATMF au Parisien.

Cependant, à la municipalité, on assure ne jamais avoir pris connaissance des affiches, et donc ne pas pouvoir les valider. Pour la ville, ces panneaux sont même « stigmatisants »... Les héritiers de l'immigration, qui auraient aimé en savoir plus sur l'histoire de leurs aïeuls, ressentent le même sentiment.

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