Points de vue

Attaque du Bardo : les Tunisiens renaissent…

Minutes de sens

Rédigé par Hamza Braiki | Samedi 21 Mars 2015 à 06:00



En ces moments terrible que vit la communauté musulmane, tiraillée en son sein et en dehors, par des dérives et des hostilités, que faire ?

Quand une communauté transfrontalière, déjà outragée par des guerres et un appauvrissement endémique est blessée dans sa chair, que faire ?

L’attaque du musée de Bardo ne nous fera pas reculer dans cette lutte pour la justice et la paix.

A titre personnel, cette attaque m’horifie, d’autant plus que je suis actuellement en Pologne (qui a compté parmi ses ressortissants 11 blessés et un mort durant l’attaque). Et on en parle, de ces dérives, mais aussi des espoirs. Du radicalisme, mais aussi des racines saines et des plants verdoyants de l’islam.

Comment oublier ces découvertes avec ma grand-mère, dans le musée du Bardo ? Elle, si fière de montrer à ses enfants la longue Histoire de sa terre, des Phéniciens à la Tunisie. C’est la Tunisie verte, millénaire, agricole, industrielle, commerçante, instruite et travailleuse. C’est aussi un peuple au grand cœur, qui sait accueillir les touristes comme les réfugiés, les hommes d’État comme les parias. Diplomatie dans le sang, la paix dans les dents, à la politesse et au sens de l’ambiance légendaires… Toucher aux touristes relève donc de la honte collective, la hchouma.

Il y a peu de pays dans le monde qui réunissent autant d’atouts. Or voilà quatre ans que l’incroyable s’est produit, servant de modèle aux peuples autrefois dirigés par des dictateurs maintenant déchus. Le peuple bouillonnant s’est saisi de l’opportunité de marquer l’Histoire par une révolution douloureuse mais bienheureuse. Puis, entre transitions, alternances, reconstruction, lutte économique, les Tunisiens continuent de prouver qu’ils en veulent, qu’ils s’engagent et qu’ils ne regrettent en rien la « si douce dictature ».

Mais voilà… Le peuple qui a subi cet outrage ne s’abandonnera pas, ni à la crainte ni à la vengeance. Ce peuple qui mena une révolution désarmée, au cours de laquelle les jeunes montraient leur torse aux snipers en y dessinant une cible, ne capitulera pas, ne changera pas…

Ce peuple qui, dès l’annonce de l’attentat, sortit dans les rues montrer son visage, sa peine, mais aussi son courage, sa quête de paix, ne changera pas…

Au-delà d’une nationalité, d’une terre ou d’un héritage, être Tunisien, c’est être soi tout en aimant l’autre, l’altérité, les aspérités. C’est croire en son avenir, malgré les peines du quotidien. C’est croire en la liberté, malgré les déceptions. C’est croire en la fraternité, malgré les trahisons.

Les Tunisiens reflètent aussi cette oumma de demain, diverse, jeune, féministe, connectée, libre et souriante, fière et apaisée…

Donc, oui, en ce jour, nous sommes tous Tunisiens, encore debout malgré le choc, et dès lors nous reconstruirons ce qu’ils ont détruit, sans dire un mot, avec le sourire, inlassablement… Car, non, on ne nous volera pas l’espoir !

Une pensée profonde au Mali, au Nigéria, à la Lybie, à la Syrie, à l’Irak, subissent la triple peine (pauvreté, guerre, fanatisme).

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Par Hamza Braiki, Tunisien de cœur