Sur le vif

Attentat à la mosquée du Minnesota : quand la Maison blanche justifie le silence de Trump

Rédigé par | Mercredi 9 Aout 2017 à 15:57



En voilà un silence qui fait du bruit. Depuis l’attentat à la bombe qui a touché une mosquée de Bloomington, dans le Minnesota, samedi 5 août, le président Donald Trump a pris le temps de tweeter une trentaine de fois. Très prolixe sur ce réseau social, le milliardaire excentrique n’a néanmoins toujours pas pris la peine d’adresser un message aux fidèles du Centre islamique Dar al-Farooq.

Le Département de la sécurité intérieure a condamné l’attaque mais la Maison Blanche reste à ce jour silencieuse. Sebastien Gorka, adjoint à la Sécurité nationale, a justifié ce silence par une volonté de prudence de la part du sommet de l’Etat.

Selon lui, le président attendrait d’en savoir plus sur les motivations idéologiques des auteurs de l’attaque. « Nous avons eu une série de crimes attribués à l’extrême droite lors des six derniers mois mais dont on sait aujourd’hui qu’ils sont l’œuvre de la gauche », explique-t-il.

Pourtant, à l'occasion d'événements dramatiques sur le sol américain ou à l'étranger ces derniers mois, Donald Trump n'a pas fait montre d'une grande patience pour dénoncer, sur Twiiter et lors de prises de parole publique, des attaques dès lors qu'elles semblait liées au terrorisme dit islamiste.

Un silence jugé complice

Pour Abdu Llahi, bénévole au Centre islamique Dar al-Farooq, si Donald Trump avait adressé un message de compassion, « cela aurait pu ouvrir un dialogue national ». « Cela pourrait changer la donne, s’il parlait de cette affaire. Cela montrerait qu’il n’est pas le président d’un groupe de personnes mais des Etats-Unis dans leur ensemble », ajoute-t-il, cité par Politico.

Ibrahm Hooper, directeur national de la communication du Conseil des relations américano-islamiques (CAIR), estime que le président « doit s’exprimer contre ce type d’événements (terroristes) parce que ceux qui le soutiennent prennent ce silence comme un soutien tacite » aux auteurs de l'attentat. « Il a le temps pour tweeter sur les députés, sur les médias, mais il n’a pas le temps de dénoncer les attaques contre la communauté musulmane », déplore-t-il.

Le CAIR a récemment démontré à travers une étude que les actes islamophobes ont augmenté de 584 % entre 2014 et 2016.

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