Avec pour joueurs vedettes Didier Drogba pour la Côte d’Ivoire, Karim Ziani pour l’Algérie ou encore Gedo pour l’Égypte − le remplaçant en or qui a permis aux Pharaons de remporter la victoire avec un but marqué in extremis face au Ghana −, la Coupe d’Afrique des nations (CAN) a fermé le ban le 31 janvier, après trois semaines de compétition en Angola.
Une performance historique pour l’équipe d’Ahmed Hassan qui décroche la Coupe pour la troisième fois consécutive, record à battre désormais, mais singulière aussi, puisqu’elle ne disputera pas le prochain Mondial, qui aura lieu du 11 juin au 11 juillet prochain, en Afrique du Sud. « Un accident de parcours », a minimisé son gardien de but Al Hadari, rappelant que quatre mondialistes (le Nigéria, le Cameroun, l’Algérie et le Ghana) avaient été battus par les Égyptiens.
Une performance historique pour l’équipe d’Ahmed Hassan qui décroche la Coupe pour la troisième fois consécutive, record à battre désormais, mais singulière aussi, puisqu’elle ne disputera pas le prochain Mondial, qui aura lieu du 11 juin au 11 juillet prochain, en Afrique du Sud. « Un accident de parcours », a minimisé son gardien de but Al Hadari, rappelant que quatre mondialistes (le Nigéria, le Cameroun, l’Algérie et le Ghana) avaient été battus par les Égyptiens.
Invisible sur les chaînes nationales et sportives puisque l’opérateur Orange en détenait les droits exclusifs de diffusion, jamais la CAN n’aura cependant autant fait parler d’elle ni suscité un tel engouement chez les Français d’origine maghrébine. En cause, l’incroyable parcours de l’équipe d’Algérie, qui a offert à ses supporters de spectaculaires victoires, tout au long de la compétition, malgré sa défaite face à l’Égypte trois jours avant la finale.
Point d’orgue de cette irrésistible ascension, le match de quart de finale du 24 janvier, au cours duquel les Fennecs éliminent par 3 buts à 2 les Ivoiriens, donnés parmi les favoris de cette Coupe.
Ce soir-là, d’Alger à Barbès, en passant par Marseille, les Algériens mais plus généralement les Maghrébins et bon nombre d’Africains laissent éclater leur joie, les couleurs vert-blanc-rouge flottant dans des rues envahies par une foule euphorique et fière de la réussite. « Ça va bien au-delà du foot, explique Nordine, jeune Parisien d’origine algérienne. C’est la première fois depuis vingt ans que les Algériens ont la possibilité d’exprimer ensemble leur joie, et c’est le foot qui la leur donne. Il faut comprendre que, depuis les événements des années 1990, ils n’ont pas leur liberté d’expression, c’est pour cela qu’ils explosent aujourd’hui. Ici, en France, on partage ce sentiment avec eux, on a envie de vibrer avec notre pays d’origine. »
Point d’orgue de cette irrésistible ascension, le match de quart de finale du 24 janvier, au cours duquel les Fennecs éliminent par 3 buts à 2 les Ivoiriens, donnés parmi les favoris de cette Coupe.
Ce soir-là, d’Alger à Barbès, en passant par Marseille, les Algériens mais plus généralement les Maghrébins et bon nombre d’Africains laissent éclater leur joie, les couleurs vert-blanc-rouge flottant dans des rues envahies par une foule euphorique et fière de la réussite. « Ça va bien au-delà du foot, explique Nordine, jeune Parisien d’origine algérienne. C’est la première fois depuis vingt ans que les Algériens ont la possibilité d’exprimer ensemble leur joie, et c’est le foot qui la leur donne. Il faut comprendre que, depuis les événements des années 1990, ils n’ont pas leur liberté d’expression, c’est pour cela qu’ils explosent aujourd’hui. Ici, en France, on partage ce sentiment avec eux, on a envie de vibrer avec notre pays d’origine. »
Une ferveur partagée
Cette ferveur a démarré bien avant la CAN, avec, bien sûr, la qualification en novembre dernier de l’Algérie au prochain Mondial. Un méga- événement puisque, depuis vingt quatre ans, l’équipe d’Algérie n’avait plus participé à une Coupe du monde.
« L’engouement autour de cette équipe correspond à une grosse frustration sportive accumulée depuis des années », explique Jamel Sandjak, président du District de football de la Seine-Saint-Denis, où il est né, lui-même originaire d’Algérie et ancien footballeur de haut niveau. Et pour cette figure du foot hexagonal, qui touche 1 million de personnes en Seine-Saint-Denis (les deux tiers de la population) à travers les 35 000 licenciés du département, les jeunes qui se passionnent pour l’équipe d’Algérie sont tout aussi motivés par les résultats de l’équipe de France − un « modèle de diversité », selon Jamel − et les performances de leur propre club.
Même si, estime-t-il, « la réussite de ces grands joueurs est un moyen pour eux d’exister positivement car ils ont l’impression de n’être pas reconnus ici ». « L’ensemble des Maghrébins de France s’accapare cette réussite, parce qu’ils partagent les mêmes frustrations, un rejet lié au patronyme, des difficultés pour trouver un travail et un appartement. On est solidaires dans l’échec comme dans les belles choses. »
Une fierté qui contrebalance un sentiment de rejet éprouvé dans la France de 2010 ? Pour Marwan Muhammad, auteur de Foul Express*, qui sans être fan de foot a la particularité d’être né en France d’un père égyptien et d’une mère algérienne, « c’est un combat émotionnel qui se livre dans le cœur des supporters ». « Il y a, d’un côté, la France qu’ils connaissent : elle leur cause parfois des ennuis, elle a du mal à leur montrer son amour. Et, de l’autre, une Algérie idéalisée qui leur procure un sentiment d’appartenance très fort. »
Mais le financier ne digère pas pour autant la violence qu’ont déchaînée les rencontres entre l’Égypte et l’Algérie pour la qualification au Mondial. Après l’agression des joueurs algériens au Caire − leur bus a été caillassé par des supporters égyptiens −, une animosité s’est développée ici aussi entre les partisans des uns ou des autres. « Le football est instrumentalisé par les pouvoirs politiques, estime-t-il. Les matchs provoquent un effet de diversion, qui crée des divisions et de l’opposition entre les gens, et les éloigne de leurs soucis du quotidien. »
Un point de vue à méditer des deux côtés de la Méditerranée… Reste que, malgré ces débordements déplorés par la majorité, cette CAN a su aussi faire naître de beaux moments de bonheur partagé et le sentiment que, sur le terrain comme ailleurs, la volonté et la solidarité peuvent faire déplacer des montagnes.
* Foul Express : petit traité de déconstruction du système financier, Éd. Sentinelles, 2009.
« L’engouement autour de cette équipe correspond à une grosse frustration sportive accumulée depuis des années », explique Jamel Sandjak, président du District de football de la Seine-Saint-Denis, où il est né, lui-même originaire d’Algérie et ancien footballeur de haut niveau. Et pour cette figure du foot hexagonal, qui touche 1 million de personnes en Seine-Saint-Denis (les deux tiers de la population) à travers les 35 000 licenciés du département, les jeunes qui se passionnent pour l’équipe d’Algérie sont tout aussi motivés par les résultats de l’équipe de France − un « modèle de diversité », selon Jamel − et les performances de leur propre club.
Même si, estime-t-il, « la réussite de ces grands joueurs est un moyen pour eux d’exister positivement car ils ont l’impression de n’être pas reconnus ici ». « L’ensemble des Maghrébins de France s’accapare cette réussite, parce qu’ils partagent les mêmes frustrations, un rejet lié au patronyme, des difficultés pour trouver un travail et un appartement. On est solidaires dans l’échec comme dans les belles choses. »
Une fierté qui contrebalance un sentiment de rejet éprouvé dans la France de 2010 ? Pour Marwan Muhammad, auteur de Foul Express*, qui sans être fan de foot a la particularité d’être né en France d’un père égyptien et d’une mère algérienne, « c’est un combat émotionnel qui se livre dans le cœur des supporters ». « Il y a, d’un côté, la France qu’ils connaissent : elle leur cause parfois des ennuis, elle a du mal à leur montrer son amour. Et, de l’autre, une Algérie idéalisée qui leur procure un sentiment d’appartenance très fort. »
Mais le financier ne digère pas pour autant la violence qu’ont déchaînée les rencontres entre l’Égypte et l’Algérie pour la qualification au Mondial. Après l’agression des joueurs algériens au Caire − leur bus a été caillassé par des supporters égyptiens −, une animosité s’est développée ici aussi entre les partisans des uns ou des autres. « Le football est instrumentalisé par les pouvoirs politiques, estime-t-il. Les matchs provoquent un effet de diversion, qui crée des divisions et de l’opposition entre les gens, et les éloigne de leurs soucis du quotidien. »
Un point de vue à méditer des deux côtés de la Méditerranée… Reste que, malgré ces débordements déplorés par la majorité, cette CAN a su aussi faire naître de beaux moments de bonheur partagé et le sentiment que, sur le terrain comme ailleurs, la volonté et la solidarité peuvent faire déplacer des montagnes.
* Foul Express : petit traité de déconstruction du système financier, Éd. Sentinelles, 2009.
Double peine pour les Togolais
Pour l’équipe du Togo, cette édition se termine avec une double peine : victime d’un attentat séparatiste à Cabinda, où se disputaient une partie des matchs de la CAN, la délégation togolaise a perdu trois personnes avant de rentrer au pays à la demande de ses autorités, sans participer à la compétition. Pour toute empathie, la Confédération africaine de football vient de faire savoir qu’elle suspendait le Togo pour les deux prochaines CAN, en raison d’« interférences gouvernementales ».
Pour l’équipe du Togo, cette édition se termine avec une double peine : victime d’un attentat séparatiste à Cabinda, où se disputaient une partie des matchs de la CAN, la délégation togolaise a perdu trois personnes avant de rentrer au pays à la demande de ses autorités, sans participer à la compétition. Pour toute empathie, la Confédération africaine de football vient de faire savoir qu’elle suspendait le Togo pour les deux prochaines CAN, en raison d’« interférences gouvernementales ».