Sur le vif

Autriche: une prévenue voilée exclue de son procès pour terrorisme

| Lundi 3 Mars 2008 à 19:46



Une jeune Autrichienne, jugée pour appartenance à un groupe terroriste, a été exclue lundi de la salle d'audience à l'ouverture de son procès à Vienne car elle refusait de retirer devant les magistrats le voile noir la recouvrant de la tête aux pieds.

De confession musulmane, Mona S., 21 ans, comparaît avec son mari Mohamed M., 22 ans, notamment pour «appartenance à une organisation terroriste».

Tous deux sont accusés d'avoir diffusé sur internet en mars 2007 une vidéo appelant à des attentats en Autriche et en Allemagne. Ils avaient été arrêtés en septembre et placés en détention préventive.

Les enquêteurs soupçonnent ces deux Autrichiens, issus de familles originaires de pays arabes, d'avoir été «en contact avec des réseaux d'Al-Qaeda», notamment le «Front médiatique global islamiste», GIMF en allemand. Les deux accusés plaident non coupables.

Le président du tribunal a expliqué que les jurés n'étaient pas en mesure de juger la crédibilité de l'accusée s'ils ne peuvent voir son visage en entier.

La jeune femme a refusé d'enlever son voile, qui ne laissait apparaître que ses yeux, en expliquant qu'il «y avait trop d'hommes» dans la salle. Selon elle, «le droit islamique lui impose le port du voile». Elle a donc été contrainte de quitter les lieux.

Selon le parquet, la vidéo incriminée, signée du «Front médiatique global islamiste», évoquait plusieurs cibles dont le championnat d'Europe de football que l'Autriche organise en juin avec la Suisse, ainsi que des hommes politiques autrichiens et étrangers.

La jeune femme aurait servi de traductrice des messages islamistes.

Les enquêteurs étaient remontés jusqu'à eux en vérifiant quels ordinateurs avaient consulté la page d'accueil du ministère de la Défense, d'où ils avaient téléchargé des photos contenues dans la vidéo.

L'avocat de Mohamed M., Lennart Binder a affirmé durant l'audience que les enquêteurs avaient pénétré dans l'appartement du couple ajoutant qu'ils y avaient «manipulé» l'ordinateur personnel de son client.

Il a ajouté qu'il «n'y avait pas la moindre preuve» de l'appartenance de son client à la mouvance terroriste Al Qaïda alors que selon le procureur Mohamed M. a été responsable de la rédaction sous forme de propagande des messages dictés par le GIMF.

Mohamed M. lui-même a précisé qu'une centaine de personnes participaient à la plateforme internet de ce Front qu'il a qualifié de «seule organisation médiatique qui dise la vérité».

Il a reconnu avoir fabulé lors de forums de discussions sur ce site, en ayant notamment fait passer son père pour un «terroriste à la retraite» ou en ayant prétendu avoir été blessé en Irak, alors qu'il s'agissait d'une cicatrice d'un accident de football et qu'il ne s'était jamais rendu en Irak.

L'accusé a rejeté toute responsabilité ou complicité dans la fabrication de la vidéo qui menaçait l'Allemagne et l'Autriche d'attentats si les deux pays ne retiraient pas leurs troupes d'Afghanistan.

Les prévenus risquent de un à dix ans de prison. Le verdict est attendu pour mercredi à l'issue de ce procès placé sous haute sécurité.