Religions

Avant la COP 27, des prêches verts pour sensibiliser les musulmans aux défis du changement climatique

Rédigé par Lina Farelli | Jeudi 3 Novembre 2022 à 12:30

Et si les mosquées consacraient des prêches du vendredi à la question du climat et de l’écologie ? Une poignée de lieux de culte musulmans en France ont entendu l’appel lancé par l’organisation interreligieuse GreenFaith avec Saphirnews avant la venue de la COP 27, organisée en Egypte du 6 au 18 novembre. Illustration.



© Deposit Photos
Dans le Rhône, la grande mosquée de Vaulx-en-Velin veut sensibiliser ses fidèles aux défis imposés par le changement climatique. L’appel lancé ici aux lieux de culte musulmans à faire des « prêches verts » avant la Conférence de Charm el-Cheikh sur les changements climatiques, dite COP 27, est tombé à point nommé pour Chana Benaïssa. L’imam de la mosquée Okba s’est alors décidé à consacrer sa khotba du vendredi 21 octobre à « la préservation de l'environnement et son rôle dans le développement de la société selon la vision islamique ».

L’islam, par « ses fondements, ses règles et ses principes », a voulu que l’humanité réalise « la juste relation qui préserve la planète et l'aide à jouer son rôle », a commencé par déclarer l’imam à ses fidèles, indiquant que « Dieu Tout-Puissant met en garde les gens contre les actions et les pratiques qu'ils commettent contre leur environnement ».

« Dieu Tout-Puissant a créé l'Homme et l'a honoré parmi toutes les créatures en mettant à sa disposition tout ce qui est dans l'univers et sur terre afin que l'Homme puisse y vivre sans difficultés et sans obstacles. De nombreux versets parlent de cette bénédiction afin que la personne se souvienne de son devoir envers elle et s'efforce de la préserver et de consolider la conscience environnementale de chacun pour sauver les êtres vivants et l'être humain de la souffrance », a-t-il rappelé avec des versets coraniques.

Une incitation aux fidèles à multiplier les bonnes actions

« Il existe des contrôles et des règles dans l’islam qui définissent les comportements environnementaux pour assurer la réalisation d’une relation saine et équilibrée entre l’homme et son environnement afin que la vie puisse continuer sans inconvénients ni problèmes », a poursuivi Chana Benaïssa, citant l'appel à la modération, le rejet du gaspillage ou encore l'interdiction de la corruption, « qui est tout comportement humain qui corrompt les bénédictions de Dieu et les transforme d'une source de bénéfice et de vie en une source de danger ».

La religion musulmane, qui « exige que le musulman traite les composantes de l'environnement avec amour et coopération (…) afin de ne pas être exposé à la colère de Dieu », « ne s'est pas arrêtée aux recommandations de la préservation mais au-delà, vers le développement et la réforme » car « l'islam encourage l'action, la contemplation et la recherche des secrets de l'univers ».

« Parce que l'eau est la base de la vie et la source de tout », il importe aussi de la préserver : « Les plantes, les animaux et les humains sont liés à la présence d'eau, et la poursuite de leur vie dépend de la disponibilité de l'eau. Il est donc nécessaire de lutter contre toutes les tentatives visant le gaspillage de l'eau ou sa pollution, car la pollution en elle-même perturbe la fonction de l'eau en tant que base de la vie. »

L’importance du recours à la prière martelée

Sur le plan cultuel, Chana Benaïssa incite enfin ses fidèles à prier et à invoquer le Créateur car « la multiplication du repentir et le recours à Dieu est un facteur important pour augmenter et développer les ressources de l'environnement ». Dans la sourate Noé, versets 10-12, Dieu dit : « J'ai donc dit: "Implorez le pardon de votre Seigneur, car Il est grand Pardonneur, pour qu'Il vous envoie du ciel, des pluies abondantes, et qu'Il vous accorde beaucoup de biens et d'enfants, et vous donne des jardins et vous donne des rivières." »

« L'obéissance, les bonnes actions et la piété sont un chemin vers le bien et la bénédiction, et la désobéissance et les mauvaises actions sont un moyen de détruire la bénédiction et (de rendre) la subsistance étroite »
, a-t-il conclu avant de lancer la prière.

Un prêche qui pourrait en inspirer d’autres ? Passée la COP 27, l’appel initié par la militante écologiste Zohra Abib-Boulif n’en demeurera pas moins pertinent tant le défi climatique est d’actualité. Il est l’affaire de tous.

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