Michel Chodkiewicz s’en est allé rejoindre son Créateur. Ce spécialiste français du soufisme est mort, mardi 31 mars, à l’âge de 90 ans. De ses dernières années, nous en savons très peu. Son retrait de la vie publique à la fin des années 1990 s’est accompagné de deux décennies frappées du sceau de la discrétion s'agissant des activités qu'il a choisi de mener.
Cette personnalité des mondes de l’édition et du savoir académique, issu d’une famille aristocrate catholique d’origine polonaise installée en France depuis le XIXe siècle, a très tôt marqué son intérêt pour l’islam. Michel Chodkiewicz s’était ainsi converti à l’âge de 17 ans, une religion dont il a su approfondir ses connaissances au cours de ses voyages effectués durant ses jeunes années d’adulte au Maghreb et au Proche-Orient.
Cette personnalité des mondes de l’édition et du savoir académique, issu d’une famille aristocrate catholique d’origine polonaise installée en France depuis le XIXe siècle, a très tôt marqué son intérêt pour l’islam. Michel Chodkiewicz s’était ainsi converti à l’âge de 17 ans, une religion dont il a su approfondir ses connaissances au cours de ses voyages effectués durant ses jeunes années d’adulte au Maghreb et au Proche-Orient.
Une admiration sans conteste pour Ibn Arabi
Son intérêt marqué pour le soufisme a conduit Michel Chodkiewicz à devenir, au fil du temps, un fin connaisseur des œuvres du grand penseur mystique Ibn Arabi (1165-1240) grâce à Michel Valsan (1907-1974), fondateur des études akbariennes en Occident, Ibn Arabi étant surnommé le « Grand Maître » (Cheikh al-Akbar). Il en a ainsi consacré plusieurs ouvrages, les deux principaux étant Le Sceau des Saints, Prophétie et Sainteté dans la doctrine d’Ibn ‘Arabî (Gallimard, 1986, réédité en 2012) et Un Océan sans rivage. Ibn ‘Arabî, le Livre et la Loi (Seuil, 1992).
Michel Chodkiewicz a également dirigé une anthologie de textes sur Ibn Arabi intitulé Les Illuminations de La Mecque, textes choisis des Futûhât Makkiyya (Sindbad, 1988).
Dans la lignée de son travail autour d'Ibn Arabi, il s’est longuement penché sur l’œuvre de l’émir Abdelkader pour qui il consacre un livre, Émir Abd el-Kader, Écrits spirituels (Seuil, 1982, rééd. 1994). Pour la fondation Conscience soufie qui lui a rendu hommage mercredi 1er avril, il s’agit de « la meilleure présentation doctrinale du « Kitâb al-Mawâqif » (« Le Livre des Haltes ») de ce grand disciple d’Ibn ‘Arabi que fut l’émir ».
Président-directeur général des éditions du Seuil de 1977 à 1989 et fondateur de la revue L’Histoire en 1978, « il entreprit de redéfinir la vocation du Seuil dans les domaines intellectuel et éditorial, parvenant à préserver l’indépendance d’une maison plutôt non- conformiste et ne bénéficiant de l’appui d’aucun grand groupe », expliquait Geneviève Gobillot, professeur d’islamologie et de civilisation arabo-musulmane à l'université Lyon III, dans un article d’hommage paru en 1996 sous le nom « Michel Chodkiewicz : itinéraires » dans Horizons Maghrébins.
D’abord chargé de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Michel Chodkiewicz en devient directeur d’études entre 1991 et 1996 après son départ du Seuil. C’est dans ce prestigieux lieu de l’enseignement et de la recherche qu’il y anima de nombreux séminaires autour de la pensée akbarienne et de l'histoire de la sainteté dans les sociétés musulmanes arabophones.
Dans la lignée de son travail autour d'Ibn Arabi, il s’est longuement penché sur l’œuvre de l’émir Abdelkader pour qui il consacre un livre, Émir Abd el-Kader, Écrits spirituels (Seuil, 1982, rééd. 1994). Pour la fondation Conscience soufie qui lui a rendu hommage mercredi 1er avril, il s’agit de « la meilleure présentation doctrinale du « Kitâb al-Mawâqif » (« Le Livre des Haltes ») de ce grand disciple d’Ibn ‘Arabi que fut l’émir ».
Président-directeur général des éditions du Seuil de 1977 à 1989 et fondateur de la revue L’Histoire en 1978, « il entreprit de redéfinir la vocation du Seuil dans les domaines intellectuel et éditorial, parvenant à préserver l’indépendance d’une maison plutôt non- conformiste et ne bénéficiant de l’appui d’aucun grand groupe », expliquait Geneviève Gobillot, professeur d’islamologie et de civilisation arabo-musulmane à l'université Lyon III, dans un article d’hommage paru en 1996 sous le nom « Michel Chodkiewicz : itinéraires » dans Horizons Maghrébins.
D’abord chargé de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Michel Chodkiewicz en devient directeur d’études entre 1991 et 1996 après son départ du Seuil. C’est dans ce prestigieux lieu de l’enseignement et de la recherche qu’il y anima de nombreux séminaires autour de la pensée akbarienne et de l'histoire de la sainteté dans les sociétés musulmanes arabophones.
Des témoignages de respect très appuyés
« Michel Chodkiewicz, en aidant à mieux connaître la spiritualité des soufis et, en particulier celle du grand maître andalou, présente effectivement plusieurs "itinéraires" à ses lecteurs et à ses auditeurs et leur transmet en même temps le message du Shaykh al-Akbar selon lequel, en dépit de la diversité et des réelles différences qui caractérisent les chemins de ce monde, le but est unique pour ceux qui les empruntent, chacun ayant à suivre, précisément, un itinéraire qui lui est personnel », expliquait alors Geneviève Godillot lorsqu’il prit sa retraite de la direction de l’EHESS en 1996. « Nous lui exprimons pour cela une fois encore notre gratitude. »
Joint par Saphirnews, Ghaleb Bencheikh garde de Michel Chodkiewicz « un homme d’une grande qualité humaine, un homme affable, à l’écoute et très courtois ». « J’ai aussi été frappé par sa très grande rigueur intellectuelle. Ses travaux et ses recherches sur Ibn Arabi ont permis de rétablir des vérités sur le Cheikh Al-Akbar comme d’un métaphysicien de portée universelle », affirme le président de la Fondation de l’islam de France (FIF), pour qui Michel Chodkiewicz était « une autorité morale et intellectuelle » pour de nombreux islamologues.
Joint par Saphirnews, Ghaleb Bencheikh garde de Michel Chodkiewicz « un homme d’une grande qualité humaine, un homme affable, à l’écoute et très courtois ». « J’ai aussi été frappé par sa très grande rigueur intellectuelle. Ses travaux et ses recherches sur Ibn Arabi ont permis de rétablir des vérités sur le Cheikh Al-Akbar comme d’un métaphysicien de portée universelle », affirme le président de la Fondation de l’islam de France (FIF), pour qui Michel Chodkiewicz était « une autorité morale et intellectuelle » pour de nombreux islamologues.
Même son de cloche du côté du spécialiste du soufisme Eric Geoffroy, qui a connu Michel Chodkiewicz dans les années 1990 lorsqu'il travaillait sur sa thèse consacrée au soufisme en Egypte et en Syrie.
Outre sa rigueur intellectuelle mais aussi « spirituelle », l'auteur de « Allah au féminin » tient en respect Michel Chodkiewicz qu'il décrit comme « un homme d’une très grande érudition, un autodidacte et un bon conseiller ». « Il avait aussi beaucoup d’humour, très fin, celui qu’ont les êtres spirituels, qui savent prendre du recul sur la vie immédiate », précise Eric Geoffroy, qui conserve aujourd’hui précieusement ses échanges épistolaires.
De ses enfants, c’est Claude Addas, bien imprégnée des travaux de son père, qui a « pris sa suite avec brio », des mots de Ghaleb Bencheikh. Après avoir consacré sa thèse sur Ibn Arabi, Claude Addas est auteure de Ibn 'Arabî ou la quête du soufre rouge (Gallimard, 1989) et, plus récemment, de La Maison muhammadienne. Aperçus de la dévotion au Prophète en mystique musulmane (Gallimard, 2015), résumé ainsi par l’éditeur : « Le trésor mystique dont le Prophète est la source et l'interprète exemplaire a de multiples héritiers qui en assurent la garde et en perpétuent la fécondité », faisant ainsi rayonner la « Maison muhammadienne ». Michel Chodkiewicz était, pour ses disciples et admirateurs, de ceux-là. Paix à son âme.
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De ses enfants, c’est Claude Addas, bien imprégnée des travaux de son père, qui a « pris sa suite avec brio », des mots de Ghaleb Bencheikh. Après avoir consacré sa thèse sur Ibn Arabi, Claude Addas est auteure de Ibn 'Arabî ou la quête du soufre rouge (Gallimard, 1989) et, plus récemment, de La Maison muhammadienne. Aperçus de la dévotion au Prophète en mystique musulmane (Gallimard, 2015), résumé ainsi par l’éditeur : « Le trésor mystique dont le Prophète est la source et l'interprète exemplaire a de multiples héritiers qui en assurent la garde et en perpétuent la fécondité », faisant ainsi rayonner la « Maison muhammadienne ». Michel Chodkiewicz était, pour ses disciples et admirateurs, de ceux-là. Paix à son âme.
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