Sur les rives de la Méditerranée, dans la région d'Antalya, les stations balnéaires sont réputées pour leur clientèle de Russes dénudées, de touristes européens amateurs de bière et de soirées mousse en boîtes de nuit. Au Sah Inn Paradise aussi, de jeunes femmes en maillot de bain se déhanchent au bord de la piscine sur les rythmes du dernier tube à la mode. Mais, à la différence des autres établissements, le bassin de cet hôtel islamique est entouré d'une palissade pour la protéger des regards masculins. «Je m'y sens à l'aise, je fais bronzette comme je veux», raconte Havva, une ravissante Turque, qui a troqué son deux-pièces pour un pantalon ample et un foulard orange vif dès sa sortie du complexe réservé aux femmes.
Pas d'alcool, pas de mixité dans les piscines, ni dans la discothèque, ce «club de vacances alternatif» s'adresse à un public musulman conservateur. «L'endroit est épatant, s'enthousiasme Ahmet, un directeur d'usine de 63 ans. Il correspond à mon mode de vie, respecte mes valeurs religieuses. Dans les chambres, il y a un coran, un tapis de prière et la direction de La Mecque est indiquée.»
Le développement des hôtels islamiques reste encore modeste en Turquie, mais le secteur a enregistré une croissance rapide ces dernières années. Le premier hôtel de ce type, le «Caprice», a ouvert en 1995. Il y en a aujourd'hui 26.
Pas d'alcool, pas de mixité dans les piscines, ni dans la discothèque, ce «club de vacances alternatif» s'adresse à un public musulman conservateur. «L'endroit est épatant, s'enthousiasme Ahmet, un directeur d'usine de 63 ans. Il correspond à mon mode de vie, respecte mes valeurs religieuses. Dans les chambres, il y a un coran, un tapis de prière et la direction de La Mecque est indiquée.»
Le développement des hôtels islamiques reste encore modeste en Turquie, mais le secteur a enregistré une croissance rapide ces dernières années. Le premier hôtel de ce type, le «Caprice», a ouvert en 1995. Il y en a aujourd'hui 26.
«Classe supérieure musulmane»
Au départ, ces lieux de villégiature étaient surtout prisés des Turcs de l'étranger au fort pouvoir d'achat. Ils attirent désormais une clientèle locale. Comme la bourgeoisie laïque, «la classe supérieure musulmane émergente consomme, veut passer des vacances à la mer, c'est un symbole de modernité», analyse la sociologue Nilüfer Narli. Le mode de vie islamique gagne en visibilité et s'installe aujourd'hui dans de nouveaux espaces.»
Cette tendance touristique en expansion renforce les craintes des Turcs qui accusent l'AKP (Parti de la justice et du développement, au pouvoir) de chercher à islamiser la société. L'argument ne convainc pas Yusuf Yücel, manager du Sah Inn Paradise : «Nous vendons des vacances, pas de la religion. Nous répondons à une demande qui a toujours existé, celle de la partie conservatrice de la population qui ne partait pas en vacances car elle ne trouvait pas une offre adéquate.»
En Turquie, les femmes voilées qui ne veulent pas exposer leur corps rencontrent des difficultés pour concilier baignade et pudeur religieuse sur les plages. Bien souvent, elles restent assises tout habillées sous un parasol. Elles peuvent aussi porter un hashema, une combinaison qui ne laisse dépasser que les pieds, les mains et le visage. Mais le maillot de bain islamique est mal vu sur les plages fréquentées par les laïques turcs.
Emmitouflée dans sa tunique intégrale rose bonbon, Türkan étale sa serviette à côté du ponton du Sah Inn Paradise. «C'est la solution pour à la fois nager dans la mer et respecter l'islam.» Depuis que cette gynécologue allemande de 33 ans et son mari ingénieur ont découvert ce concept hôtelier, ils y séjournent chaque année : «Avant, l'été, nous en étions réduits à tourner dans Istanbul, c'était lassant.»
Le hashema ne ravit pas toutes les clientes. «J'ai essayé, avec l'eau ça gonfle, c'est atroce», rigole Aysegül, une jeune Stambouliote, qui porte le foulard. La piscine ne lui plaît pas tellement non plus : elle est bondée. Dans les hôtels islamiques, les bassins pour les femmes sont souvent bien plus petits que ceux réservés à la gent masculine.
Cette tendance touristique en expansion renforce les craintes des Turcs qui accusent l'AKP (Parti de la justice et du développement, au pouvoir) de chercher à islamiser la société. L'argument ne convainc pas Yusuf Yücel, manager du Sah Inn Paradise : «Nous vendons des vacances, pas de la religion. Nous répondons à une demande qui a toujours existé, celle de la partie conservatrice de la population qui ne partait pas en vacances car elle ne trouvait pas une offre adéquate.»
En Turquie, les femmes voilées qui ne veulent pas exposer leur corps rencontrent des difficultés pour concilier baignade et pudeur religieuse sur les plages. Bien souvent, elles restent assises tout habillées sous un parasol. Elles peuvent aussi porter un hashema, une combinaison qui ne laisse dépasser que les pieds, les mains et le visage. Mais le maillot de bain islamique est mal vu sur les plages fréquentées par les laïques turcs.
Emmitouflée dans sa tunique intégrale rose bonbon, Türkan étale sa serviette à côté du ponton du Sah Inn Paradise. «C'est la solution pour à la fois nager dans la mer et respecter l'islam.» Depuis que cette gynécologue allemande de 33 ans et son mari ingénieur ont découvert ce concept hôtelier, ils y séjournent chaque année : «Avant, l'été, nous en étions réduits à tourner dans Istanbul, c'était lassant.»
Le hashema ne ravit pas toutes les clientes. «J'ai essayé, avec l'eau ça gonfle, c'est atroce», rigole Aysegül, une jeune Stambouliote, qui porte le foulard. La piscine ne lui plaît pas tellement non plus : elle est bondée. Dans les hôtels islamiques, les bassins pour les femmes sont souvent bien plus petits que ceux réservés à la gent masculine.
«Comme une fausse note»
C'est cette discrimination que dénonce Nihal Bengisu Karaca. Officiellement, ce type d'établissement «prend la femme comme référence, mais le but principal consiste à répondre aux besoins des hommes», estime cette journaliste voilée qui a testé toutes les formules pour tenter d'accorder plaisirs balnéaires et foi. Sa conclusion est sans appel : une femme voilée en vacances «est comme un soliste qui fait une fausse note dans un concert». Elle a fait une croix sur les séjours à la mer.
Aysegül, elle, a résolu le problème d'une autre manière. «Avec mon mari, nous sommes là pour faire plaisir à ma famille.» Mais ils s'ennuient ferme. «La semaine dernière, nous avons fait de la randonnée, nous nous baignions dans des criques, c'était génial. Nous avions laissé notre conservatisme de côté. Mon corps aussi a besoin de vitamine D et de soleil !» Le couple envisage de filer à l'anglaise pour aller dîner dans un restaurant animé de la ville voisine. La ségrégation dans un hôtel islamique, très peu pour eux.
Laure Marchand
LeFigaro.fr
Aysegül, elle, a résolu le problème d'une autre manière. «Avec mon mari, nous sommes là pour faire plaisir à ma famille.» Mais ils s'ennuient ferme. «La semaine dernière, nous avons fait de la randonnée, nous nous baignions dans des criques, c'était génial. Nous avions laissé notre conservatisme de côté. Mon corps aussi a besoin de vitamine D et de soleil !» Le couple envisage de filer à l'anglaise pour aller dîner dans un restaurant animé de la ville voisine. La ségrégation dans un hôtel islamique, très peu pour eux.
Laure Marchand
LeFigaro.fr