Je ne suis pas chrétien et j’ai souvent été en désaccord avec les positions théologiques ou les interprétations historiques du Pape Benoît XVI. Sur le fond comme sur la forme au demeurant.
Je l’ai rencontré à deux reprises. La première fois en tant que Cardinal Joseph Ratzinger et la seconde, à Rome, en tant que Pape, dans le cadre de dialogues interreligieux. Je l’ai beaucoup lu et écouté de surcroît.
L’homme m’a impressionné par son savoir, sa rigueur intellectuelle et la profondeur de ses analyses. Derrière un visage aux expressions parfois distantes, froides, et une attitude d’introverti, il dégageait une bonté et une douceur surprenantes. Et il m’a surpris de façon contradictoire. Malgré des désaccords de fond, et profonds, j’ai toujours eu un respect pour l’homme, son intelligence, sa générosité, et un courage certain. Il n’a jamais eu peur de dire ce qu’il pensait être juste même contre l’avis de ses opposants, ou des opinions majoritaires. Dans sa dernière fonction, il semblait parfois en décalage, offrant davantage la pensée profonde, voire sombre, d’un théologien que le message visionnaire et nourri d’espérance d’un Pape.
Aujourd’hui, il renonce, conscient de l’âge et du poids de la responsabilité. Sans doute se souvient-il des difficiles dernières années de son prédécesseur. Il faut saluer ce geste. Profondément. C’est une leçon nourrie de multiples messages pour l’Eglise comme pour le monde. Reconnaître ses limites, quitter le pouvoir, renoncer par choix avant le décret de la destinée.
On espère certes que l’Eglise saura entendre ce message et inviter à son sommet plus de jeunesse associée au même savoir, avec la même rigueur intellectuelle. Espérons que le monde, les dirigeants, les femmes et les hommes de pouvoir comprennent, au-delà de l’âge, qu’il est question ici, fondamentalement, d’humilité. Reconnaître que l’on n’est plus apte à réaliser le mandat qui nous lie et apprendre à s’en aller, à quitter le pouvoir. C’est une leçon pour tous les hommes, tous, avec ou sans foi religieuse, agnostiques, athées, hindous, bouddhistes, chrétiens, juifs, musulmans ou autres... Jamais assez conscients de nos limites, jamais assez humbles.
Une vie réussie se mesure souvent à nos façons de renoncer, de partir... et même parfois de la quitter.
Respect.
Je l’ai rencontré à deux reprises. La première fois en tant que Cardinal Joseph Ratzinger et la seconde, à Rome, en tant que Pape, dans le cadre de dialogues interreligieux. Je l’ai beaucoup lu et écouté de surcroît.
L’homme m’a impressionné par son savoir, sa rigueur intellectuelle et la profondeur de ses analyses. Derrière un visage aux expressions parfois distantes, froides, et une attitude d’introverti, il dégageait une bonté et une douceur surprenantes. Et il m’a surpris de façon contradictoire. Malgré des désaccords de fond, et profonds, j’ai toujours eu un respect pour l’homme, son intelligence, sa générosité, et un courage certain. Il n’a jamais eu peur de dire ce qu’il pensait être juste même contre l’avis de ses opposants, ou des opinions majoritaires. Dans sa dernière fonction, il semblait parfois en décalage, offrant davantage la pensée profonde, voire sombre, d’un théologien que le message visionnaire et nourri d’espérance d’un Pape.
Aujourd’hui, il renonce, conscient de l’âge et du poids de la responsabilité. Sans doute se souvient-il des difficiles dernières années de son prédécesseur. Il faut saluer ce geste. Profondément. C’est une leçon nourrie de multiples messages pour l’Eglise comme pour le monde. Reconnaître ses limites, quitter le pouvoir, renoncer par choix avant le décret de la destinée.
On espère certes que l’Eglise saura entendre ce message et inviter à son sommet plus de jeunesse associée au même savoir, avec la même rigueur intellectuelle. Espérons que le monde, les dirigeants, les femmes et les hommes de pouvoir comprennent, au-delà de l’âge, qu’il est question ici, fondamentalement, d’humilité. Reconnaître que l’on n’est plus apte à réaliser le mandat qui nous lie et apprendre à s’en aller, à quitter le pouvoir. C’est une leçon pour tous les hommes, tous, avec ou sans foi religieuse, agnostiques, athées, hindous, bouddhistes, chrétiens, juifs, musulmans ou autres... Jamais assez conscients de nos limites, jamais assez humbles.
Une vie réussie se mesure souvent à nos façons de renoncer, de partir... et même parfois de la quitter.
Respect.
* Tariq Ramadan est, notamment, professeur d’études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford (Royaume-Uni) et senior research fellow à l’université de Doshisha, à Kyoto (Japon). Il est également directeur du Centre de recherche sur la législation et l’éthique Islamiques (CILE), à Doha (Qatar). Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages. Dernier ouvrage paru : L’Islam et le Réveil arabe (Presses du Châtelet, 2011).
Première parution de cet article sur www.tariqramadan.com
Du même auteur :
Du bon usage des religions en général, et de l'islam en particulier
Le Mali, la France et les extrémistes
Enjeux décisifs en Syrie
Lire aussi :
Vatican : le pape Benoît XVI démissionne
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