Sur le vif

Birmanie : cinq musulmans tués dans des violences interreligieuses

Rédigé par La Rédaction | Mercredi 2 Octobre 2013 à 12:43



Les violences à l'encontre des musulmans perdurent en Birmanie. Elles ont mené à la mort de cinq musulmans, mardi 1er octobre, dans l’Etat d'Arakan (Rakhine), situé à l’ouest du pays.

Ces nouveaux heurts ont été déclenchés après une dispute entre un bouddhiste et un musulman de la minorité kaman, un groupe ethnique officiellement reconnu par l’Etat. Les violences se sont très vite propagées. Des centaines de bouddhistes se sont rendus dans un village et y ont brûlé des maisons.

La police avait, dans un premier temps, fait état uniquement de la mort d’une musulmane de 94 ans, poignardée. Mais « le bilan est monté à cinq morts, quatre hommes et une femme, tous des musulmans de la minorité ethnique kaman », a indiqué, mercredi 2 octobre, un responsable de la police, précisant que quatre Rakhines avaient été blessés et hospitalisés et qu'« un Rakhine est porté disparu ».

Une soixantaine de maisons et une mosquée ont été incendiées depuis samedi. Ces nouvelles violences interviennent alors que le président Thein Sein effectue depuis mardi une visite inédite dans l’Etat d'Arakan (Rakhine) pour se pencher sur les tensions entre bouddhistes et musulmans. Il doit pour cela rencontrer « les autorités et des représentants des deux communautés » de cette région, a indiqué un responsable de la présidence.

Dans la soirée de sa première visite, quatre organisations musulmanes birmanes l’ont interpellé, lui demandant d’agir le plus vite. « L’inquiétude de la minorité musulmane à travers le pays est à son comble. Elle ne se sent pas en sécurité », alertent-elles dans une lettre ouverte adressée au président. Leur inquiétude est légitime car les musulmans, et plus particulièrement l'ethnie non reconnue des Rohingyas, sont régulièrement pris pour cible.

En 2012, deux vagues de violences dirigés contre cette population avaient fait officiellement plus de 200 morts et 140 000 déplacés dans l’Etat d'Arakan. Depuis le début de l’année 2013, de nouvelles violences ont ciblé les musulmans. Des moines bouddhistes extrémistes prennent part à ces agissements.

Le gouvernement est également accusé par des organisations de défense de droits de l’Homme de complicité dans ces violences et de discriminations à l’encontre des 4 % de musulmans que compte le pays. Avec la visite actuelle du président dans l’Etat d'Arakan, la perspective d'un changement est attendue par cette minorité persécutée.

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