Sur le vif

Bosnie : à Srebrenica, le nouveau maire ne reconnaît pas le génocide

Rédigé par Saphirnews | Mardi 18 Octobre 2016 à 11:30



Le Serbe Mladen Grujicic est le premier maire non musulman de Srebrenica depuis 1999.
Le Serbe Mladen Grujicic a été déclaré vainqueur de l’élection municipale de Srebrenica en Bosnie lundi 17 octobre. Cette ville est tristement connue depuis juillet 1995 pour le terrible massacre de plus de 8 000 musulmans bosniaques.

Depuis 1999, la cité était dirigée par des musulmans. L’élection de Mladen Grujicic est donc un événement. Les Bosniaques sont cependant inquiets car le nouveau maire refuse de qualifier le massacre de Srebrenica d’acte de génocide. D’après lui, « le crime contre les Bosniaques a eu lieu », mais il laisse « aux institutions compétentes le soin de le qualifier ». Par ailleurs, il a revendiqué le soutien de l’ultranationaliste serbe Vojislav Seselj, qui a comparu dans le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie pour neuf crimes de guerre et crimes contre l’humanité avant d'être finalement acquitté.

Une association des mères de Srebrenica en colère

Le candidat bosniaque sortant Camil Durakovic refuse d’admettre sa défaite. Lors d’une conférence de presse à Sarajevo, il a annoncé qu’il lancerait un recours. Il a dénoncé par la même occasion la Commission électorale qui n’aurait pas dû, selon lui, prendre en compte les 2 000 votes par correspondance qui sont arrivés en retard.

L’ancien maire de Srebrenica juge également que 1 700 électeurs serbes étaient dépourvus « de documents en règle ». Hatidza Mehmedovic, dirigeante d’une des associations des « mères de Srebrenica », reproche à la communauté internationale de n’être pas intervenue pour faire annuler l’élection. « Nous avons été trahis par la communauté internationale en 1995, lorsqu'ils nous avaient laissés aux assassins, et ils viennent de nous trahir une seconde fois », explique-t-elle à l'AFP. Elle ajoute que Mladen Grujicic « ne peut pas diriger » la ville « parce que ses idoles sont des criminels de guerre, comme Radovan Karadzic ».