Société

Boycott contre Israël : le CRIF fait annuler une conférence avec Stéphane Hessel à l'ENS

Rédigé par | Mardi 18 Janvier 2011 à 00:00

En soutien à la campagne de boycott et de désinvestissement contre la politique d'Israël (BDS) et aux militants attaqués en justice pour y avoir pris part, une conférence à l’Ecole normale supérieure (ENS), à laquelle devait intervenir Stéphane Hessel (lui-même poursuivi par des associations juives) et plusieurs personnalités, devait se dérouler mardi 18 janvier. Après avoir été contacté par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), la directrice de l'école a annulé l'événement.



Stéphane Hessel devait intervenir à l'Ecole normale supérieure (ENS) mardi 18 janvier. Les associations juives, notamment le CRIF, l'en ont empêché.
Le Collectif de l’Ecole normale supérieure (ENS) Palestine devait accueillir une rencontre exceptionnelle avec Stéphane Hessel, mardi 18 janvier, afin de soutenir la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions).

Accusé de « discriminations » pour avoir pris part à cette campagne, l’ancien résistant et co-rédacteur de la Déclaration universelle des qroits de l’homme, fait l’objet d’une plainte de la part du Bureau national de la vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA).

10 000 personnes ont déjà signé l'Appel lancé en octobre dernier par de nombreuses personnalités pour soutenir M. Hessel, dont le livre Indignez-vous fait un tabac en librairie depuis sa sortie, ainsi que les militants pacifistes solidaires du peuple palestinien inquiétés par la justice française depuis plusieurs mois.

En effet, 15 personnes comparaîtront devant le tribunal pour « provocation publique à la discrimination » à Perpignan, le 24 janvier, et à Mulhouse, le 10 février prochain.

Des soutiens de poids à la campagne BDS interdits de parole

Mais sans même consulter les organisateurs du débat, la directrice de l’ENS, Monique Canto Sperber, a décidé d’annuler la conférence à laquelle étaient inscrites plus de 300 personnes et à laquelle devaient participer, entre autres, Leila Shahid, ambassadrice de la Palestine auprès de l'Union européenne, Haneen Zoabi, députée au Parlement israélien, Michel Warschawski, fondateur du Centre d'information alternative (AIC), Nurit Peled, Prix Sakharov pour la paix du Parlement européen, Benoist Hurel, secrétaire général adjoint du Syndicat de la magistrature, ou encore Elisabeth Guigou, députée et ancienne ministre de la Justice.

La directrice aurait, selon toute vraisemblance, été victime de pression de la part du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), qui revendique sans complexe, sur son site, d’avoir réussi à faire annuler « un scandaleux colloque-débat » auquel, selon l'organisation, « il faut mettre beaucoup de guillemets au mot de "débat" ».

La liberté d'expression menacée

Selon le président du CRIF Richard Prasquier, la salle de l'ENS devant accueillir cette conférence avait été réservée « sous un motif anodin », ce qui a convaincu la directrice de l'école d'empêcher la rencontre. « il s’agissait de défendre le collectif BDS et ses membres, autrement dit les partisans du boycott anti-israélien, ce qui est illégal », a-t-il déclaré. Contactés « en urgence », Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur, Bernard-Henry Lévy et Alain Finkielkraut « ont réagi sans ambiguïté » contre la tenue de ce débat.

Penser que le boycott des produits israéliens, pour la plupart issus de territoires occupés palestiniens, est illégal car discriminatoire (voire antisémite), n'engage que le CRIF et ceux qui le soutiennent. Mais empêcher leurs détracteurs de donner un avis différent du leur est clairement une atteinte à la liberté d'opinion. A l’appel du collectif ENS Palestine et de plusieurs associations pro-palestiniennes, un rassemblement « contre la censure et pour la défense de la liberté d’expression » est organisé mardi 18 janvier, à 18 h 30, place du Panthéon, à Paris.




Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur