Sur le vif

Bush attaqué par un ex-porte-parole dans un livre

| Mercredi 28 Mai 2008 à 22:45



En pleine tournée aux États-Unis de George W. Bush au profit du présidentiable républicain John McCain, un ex-porte-parole de la Maison-Blanche a jeté un pavé dans la mare en dénonçant dans un livre la «culture de la désinformation» et les «jeux» de la politique à Washington.
Mardi, John McCain avait limité à moins d'une minute sa poignée de mains avec M. Bush, soucieux que les abîmes d'impopularité du président sortant (dont l'action est désapprouvée par les deux tiers des Américains) ne nuisent pas à ses propres chances de gagner la Maison-Blanche en novembre.

Mais mercredi, M. Bush était pour la deuxième journée consécutive en tournée de collectes de fonds au bénéfice de la campagne de M. McCain, le jour même où le journal en ligne Politico, le New York Times et le Washington Post publiaient les bonnes feuilles des mémoires de l'ancien porte-parole Scott McClellan, à paraître lundi.

Les équipes de campagne des trois présidentiables en lice sont restées discrètes mercredi à la publication de ces accusations, mais des proches des rivaux démocrates Hillary Clinton et Barack Obama n'ont pas tardé à réagir.

«What happened: inside the Bush White House and Washington's culture of deception» (Ce qui s'est passé: au coeur de la Maison-Blanche de Bush et la culture de la désinformation de Washington»), s'intitule le volume signé de l'ex-porte-parole, qui a fait l'effet d'une douche froide dans les cercles républicains.

La prose de M. McClellan, qui a affronté une presse présidentielle de plus en plus sceptique entre 2003 et 2006, se lit parfois comme un communiqué du parti démocrate.

Selon lui, l'administration Bush a gouverné comme si elle menait une «campagne (électorale) permanente», sans égard pour les réels besoins du pays, avec des conséquences particulièrement dramatiques en Irak et dans la gestion du cyclone Katrina qui a ravagé La Nouvelle-Orléans en 2005.

A en croire M. McClellan, la Maison-Blanche avait pour principe de «ne jamais s'expliquer, ne jamais s'excuser, ne jamais battre en retraite. Malheureusement, cette stratégie avait aussi des répercussions moins justifiables: ne jamais (prendre le temps) de réflechir, ne jamais réexaminer (les décisions prises), ne jamais faire de compromis - surtout quand il s'agissait de l'Irak».

Le gouverneur démocrate de Pennsylvanie Ed Rendell, un partisan de la démocrate Hillary Clinton, n'a pas laissé passer l'occasion faire le lien entre le candidat républicain et le livre, en déclarant sur MSNBC: «le problème, c'est que M. McCain veut continuer ce qui est une campagne de désinformation sur nos chances de faire quoi que ce soit de bénéfique en Irak».

Et le parlementaire Adam Smith, partisan de Barack Obama, a enchaîné: «C'est l'une des choses qui m'ont attiré dans la campagne d'Obama, son appel à changer fondamentalement la façon dont nous travaillons à Washington, précisément à cause» du type de politique décrite par Scott McClellan.

M. Obama axe en effet l'essentiel de sa campagne sur la promesse de changer Washington, de donner la prime à la transparence et à la franchise, et de passer outre les clivages partisans - bref, de dissiper «l'atmosphère empoisonnée» et «l'environnement hyper-partisan» de la capitale fédérale dénoncés par M. McClellan.

Mardi, M. Obama s'était moqué de M. McCain, qui selon lui «ne veut pas être vu en train de quémander auprès du président, dont il veut poursuivre la politique désastreuse pendant quatre ans supplémentaires».

M. McCain s'est en fait lancé dans l'exercice délicat d'afficher sa loyauté envers M. Bush («J'ai fait campagne avec lui, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour le faire élire et réélire», avait-il dit au début du mois), tout en entonnant une musique légèrement différente, en prônant notamment une politique étrangère plus multilatérale et un plan d'action contre le réchauffement climatique.