Un interlocuteur des services publics
A la création du Conseil français du culte musulman (2003), 25 Conseils régionaux du culte musulman (CRCM) ont été mises en place. Chaque CRCM est élu par les délégués des lieux de cultes de la région, au prorata de la superficie des mosquées. Ils ont pour mission de mener à bien les projets de construction de mosquées, la création et la gestion des carrés musulmans dans les cimetières, l'organisation des fêtes religieuses, la nomination des aumôniers dans les hôpitaux, les prisons, les lycées et collèges, la formation des imams. Pour chacune de ces questions spécifiques, une commission est généralement mise en place. Les CRCM sont ainsi des associations qui répondent à la loi 1901. Dans le Limousin par exemple, selon le mode de cautisation en vigueur, il ne reste que 450 € de la part de la structure nationale (CFCM) pour couvrir les frais de fonctionnement. Ce manque de moyen est l'un des nombreux problèmes que rencontrent les CRCM.
Par ailleurs les projets des CRCM sont proposés aux pouvoirs publics qui détiennent un pouvoir décisionnel primordial sur la mise en œuvre. Bien souvent, les difficultés des commissions des CRCM dans l’application de leurs solutions résident dans la relation conflictuelle qu’entretien le CRCM avec ces pouvoirs publics.
Sur le plan administratif, chaque CRCM met en place un Conseil d’administration qui élit son président. Produit de l’institutionnalisation du culte musulman, les CRCM ont aidé à faciliter le dialogue et la relation des associations musulmanes avec les pouvoirs publics. Ils sont devenus, en quelque sorte, les « voix officielles » des musulmans de France, favorisant ainsi une certaine reconnaissance et une légitimité dont les associations isolées ne parvenaient parfois pas à bénéficier.
Le cas du CRCM-Limousin
Dans le Limousin par exemple, la commission « Enseignement et citoyenneté », « a pour but de transmettre la vision de l’islam de France et de répondre à toutes les interrogations éventuelles sur ce sujet. » A ce titre, elle s’est notamment occupée du cas d’une élève exclue de son lycée en vertu de la loi du 15 mars 2004 sur les insignes religieux à l'école. Le CRCM est en discussion afin de pouvoir inscrire cette jeune fille dans un lycée privé catholique. Engageant un dialogue avec le rectorat et dépassant la question du foulard, la commission du CRCM a soulevé la question de l’enseignement du « fait religieux » musulman à l’école. Pour les établissements qui le souhaitent, elle pourra intervenir. Parallèlement, une veille juridique est mise en place pour être informée de « ce qui se fait, se dit, s’écrit et se publie sur l’islam et les musulmans dans la région. Si nécessaire ce bureau de veille pourra réagira de manière appropriée, selon toutes les voies que la législation lui permet. »
Mais le chemin à parcourir reste long. Dans les prisons et maisons d’arrêts de la région, la quasi absence d'aumônier est frappante. Les imams assurant ce service se sont vus refuser l’indemnisation forfaitaire mensuelle que les pouvoirs publics versent aux aumôniers des autres religions. La situation est telle que seul l’acheminement de tapis de prières, d'exemplaires du Coran et de livres religieux est possible. Pour garder le contact avec les prisonniers, un journal de l’aumônerie est en préparation.
« Les relations qu’entretiennent les associations avec les pouvoirs publics n’ont pas systématiquement été modifiées avec la création des CRCM » explique Mathieu Mehdi Gauthier, secrétaire général du CRCM - Limousin. « Lorsque cela fonctionne bien dans certaines régions, c’est que ça marchait déjà avant le CRCM » dit-il avant de justifier que « Les problèmes sont que nous n’avons aucune directive du CFCM. Il n’y a pas d’accords pour les régions. De plus, le ministère de l’Intérieur, n’a pas communiqué d’instructions positives auprès des préfectures régionales pour faciliter la concrétisation de nos actions. La structure en elle-même est une merveille, mais dans sa réalisation nous sommes seuls. »