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Canada : les musulmans mobilisés pour inscrire la lutte contre l'islamophobie à l'agenda des partis

Rédigé par Lina Farelli | Mardi 9 Novembre 2021 à 16:00

A quelques mois des élections dans la province de l'Ontario, les musulmans du Canada, marqués par la tragédie de London, se mobilisent auprès du gouvernement et des principaux partis politiques locaux pour faire inscrire la lutte contre la haine et l'islamophobie dans leur agenda.



Après l'attaque de London en juin 2021, le message ici d'une Canadienne musulmane : « Tuer l'ignorance, pas les personnes ». © Section Calgary de l'Association musulmane de Canada (MAC)/Facebook
Cinq mois après l'attaque islamophobe qui a décimé une famille musulmane de London, le Conseil national des musulmans canadiens (NCCM) veut des engagements concrets et plus poussés des partis politiques en matière de lutte contre la haine antimusulmane en Ontario. L'organisation a appelé, lundi 8 novembre, le gouvernement provincial à adopter des mesures immédiates pour s'attaquer aux racines de la « discrimination systémique ». En ce sens, elle a publié Our London Family Act, qui comprend une série de recommandations à l'adresse des principaux partis qui se préparent à s'affronter aux prochaines élections en Ontario en juin 2022.

« Nous devons voir l’action et nous devons la voir maintenant », a déclaré Nadia Hasan au nom du NCCM, citée par CBC lors d'une conférence de presse de présentation du livre blanc.

Le NCCM, qui plaide en premier lieu pour la mise en œuvre d'une nouvelle stratégie de lutte contre la haine qui « vise à éliminer le racisme systémique et à faire progresser l'égalité raciale et sociale dans les écoles », en appelle notamment aux autorités pour investir massivement dans les formations de lutte contre l'islamophobie à destination du corps enseignant et des responsables éducatifs.

L'organisation appelle aussi au démantèlement de l'ensemble des groupes suprémacistes blancs de la province, notamment en les empêchant de s’enregistrer en tant que sociétés. Elle réclame l'interdiction pour ces groupes haineux de manifester à moins de 50 mètres des lieux de culte, qui doivent être considérés comme des « zones sûres », qu'ils soient ou non musulmans. Enfin, l’Ontario est appelé à embaucher plus de personnes issues des minorités dans la fonction publique.

Le changement, c'est maintenant

Après la tragédie de London, « vous aviez tous exprimé votre solidarité avec nous (...) et vous aviez promis le changement », a rappelé Aarij Anwer, imam de la mosquée locale autour de laquelle les veillées et les prières ont été organisées en juin dernier. « Nous apprécions ces belles paroles et ces sentiments de solidarité, mais nous voulons le changement plus que toute autre chose » et « nous ne l'avons pas encore vu se produire à ce jour », a-t-il signifié. « Nous ne voulons plus perdre de vies en raison de la haine ou de l’islamophobie. »

« Nous sommes impatients d’examiner les recommandations faites aujourd’hui par le NCCM et la London Muslim Mosque, et nous restons déterminés à travailler avec les communautés les plus touchées par le racisme et la haine dans notre province », a indiqué Shannon Whitteker, porte-parole du ministre de la Citoyenneté et du Multiculturalisme, Parm Gill, indiquant au passage l'engagement récent de son gouvernement à « verser près de 10 millions de dollars à des initiatives nouvelles et améliorées pour lutter contre le racisme et la haine systémiques ».

L'auteur de l'attaque de London, qui a fait quatre morts, a été inculpé de quatre chefs d'accusation de meurtre avec préméditation et d'un autre de tentative de meurtre. Actuellement en détention, il a également été inculpé de terrorisme.

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