Sur le vif

Caricatures : le président du CFCM regrette ses propos sur le renoncement à « certains droits »

Rédigé par | Mercredi 28 Octobre 2020 à 11:45



Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, avait évoqué, lundi 28 octobre, l'idée de renoncer à « certains droits » comme celui de « caricaturer le Prophète de l’islam dans des postures dégradantes » en invoquant notamment le « devoir de responsabilité et de fraternité ». Cette phrase, très vite perçue en France comme une forme de renoncement à une liberté, n'a pas manqué de susciter de vives critiques.

Le président de l'instance a choisi de revenir sur ces propos et de s'en expliquer, reconnaissant avoir évoqué « avec maladresse un possible renoncement à certaines formes de satire en invoquant le devoir de la fraternité »

Dans une mise au point parvenue à la rédaction mercredi 28 octobre, le dirigeant de l’instance représentative du culte musulman a fait part de son regret pour ses déclarations aux conséquences qu’il n’avait pas mesurées. « Je n'avais pas mesuré le lien qui en sera fait avec le sentiment d'abdication face aux terroristes. (Pour) ces derniers, j'en suis convaincu, les caricatures du Prophète ne les dérangent nullement. Ils en font même leur raison d'être et un moyen d'exacerber les tensions vitales pour leur idéologie mortifère. Avec le recul, je comprends mieux les réactions qu'ont suscitées mes propos sur la chaîne RMC », a-t-il indiqué.

« Nous traversons des épreuves très difficiles et chaque mot a une résonance considérable », a-t-il précisé dans une mise au point, qui a permis à Mohammed Moussaoui de réaffirmer ses positions en faisant de nouveau preuve de clarté sur des déclarations qu’il considère mal interprétées par une partie de l’opinion publique.

« Contrairement à ce qui a été diffusé comme étant mes propos, j'ai rappelé lors de mes interventions que la liberté de caricaturer, comme toutes les autres, n'est pas absolue. Et à l'instar de toutes les libertés, elle est soumise au même encadrement fixé par les institutions garantes de notre État de droit. En disant cela, il est évident que je n'ai pas remis en cause la liberté elle-même ni appelé à lui assigner un encadrement spécifique », a-t-il souligné.

« Non ! La France n'est pas islamophobe »

« Les musulmans de France, comme d'autres, peuvent ne pas aimer les caricatures et user de leur droit d'être critiques à leur égard. Cela doit être fait avec la plus grande vigilance. Nous devons être conscients du risque qu'une expression non maitrisée puisse alimenter une posture victimaire aux conséquences néfastes. Les assassinats commis dans notre pays et en Europe en lien avec les caricatures et dont les auteurs prétendaient défendre l'islam, doivent nous le rappeler », rappelle-t-il.

Face aux actions et appels anti-français en cours dans des pays musulmans, Mohammed Moussaoui réaffirme avec force qu’accuser la France d’islamophobie n’est pas légitime : « S'agissant des réactions du monde musulman, il convient d'observer qu'elles ne prennent pas partout la même forme. Celles qui appellent au dénigrement de notre pays et s'attaquent à ses intérêts doivent être rejetées et dénoncées. Accuser la France d'être islamophobe alors qu'elle compte dans sa population l'une des plus grandes communautés musulmanes d'Europe est une aberration que les musulmans de France doivent rejeter avec toute leur force. »

« Non ! La France n'est pas islamophobe, les Français ne sont pas islamophobes. Les musulmans ne sont pas persécutés en France, ils en sont des citoyens à part entière jouissant de tous leurs droits dont celui d'exercer librement leur culte », a-t-il renchéri.

Avec cette mise au point, le dirigeant de l’instance corrige le tir et exprime un appel à la solidarité et au respect des principes de la République : « Ce que je voulais dire, hélas avec maladresse, c'est que face aux terroristes et aux périls que traverse la France, notre attachement à la liberté d'expression doit sans cesse rechercher l'esprit de fraternité. C'est tout le sens de mon combat de républicain et de musulman. »

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