Religions

Carrés musulmans : le CFCM plaide pour une gestion temporaire des cimetières par les préfets

Rédigé par | Mercredi 22 Avril 2020 à 16:00

Un mois après une première audioconférence avec Emmanuel Macron, et malgré l'engagement de l'Etat à assurer une sépulture digne des dernières volontés de chaque défunt, les difficultés générées par l'insuffisance de carrés musulmans en France sont nombreuses sur le terrain, indique le Conseil français du culte musulman (CFCM), qui propose à l'Etat de dessaisir temporairement, dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, les maires de la gestion des cimetières au profit des préfets.



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Au-delà de la question de la réouverture des lieux de culte, exclue pour mai,, la délicate problématique des carrés confessionnels, musulmans en particulier, a figuré au menu des discussions entre les responsables des cultes et Emmanuel Macron, qui fut de nouveau interpellé dessus par le Conseil français du culte musulman (CFCM) lors d’une audioconférence organisée mardi 21 avril.

« Nous avons enregistré quelques avancées depuis le 23 mars mais à ce jour, les quelque 600 carrés musulmans, même avec leur extension, ne permettent pas de faire face aux besoins actuels, aggravés par la pandémie », nous indique, au lendemain de l’entretien, Mohammed Moussaoui, qui appelle à la mise en œuvre de « solutions rapides ».

« Le président de la République a réaffirmé son engagement à assurer l’inhumation de tous les défunts » tandis que « le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a assuré que les préfets ont été incités à se rapprocher des mairies concernées en concertation avec les associations musulmanes locales ».

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Dessaisir les maires de la gestion des cimetières ?

L’engagement des pouvoirs publics est « réaffirmé » mais « nous continuons à rencontrer des difficultés pour la mise en oeuvre de solutions sur le terrain » car « le fait de laisser la création des carrés confessionnels à la libre appréciation des maires nous oblige à négocier avec chacun des maires des 36 000 communes, ce qui est plus difficile à gérer », signifie le président du CFCM.

Des maires refusent la création de nouveaux carrés musulmans ou l’extension d’espaces préexistants ; d’autres n’autorisent pas l’inhumation de défunts dès lors qu’ils ne résidaient pas dans leurs communes. A ces maires, « je peux comprendre leur réticence » par crainte de voir leurs carrés musulmans saturés faute de places, mais « je leur dis que nous sommes dans une situation de crise où la solidarité s’impose à tous ».

Pour pallier au problème, Mohammed Moussaoui propose, « dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire », de « faire passer temporairement la gestion des cimetières aux préfets » et de dessaisir donc les maires de leurs prérogatives en la matière. Une proposition qui ne trouve pas preneur à ce stade mais, « face à l’urgence, c’est une proposition qui me paraît raisonnable », estime-t-il.

Des maires, conscients du désarroi actuel qui règne parmi les musulmans, ont d'ores et déjà entamé des travaux d'extension des carrés musulmans ou vont le faire. C'est par exemple le cas à Vaulx-en-Velin où la mairie, à la demande du Conseil des mosquées du Rhône a donné son accord cette semaine pour la création de 200 nouveaux emplacements pour les défunts musulmans.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur