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Ce qu’ils pensent de Mitterrand…

Rédigé par Propos recueillis par Fouad Bahri | Jeudi 19 Janvier 2006 à 12:51



Yamine Makri, responsable des éditions Tawhid





« Il existe deux facettes chez Mitterrand. On ne peut pas oublier qu'il a apporté la carte de résidence de dix ans. C'est une avancée certaine et évidente. On voit bien, d'ailleurs, que la droite veut revenir là-dessus.
Malgré tout, ce que l'on retiendra de Mitterrand, c'est la grande manipulation des droits civiques et du mouvement pour l'égalité.  Le grand espoir de la marche de l'égalité, partie de Vénissieux il y a vingt ans, avait été encouragé par le gouvernement de l'époque.
Sur certaines questions comme la peine de mort, Mitterrand a eu du courage en allant contre le sens de l'opinion publique. Il avait des convictions. Il savait convaincre et aller à contre-courant. C'était aussi un tacticien et un stratège cynique. En parfait machiavélien, il n'a pas hésité à détourner l'Etat à son profit. C'est tout le sens de son héritage. La désillusion et la déception après un lointain retour au pouvoir. Les populations issues de l'immigration ont été manipulées à des fins partisanes. »









Saïda Kada, membre du Collectif Divers-cité





« Mitterrand, c'était la gauche paternaliste. Il a habilement récupéré les revendications immigrées et post-immigrés tout en les maintenant au niveau local, sans jamais les traiter au plan national. Le résultat a été pour lui et la gauche, un réservoir de votants d'origine arabe et immigrée, pendant deux septennats. Les leaders actuels de la gauche, qui s'est effondrée, tentent de se réapproprier le leadership de Mitterrand et son passé pour avoir un présent et donc pouvoir se construire un avenir. C'est ce qu'on appelle le culte de la personne. Objectivement, le grand héritage de Mitterrand reste les grandes cités architecturales qu'il a mises en place, pour une présence immigrée vue à court terme et volontiers gardée sous tutelle. C'est son meilleur témoignage. Les murs ont parlé pour la gauche ! »










Tariq Kawtari, porte-parole du Mouvement de l'immigration et des banlieues (MIB)


« Mitterrand a fait de belles déclarations d'intentions mais pendant son double septennat la situation s'est plutôt aggravée, notamment sur la question des discriminations. Cela n'a pas été une priorité du Parti socialiste, contrairement à la prétendue gauche antiraciste. Les français issus de l'immigration n'ont pas eu accès à plus de responsabilités dans leurs quartiers. Certes, des mesures comme la carte de séjour de dix ans ont été faites pour marquer la présence des immigrés. Mais Mitterrand n'a pas ouvert les emplois publics aux immigrés pas plus qu'à leurs enfants français. Les crimes policiers n'ont pas été punis. C'est la période où la culture policière s'est mise en place, où les idées du Front national ont pénétré l'électorat de gauche. Mitterrand était ambitieux. Il souhaitait être calife à la place du calife. Il y est parvenu. Mais il restera l'homme qui aura manipulé les mouvements immigrés et utilisé l'antiracisme à des fins électorales. Il est l'homme qui a brisé l'espoir de 1981»la marche pour l'égalité des droits).