Le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés a récemment qualifié la situation des Syriens de « terrifiante ». Bien avant ce constat, le sort des femmes et des fillettes syriennes était traité de manière éparse dans certains journaux et sur la Toile. L’article « Exploit or be exploited » (« Exploiter ou être exploité ») a été relayé par les organisations humanitaires à travers les réseaux sociaux. Cet article relate la fuite pour échapper à la guerre, les agressions sexuelles, puis les camps de refugiés et les demandes accrues en mariage par des hommes venant du Golfe ou, pour certains, d’Europe.
La précarité, la situation de pauvreté dans laquelle se trouvent les familles, la peur de l’exploitation sexuelle poussent celles-ci à donner leurs filles, même prépubères, en mariage. Beaucoup de ces jeunes mariées sont rendus à leurs familles au bout d’une semaine. Des femmes racontent leur honte de la prostitution comme moyen de survie ou agent de liaison pour trouver des épouses aux hommes, qui les rémunèrent très bien pour ces services.
Ces situations sont malheureusement le lot des guerres : les femmes et les enfants en sont toujours les premières victimes. On l’a vu au Kosovo, en Somalie depuis une décennie ; on le voit aujourd’hui au Nord-Kivu, au Congo. En Syrie, la colère n’en est pas moins grande sous prétexte qu’il y a « mariage », puisque le mariage est utilisé pour maquiller les abus sexuels.
Les institutions et organisations humanitaires musulmanes n’en font pas vraiment l’écho. Hommes et femmes des communautés musulmanes semblent également ne pas y voir d’abus. Le manque d’intérêt à la question de l’exploitation sexuelle des femmes est flagrant.
La précarité, la situation de pauvreté dans laquelle se trouvent les familles, la peur de l’exploitation sexuelle poussent celles-ci à donner leurs filles, même prépubères, en mariage. Beaucoup de ces jeunes mariées sont rendus à leurs familles au bout d’une semaine. Des femmes racontent leur honte de la prostitution comme moyen de survie ou agent de liaison pour trouver des épouses aux hommes, qui les rémunèrent très bien pour ces services.
Ces situations sont malheureusement le lot des guerres : les femmes et les enfants en sont toujours les premières victimes. On l’a vu au Kosovo, en Somalie depuis une décennie ; on le voit aujourd’hui au Nord-Kivu, au Congo. En Syrie, la colère n’en est pas moins grande sous prétexte qu’il y a « mariage », puisque le mariage est utilisé pour maquiller les abus sexuels.
Les institutions et organisations humanitaires musulmanes n’en font pas vraiment l’écho. Hommes et femmes des communautés musulmanes semblent également ne pas y voir d’abus. Le manque d’intérêt à la question de l’exploitation sexuelle des femmes est flagrant.
Une vision de l’islam qui rend impossible la notion d’abus sexuel
Ce désintérêt provient sans doute du tabou entourant la sexualité. Dans certaines cultures, la sexualité est un thème interdit .Cet interdit se transmet de génération en génération. En y ajoutant les valeurs de chasteté de l’islam, on obtient « le » sujet interdit. Bien que la chasteté ne se limite pas à l’aspect sexuel : on parle de la chasteté des pensées ou des paroles…
L’absence de mobilisation quant à la situation des femmes et filles syriennes résulte probablement aussi du fait qu’on y a apposé le mariage comme parade institutionnelle et légale destinée à masquer les abus sexuels.
Aujourd’hui, le mariage est surtout expliqué comme un moyen de relation sexuelle licite. Il est un recours lorsque des jeunes gens manifestent leur intérêt pour le sexe opposé, comme il est un moyen de prévenir le « déshonneur » du viol dans des pays en guerre.
Rien, dans cette conception du « mariage », ne donne l’importance à l’idée du partenariat du couple, du projet commun, du bien-être mental des deux personnes concernées… L’éducation sexuelle y est expliquée à travers un choix de hadith et d’interprétations dangereuses, décrivant l’homme comme un animal incapable de restreindre ses instincts sexuels ; instincts devant être à tout prix assouvis.
Il est répété, voire martelé, que l’épouse doit répondre aux ardeurs de son mari même si elle est occupée, ou bien que les anges sont en colère contre l’épouse si celle-ci s’est refusée à son époux.
La femme, selon cette conception du mariage et des relations hommes-femmes, est réduite à répondre uniquement aux envies de l’homme et à le protéger de ses ardeurs en s’assurant d’avoir une conduite et une parure non provocatrice ; la définition de la provocation changeant selon les cultures.
Ce rôle qu’on lui assigne rend de fait le statut de victime d’abus sexuel, de harcèlement impossible puisque la femme est rendue responsable de la conduite de son agresseur.
L’absence de mobilisation quant à la situation des femmes et filles syriennes résulte probablement aussi du fait qu’on y a apposé le mariage comme parade institutionnelle et légale destinée à masquer les abus sexuels.
Aujourd’hui, le mariage est surtout expliqué comme un moyen de relation sexuelle licite. Il est un recours lorsque des jeunes gens manifestent leur intérêt pour le sexe opposé, comme il est un moyen de prévenir le « déshonneur » du viol dans des pays en guerre.
Rien, dans cette conception du « mariage », ne donne l’importance à l’idée du partenariat du couple, du projet commun, du bien-être mental des deux personnes concernées… L’éducation sexuelle y est expliquée à travers un choix de hadith et d’interprétations dangereuses, décrivant l’homme comme un animal incapable de restreindre ses instincts sexuels ; instincts devant être à tout prix assouvis.
Il est répété, voire martelé, que l’épouse doit répondre aux ardeurs de son mari même si elle est occupée, ou bien que les anges sont en colère contre l’épouse si celle-ci s’est refusée à son époux.
La femme, selon cette conception du mariage et des relations hommes-femmes, est réduite à répondre uniquement aux envies de l’homme et à le protéger de ses ardeurs en s’assurant d’avoir une conduite et une parure non provocatrice ; la définition de la provocation changeant selon les cultures.
Ce rôle qu’on lui assigne rend de fait le statut de victime d’abus sexuel, de harcèlement impossible puisque la femme est rendue responsable de la conduite de son agresseur.
Pour une nouvelle éducation sexuelle
Ce type d’enseignement ne fait que renforcer les tabous de nombre de familles musulmanes, y compris celles qui résident en Europe. Dans certaines cultures, la chasteté n’incombe qu’à la jeune fille : sa chasteté sexuelle est l’honneur de la famille. Le corps féminin est en quelque sorte la propriété de sa famille. Le poids de cette responsabilité est tel que certaines femmes musulmanes ont recours à l’hymenoplastie, considérée comme l’ultime recours pour préserver l’« honneur ».
En plein XXIe siècle, l’islam apparaît comme une religion qui accepte et favorise les abus sexuels et formes d’esclavage sexuel, au point que les victimes – femmes, hommes, filles ou garçons – dans les communautés musulmanes n’osent dénoncer les abus ou sont incapables de les identifier comme tels.
Une éducation sexuelle sans tabous est nécessaire. Une éducation qui ne contredit ni ne trahit les valeurs de l’islam comme le respect mutuel homme-femme, l’importance du consentement, de l’écoute et de l’amour réciproque dans le lien conjugal mais aussi la protection des plus vulnérables.
Ainsi, nous redonnerons à l’islam et aux musulman-e-s leurs rôles, celui de lutter contre toutes formes d’exploitation, y compris sexuelle, lesquelles touchent toutes les sociétés, toutes les communautés religieuses et non religieuses.
* Tutrice de français en Grande-Bretagne, Fatima Adamou est également researcher bénévole à l'association Christian Muslim Forum.
En plein XXIe siècle, l’islam apparaît comme une religion qui accepte et favorise les abus sexuels et formes d’esclavage sexuel, au point que les victimes – femmes, hommes, filles ou garçons – dans les communautés musulmanes n’osent dénoncer les abus ou sont incapables de les identifier comme tels.
Une éducation sexuelle sans tabous est nécessaire. Une éducation qui ne contredit ni ne trahit les valeurs de l’islam comme le respect mutuel homme-femme, l’importance du consentement, de l’écoute et de l’amour réciproque dans le lien conjugal mais aussi la protection des plus vulnérables.
Ainsi, nous redonnerons à l’islam et aux musulman-e-s leurs rôles, celui de lutter contre toutes formes d’exploitation, y compris sexuelle, lesquelles touchent toutes les sociétés, toutes les communautés religieuses et non religieuses.
* Tutrice de français en Grande-Bretagne, Fatima Adamou est également researcher bénévole à l'association Christian Muslim Forum.
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