Sur le vif

« Ce qui se dit vraiment dans nos mosquées » : l'indignation à Villeurbanne après la sortie d'un livre à charge

Rédigé par Lina Farelli | Vendredi 7 Juin 2024 à 19:30



Le Conseil des mosquées du Rhône (CMR) s'est insurgé, vendredi 7 juin, des propos qui ont été prêtés à un de ses imams par l'auteur du livre Au cœur de l'islam de France. Trois ans d'infiltration dans 70 mosquées. L'ouvrage, qui paraît ce mois de juin, est écrit sous pseudonyme par un journaliste indépendant répondant du nom d'Etienne Delarcher. Se faisant passer pour un converti, ce dernier s'est infiltré dans des dizaines de lieux de culte musulmans pour, dit-il, « voir et entendre ce que pourrait percevoir un musulman lambda ».

L'hebdomadaire Marianne en a diffusé des extraits dans son numéro du 30 mai afin de montrer combien « les discours les plus radicaux ne sont pas réservés à quelques mosquées françaises ». Dans le chapitre sur « la place des femmes » figure la mosquée de Villeurbanne, où un cadre religieux « noir d'une cinquantaine d'années » aurait notamment affirmé au faux converti que « oui, les femmes doivent obéir à leur mari », qu'elles n'ont « pas le droit de sortir sans (leur) permission », y compris pour voir des parents, ou encore qu'elles ne peuvent se refuser à eux pour des relations sexuelles car ce serait « une obéissance obligatoire ».

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« Ce qui se dit vraiment dans nos mosquées », titre Marianne. Vraiment ? Une Une « racoleuse » qui scandalise le recteur de la mosquée, Azzedine Gaci. « Au-delà du titre dénonciateur présentant les musulmans comme des conspirateurs et des dissimulateurs, les extraits exclusifs du livre-enquête (...) mis en avant comme si la France allait découvrir le visage caché de l'islam sont édifiants », déclare ce dernier dans un communiqué du CMR signé avec le recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane.

Les imams contestent les propos qui leur sont prêtés

Ensemble, ils dénoncent les méthodes utilisées par l'auteur du livre qui « s'assoit sur les règles élémentaires du journalisme qui prévoient notamment d'agir loyalement et de faire clairement la distinction aux yeux du public entre les faits, les analyses, et les opinions ».

« La lecture de cet article est révélatrice du parti pris initial » d'un auteur qui, pour le CMR, « cherche à illustrer son opinion plutôt qu'a connaitre véritablement la position et l'argumentation de son interlocuteur dont l'identité d'imam, totalement contestée, est loin d'être établie ».

La mosquée de Villeurbanne, qui dispose de trois imams, « conteste solennellement que les imams habilités de la mosquée aient pu tenir les propos qui sont prêtés à l'un deux ». « Si le magazine Marianne et le prétendu journaliste souhaitent réellement savoir "ce qui se dit vraiment dans nos mosquées", il leur suffit, et cela est le cas pour de nombreuses mosquées, d'aller sur les réseaux sociaux et de visionner les prêches effectués en direct le vendredi à destination des fidèles », lit-on.

Et d'affirmer : « Il serait inimaginable qu'un imam puisse avoir un discours public à l'égard de ses fidèles tout en ayant un discours contraire en dehors du prêche à l'égard de fidèles convertis ou non. »

Cette enquête « repose encore sur la volonté de faire de l'audience sur le dos de l'islam au mépris des règles élémentaires du journalisme et au mépris de la population musulmane qui, encore une fois, se retrouve vilipendée par des articles et des commentaires haineux. », estime le CMR, qui invite les journalistes qui le souhaitent à se diriger vers l'instance pour tout éclairage théologique.

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