La belle amitié entre l'imam Oumar Kobine Layama (à droite) et le cardinal Dieudonné Nzapalainga, au nom de la paix en Centrafrique, est retracé dans le documentaire « Sìrìrì ». © Sìrìrì / Outside The Box
Chrétiens et musulmans de Centrafrique, « nous avons le même sang ». Sìrìrì - Le cardinat et l'imam promet d’être un documentaire apprécié par les fervents promoteurs et artisans du dialogue interreligieux. Ce film, réalisé par le Franco-Suisse Manuel von Stürler, raconte l’amitié unique et l’engagement commun qui liaient le cardinal Dieudonné Nzapalainga, également archevêque de Bangui, et l’imam Oumar Kobine Layama. « Liaient » au passé car le président du Conseil supérieur islamique de Centrafrique est décédé subitement des suites d’une courte maladie en novembre 2020.
« L’amitié entre un cardinal et un imam est une histoire trop rare pour ne pas être racontée », a fait valoir le réalisateur du documentaire lors de l'avant-première organisée le 2 septembre dans la filmothèque du Saint-Siège, racontée par Vatican News avant sa sortie en salles en Suisse romande le 15 septembre.
Le cardinal et l’imam, convaincus que la guerre civile - la troisième débutée en 2013 - n’a rien à voir avec une guerre de religions, se sont mobilisés pour rétablir les vérités face aux multiples massacres qui ont endeuillé les communautés chrétiennes et musulmanes, à l'appel de groupes armés en quête de pouvoir.
« Dans cette dynamique où il serait si facile de se laisser emporter par la vague de haine et de ressentiment, comment choisissent-ils d’emprunter résolument la voie de la réconciliation ? De promouvoir le pardon au-delà de sa propre religion alors que l’autre est devenu par définition un ennemi à abattre ? Cette question, ténue et emplie d’ambivalence, est la matrice de mon film », explique Manuel von Stürler, qui a suivi les deux hommes à partir de 2017.
« L’amitié entre un cardinal et un imam est une histoire trop rare pour ne pas être racontée », a fait valoir le réalisateur du documentaire lors de l'avant-première organisée le 2 septembre dans la filmothèque du Saint-Siège, racontée par Vatican News avant sa sortie en salles en Suisse romande le 15 septembre.
Le cardinal et l’imam, convaincus que la guerre civile - la troisième débutée en 2013 - n’a rien à voir avec une guerre de religions, se sont mobilisés pour rétablir les vérités face aux multiples massacres qui ont endeuillé les communautés chrétiennes et musulmanes, à l'appel de groupes armés en quête de pouvoir.
« Dans cette dynamique où il serait si facile de se laisser emporter par la vague de haine et de ressentiment, comment choisissent-ils d’emprunter résolument la voie de la réconciliation ? De promouvoir le pardon au-delà de sa propre religion alors que l’autre est devenu par définition un ennemi à abattre ? Cette question, ténue et emplie d’ambivalence, est la matrice de mon film », explique Manuel von Stürler, qui a suivi les deux hommes à partir de 2017.
Ensemble, ils prêchaient la paix (« siriri » en sango) dans un pays déchiré par des années d'un conflit sanglant. Aujourd’hui, l’imam Oumar Kobine Layama n’est plus. Mais le cardinal Dieudonné Nzapalainga poursuit le combat avec d’autres leaders religieux, pour des lendemains meilleurs en République centrafricaine malgré les obstacles qui se dressent devant eux. En cela, Manuel von Stürler veut faire de son film « une inspiration pour chacun de nous ».
« Ces sept ans de conflit et d’histoire de l’un des plus grands pays du continent africain sont peu documentés. La prédation des bandes armées, des politiques comme des chancelleries et des entreprises étrangères crève tellement les yeux qu’elle paraît une caricature grotesque du post-colonialisme et de la mondialisation. Pourtant le drame se déroule à huis clos et dans l’indifférence générale. Rares sont les témoins et encore plus rares les images », indique le réalisateur, qui se perçoit comme « un témoin de l’histoire » qu'il a fièrement documenté avec Sìrìrì.
« Ces sept ans de conflit et d’histoire de l’un des plus grands pays du continent africain sont peu documentés. La prédation des bandes armées, des politiques comme des chancelleries et des entreprises étrangères crève tellement les yeux qu’elle paraît une caricature grotesque du post-colonialisme et de la mondialisation. Pourtant le drame se déroule à huis clos et dans l’indifférence générale. Rares sont les témoins et encore plus rares les images », indique le réalisateur, qui se perçoit comme « un témoin de l’histoire » qu'il a fièrement documenté avec Sìrìrì.
Une situation sécuritaire toujours précaire
Qu'en est-il aujourd'hui de la situation en Centrafrique ? Des groupes armés règnent sur des pans entiers du territoire, qui échappent ainsi au contrôle du pouvoir central de Bangui. Divers accords de paix ont été signés ces dernières années mais la Centrafrique est régulièrement secouée par des violences. Entre juillet 2020 et juin 2021, la mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) a recensé « 526 cas de violations et d’abus des droits de l’Homme et du droit international humanitaire à travers le pays », qui ont fait au moins 1 221 victimes dont 144 civils, selon un rapport publié en août.
Un comité d'organisation du futur dialogue républicain chargé de ramener la paix dans le pays a tout récemment été installé par le président Faustin-Archange Touadera, selon RFI. « Ne perdez pas de vue que l'objectif recherché demeure la pacification, la reconstruction et intégral de notre pays, la République centrafricaine », a déclaré le chef de l'État, en place depuis 2016. « Nous n'avons qu'un seul et unique pays en partage. Nous devons travailler, main dans la main pour le sortir du bourbier dans lequel il est artificiellement plongé. »
Lire aussi :
L'imam Oumar Kobine Layama, artisan de la paix en Centrafrique, est mort
Urgence Centrafrique : « Nos corps sont meurtris, mais nos esprits demeurent »
Un comité d'organisation du futur dialogue républicain chargé de ramener la paix dans le pays a tout récemment été installé par le président Faustin-Archange Touadera, selon RFI. « Ne perdez pas de vue que l'objectif recherché demeure la pacification, la reconstruction et intégral de notre pays, la République centrafricaine », a déclaré le chef de l'État, en place depuis 2016. « Nous n'avons qu'un seul et unique pays en partage. Nous devons travailler, main dans la main pour le sortir du bourbier dans lequel il est artificiellement plongé. »
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