© Pexels / Bongkarn Thanyakij
La proposition visant à pénaliser la délivrance par des médecins de « certificats de virginité » dans le cadre de la lutte contre le « séparatisme » fait débat dans le monde médical. Si les médecins sont unanimes pour condamner cette pratique, plusieurs d’entre eux élèvent leurs voix pour expliquer en quoi la mise en place d’un tel dispositif est inutile, voire même contre-productive.
Rappelant que cette pratique « barbare, rétrograde et totalement sexiste » est « heureusement extrêmement rare et concerne un nombre infime de patientes », un collectif de gynécologues, de chefs de service hospitaliers et de cadres associatifs ont signifié, mercredi 16 septembre, dans une tribune parue dans Libération que le rôle des médecins n’est « pas de régler la question de la laïcité, du séparatisme ou d’autres grandes questions de société » mais de « traiter la souffrance physique ou psychologique de l’être humain singulier qui les sollicite ». « Tel est leur devoir moral concret et quotidien, et les en empêcher serait tout simplement desservir la cause de leurs patients », appuient-ils.
« Dans un monde idéal, il faudrait bien sûr refuser de délivrer de tels certificats. (…) Mais dans le monde réel, la pénalisation de la rédaction des certificats de virginité est un contresens. Nous sommes médecins et nous nous plaçons d’abord dans le champ de l’éthique médicale », écrivent-ils.
« Alors oui, on peut être amené à fournir un certificat à une jeune femme si elle a besoin d’un papier disant qu’elle est vierge pour qu’on arrête de la harceler, pour lui sauver la vie, pour la protéger car elle est affaiblie, vulnérable ou menacée dans son intégrité ou sa dignité », déclarent-ils, avant d'ajouter que « le "colloque singulier" avec la patiente doit être mis à profit pour l’écouter, pour l’aider à prendre conscience et à s’affranchir de cette domination masculine ou familiale. Il nous permet aussi de comprendre ce qui l’entrave et la menace ».
« Dès lors, délivrer ce certificat, ce n’est pas faire le jeu des intégristes qui l’exigent, bien au contraire. Ce qui devrait choquer l’opinion publique, ce n’est pas que le médecin rédige un tel certificat sans aucune valeur juridique, c’est qu’en 2020 l’exigence de virginité soit encore si répandue », lit-on.
« La loi permet déjà de sanctionner d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende les certificats de complaisance, et la peine peut être doublée si le médecin bénéficie d’un quelconque avantage en échange », indiquent les médecins, estimant donc qu’une nouvelle loi est « inutile, et de surcroît, inexécutable car ces certificats sont utilisés au sein de la sphère privée ». Or, « pour punir une infraction ou un délit, encore faut-il avoir la capacité à le constater. Nous pénaliser, c’est s’attaquer à la conséquence en négligeant la cause, laquelle s’enracine dans l’ignorance et la peur. Seule l’éducation permettra l’émancipation de ces jeunes femmes ».
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Pénaliser les médecins délivrant des certificats de virginité... pour lutter contre le « séparatisme » ?
Séparatisme : les contours du projet de loi dévoilés par Gérald Darmanin et Marlène Schiappa
Rappelant que cette pratique « barbare, rétrograde et totalement sexiste » est « heureusement extrêmement rare et concerne un nombre infime de patientes », un collectif de gynécologues, de chefs de service hospitaliers et de cadres associatifs ont signifié, mercredi 16 septembre, dans une tribune parue dans Libération que le rôle des médecins n’est « pas de régler la question de la laïcité, du séparatisme ou d’autres grandes questions de société » mais de « traiter la souffrance physique ou psychologique de l’être humain singulier qui les sollicite ». « Tel est leur devoir moral concret et quotidien, et les en empêcher serait tout simplement desservir la cause de leurs patients », appuient-ils.
« Dans un monde idéal, il faudrait bien sûr refuser de délivrer de tels certificats. (…) Mais dans le monde réel, la pénalisation de la rédaction des certificats de virginité est un contresens. Nous sommes médecins et nous nous plaçons d’abord dans le champ de l’éthique médicale », écrivent-ils.
« Alors oui, on peut être amené à fournir un certificat à une jeune femme si elle a besoin d’un papier disant qu’elle est vierge pour qu’on arrête de la harceler, pour lui sauver la vie, pour la protéger car elle est affaiblie, vulnérable ou menacée dans son intégrité ou sa dignité », déclarent-ils, avant d'ajouter que « le "colloque singulier" avec la patiente doit être mis à profit pour l’écouter, pour l’aider à prendre conscience et à s’affranchir de cette domination masculine ou familiale. Il nous permet aussi de comprendre ce qui l’entrave et la menace ».
« Dès lors, délivrer ce certificat, ce n’est pas faire le jeu des intégristes qui l’exigent, bien au contraire. Ce qui devrait choquer l’opinion publique, ce n’est pas que le médecin rédige un tel certificat sans aucune valeur juridique, c’est qu’en 2020 l’exigence de virginité soit encore si répandue », lit-on.
« La loi permet déjà de sanctionner d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende les certificats de complaisance, et la peine peut être doublée si le médecin bénéficie d’un quelconque avantage en échange », indiquent les médecins, estimant donc qu’une nouvelle loi est « inutile, et de surcroît, inexécutable car ces certificats sont utilisés au sein de la sphère privée ». Or, « pour punir une infraction ou un délit, encore faut-il avoir la capacité à le constater. Nous pénaliser, c’est s’attaquer à la conséquence en négligeant la cause, laquelle s’enracine dans l’ignorance et la peur. Seule l’éducation permettra l’émancipation de ces jeunes femmes ».
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