Cinq doubles pages sont cette semaine consacrées à ces Français qui prient Allah dans l’hebdomadaire du Monde*. Il est potelé, basané et concentré. Armé d’un club de golf qu’il tient en l’air, Mourad Ghazli s’affiche en Une du magazine, avec pour titre « Je suis français (et musulman) ». C’est lui qui ouvre le portfolio consacré cette semaine aux différents visages de l’Islam de France, loin des stéréotypes du barbu ou de la femme voilée. Les différents modèles sont chirurgien, gestionnaire de biens, boxeuse, infirmier, mère de famille et féministe, ou encore architecte. La journaliste Laetitia Van Eeckhout rappelle à ceux qui ne le savent pas que la France « compte cinq à six millions d’hommes et de femmes de culture musulmane, dont deux à trois millions sont des citoyens français ». Impossible de savoir combien ils sont exactement puisque la « Constitution interdit tout recensement sur des bases ethniques ou religieuses ». Cette frange de la population est difficile à cerner. France Keyser, citée par Le Monde 2, parle de « majorité silencieuse ». Elle explique « Ils sont pratiquants mais leur pratique de l’islam est avant tout individuelle. Elle ne fait pas l’objet de prosélytisme, ni d’une revendication identitaire (…). Musulmans, pratiquants, ils se disent, se sentent d’abord Français, et marquent une nette volonté d’être reconnus comme tels ».
La religion n’est pas un facteur de retrait de la vie française
Sur les neufs portraits, trois illustrent des Français convertis à l’Islam. Il y a d’abord Lucie Bertaud, une jeune boxeuse de 23 ans. Photographiée sans doute sur son lieu d’entraînement, elle porte un casque et un jogging bleus, un protège mâchoire que laisse deviner sa moue, un polo manches longues laissant apparaître un petit ventre rond. Championne d’Europe en 2007, et quadruple championne de France depuis 2004, la religion permet à Lucie « de canaliser son énergie ». Aymen Christophe est infirmier. Ses parents sont catholiques et il a toujours « grandi avec la notion de Dieu ». Agé de 24 ans, il s’est converti en 2000. C’est à ce moment là, qu’il adopte le prénom Aymen, en plus du prénom Christophe. Sa sœur est également présente sur la photo. Elle porte le voile. Les deux jeunes gens viennent de boire un thé ou un café, sans doute en compagnie de leur père. Tous les trois se trouvent dans un grand salon au mobilier désuet. La dernière photo, aux couleurs et au contraste très esthétiques représente Anne Dahhan, son mari Housssam et leurs quatre enfants en pleine prière. France Keyser a photographié le couple d’architectes dans leur maison, dont ils ont eux-mêmes conçu l’extension, en utilisant des matériaux respectueux de l’environnement.
Rien d’inédit dans ce thème, mais ces photos sobres et sans mise en scène invitent à porter un autre regard sur ces français de confession musulmane. Cependant, la journaliste du Monde 2 relève que « les représentants d’un islam le plus radical, ceux qui peinent le plus à s’intégrer et suscitent un fort rejet, sont absents [de la galerie de portraits photos réalisée par France Keyser, ndrl] ». Avant de citer une enquête du centre de recherches politiques de Science Po (Cevipof) de 2005, qui révèle que « pour une grande majorité de musulmans français, qu’ils soient hommes ou femmes, la religion n’est pas un facteur de retrait de la vie française ou d’isolement communautaire ». On peut donc s’appeler Abdel Rahmène et être chirurgien urologue, maître de conférences et conseiller municipal ou Ndella, une mère de famille qui participe à des rencontres sur l’islam et le féminisme. Ou même Franck Ribéry et être footballeur professionnel. Un bel exemple en images qui prouve que l'exercice du culte musulman n'est pas incompatible avec la participation à la vie sociale et culturelle de son pays.
* Le Monde 2, numéro 223 du samedi 24 mai 2008.
Pour voir les photos :
"Le Monde 2" : les Français musulmans vus par France Keyser
Rien d’inédit dans ce thème, mais ces photos sobres et sans mise en scène invitent à porter un autre regard sur ces français de confession musulmane. Cependant, la journaliste du Monde 2 relève que « les représentants d’un islam le plus radical, ceux qui peinent le plus à s’intégrer et suscitent un fort rejet, sont absents [de la galerie de portraits photos réalisée par France Keyser, ndrl] ». Avant de citer une enquête du centre de recherches politiques de Science Po (Cevipof) de 2005, qui révèle que « pour une grande majorité de musulmans français, qu’ils soient hommes ou femmes, la religion n’est pas un facteur de retrait de la vie française ou d’isolement communautaire ». On peut donc s’appeler Abdel Rahmène et être chirurgien urologue, maître de conférences et conseiller municipal ou Ndella, une mère de famille qui participe à des rencontres sur l’islam et le féminisme. Ou même Franck Ribéry et être footballeur professionnel. Un bel exemple en images qui prouve que l'exercice du culte musulman n'est pas incompatible avec la participation à la vie sociale et culturelle de son pays.
* Le Monde 2, numéro 223 du samedi 24 mai 2008.
Pour voir les photos :
"Le Monde 2" : les Français musulmans vus par France Keyser