Contrairement à ce qui s'était passé lors de précédentes catastrophes aériennes (Concorde, Airbus, DC10...), le travail d'identification des corps des 148 victimes de la catastrophe du Boeing ne s'effectue pas sur un plateau technique français, mais sur place en Egypte, à Charm el-Cheikh, où sont arrivés les experts légistes
Un travail de longue haleine.
« Nous avons décidé ensemble (avec les Egyptiens) d'envoyer une équipe scientifique française sur place afin de pouvoir faire les tests ADN pour l'identification des corps », avait annoncé au début de la semaine le Dr Renaud Muselier. Après le crash, samedi à l'aube, du Boeing 737 affrété par Flash Airlines pour relier Charm el-Cheikh (Egypte) à Paris, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, arrivé rapidement sur les lieux, disait qu'il avait « pu voir le sac qui regroupe des portions de corps » ; et ajoutait : « C'est terrible à voir. »
La décision prise conjointement par les Français et les Egyptiens de procéder aux investigations d'identification depuis l'hôpital de Charm el-Cheikh s'est traduite par l'envoi sur place d'une équipe française mixte, police-gendarmerie. Le groupe est composé de membres de la police technique et scientifique, dont le siège est à Ecully, et de l'IRCGN (Institut de Recherches Criminelles de la Gendarmerie Nationale) de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), dirigé par le chef du Service central d'identité judiciaire et de la direction centrale de la PJ, Bernard Sallez.
Simultanément, huit gendarmes de la cellule ante mortem de l'Unité Gendarmerie d'Identification des Victimes de Catastrophes (UGIVC) ont commencé à recueillir auprès des familles des victimes les éléments pouvant aider à l'identification : port de bagues ou de colliers, présence d'appareils dentaires, cicatrices, tatouages, etc. Ces informations sont complétées par les dossiers médicaux et dentaires collectés auprès des médecins traitants, les radiographies, les comptes-rendus opératoires, pour disposer de toute l'histoire médicale des intéressés. A ces données anatomiques s'ajoutent les marqueurs génétiques. L'ADN est généralement relevé à partir des brosses à dents et des brosses à cheveux fournies par les familles.
Un dernier hommage
Saluées à leur départ par le président Jacques Chirac, les familles des victimes françaises se sont rendues à Charm el-Cheikh en Egypte où elles se recueilleront jeudi sur les lieux du drame qui a coûté la vie à 148 personnes, et où a été repérée la deuxième «boîte noire» de l'avion abîmé en mer Rouge samedi.
Mercredi après-midi, une centaine de proches des disparus a décollé de Paris à bord d'un avion affrété par le gouvernement. Ils étaient accompagnés par des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, dix médecins et psychologues, cinq représentants des trois principales confessions religieuses (christianisme, islam, judaïsme) ainsi que des représentants des instances participant aux recherches et des enquêteurs.
Le chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin, sera chargé d'exprimer les condoléances du gouvernement lors des cérémonies de jeudi.
Avant leur départ pour l'épreuve de Charm el-Cheikh, les familles auront reçu la visite surprise du président français en personne: Jacques Chirac, dans la plus grande discrétion, est en effet venu les saluer à Orly. Au cours d'un «long échange» dans le pavillon d'honneur de l'aéroport, il leur a fait part de la «solidarité de la nation» et leur a promis que tout serait mis en oeuvre pour connaître les raisons du drame.
«Je tenais à vous dire à toutes et à tous, en ce moment dramatique de l'histoire de notre pays, la consternation, la solidarité et la compassion de tous les Français qui se sentent à vos côtés», a déclaré le chef de l'Etat, dont les propos ont été rapportés à l'issue du Conseil des ministres.