Points de vue

Chasser les « squatteurs »... Chasser la « peur » afin que le ciel ne nous tombe pas sur la tête

Rédigé par S. al-Majhûl | Mercredi 9 Juillet 2008 à 00:01

N’est-il pas temps, de dépassionner le débat (et notre façon de penser) sur « l’islam » ? D’analyser, de hiérarchiser et de trier cette surabondance d’information sur l’islam ? N’est-il pas temps de rasséréner le débat autour de l’islam ?



Islam par-ci, Islam par-là ! Pas un jour ne passe sans que l’Islam ne soit à la une des médias. Pour le meilleur et pour le pire, très souvent (comme dit T. Ramadan) pour le pire. Dans ce contexte, des spécialistes (autoproclamés) se proposent de nous faire connaître l’islam. Ces spécialistes inondent le marché du livre par leurs écrits (souvent fantaisistes), ils sont aussi présents dans les médias, prêchant la parole sur l’islam, prêchant ce qu’il faut savoir, dire et penser sur l’islam.

Le mot islam est devenu un fond de commerce. Beaucoup l’on compris. Un mot qui permet de nos jours de passer de l’ombre à la lumière, si l’on sait « mentir » et si l’on a le sens de la « mise en scène ». C’est ainsi que, l’on trouve étalé dans nos Supermarchés des livres aux titres variés, allant de : « Insoumise », « Islam, le fascisme vert », « L’Islam contre la modernité », « dans l’enfer des tournantes » à la « maladie de l’Islam »... etc. Dans tous ces livres, l’Islam est au banc des accusés, et le jugement est sans appelle : « l’Islam est coupable ». Le coupable idéal.

Ces prêcheurs d’un nouveau genre, aiment être écoutés mais n’aiment pas écouter, ils préfèrent penser, penser pour les autres. Ce sont les maîtres de la pensée, la pensée unique. « Cogito, ergo sum » (« Je pense, donc je suis »). Je suis pensée unique.

Tout le monde le sait, le mot « Islam » fait peur. La peur est vendeur. Il faut donc l’entretenir, faire comme si le « ciel allait nous tomber sur la tête ». Sur le marché de la peur les affaires vont bon train ; la spéculation est permanente sur le « prix » de l’action Islam. Et si l’on prenait le temps, un instant, d’étudier l’islam à sa source ? A cette question nos chers « spécialistes » répondent non, car disent-ils, leurs analyses (souvent contradictoires) suffisent. Pas besoin de référence islamique.

L’islam sujet du débat n’a pas sa place dans le débat ; il faut juste écouter, car « malheur » au fidèle musulman qui se risquerait à « prôner » un discours différent, une pensée différente de celle de nos « spécialistes ». Il se verrait aussitôt sujet à la « suspicion » et à la stigmatisation. « Coupez lui la parole », demanderaient nos « spécialistes », à la question du pourquoi ? Ils répondront qu’un tel individu est potentiellement dangereux, un terroriste en puissance.

Terroriste, islamiste, intégriste, communautariste, passéiste, traditionaliste, illusionniste, utopiste et j’en passe, sous ses mots la propagande de nos pseudospécialistes englobe aussi bien l’intellectuel (faisant de la résistance) que le fidèle musulman refusant de manger du cochon au nom de sa foi.

Cette propagande enjambe les frontières, source d’antagonismes que nos « spécialistes » ne veulent pas connaître. La thématique terroriste est réservée à l’envi par nos pseudospécialistes. Leurs analyses sont simples, pour ne pas dire simplistes, pour eux l’Occident et la pensée Occidentale incarnent le bien absolu et l’Islam avec ses fidèles le mal absolu (alors même que l’histoire de l’Andalousie (sans tomber dans l’idéalisation), nous a montré que le rendez-vous Islam-Occident était possible, plus que possible, la rencontre Occident-Islam peut être fructueuse pour les deux parties).

Mais cette nomenclature est habile à plus d’un titre, car elle cherche à enclencher un double effet de chaîne, l’un jouant sur l’attirance (l’Occident), l’autre sur la répulsion (l’Islam). Les terroristes musulmans sont musulmans, en tout cas ils se réclament de l’Islam, alors tous musulmans ayant une pensée contraire à celle véhiculée par les médias est potentiellement terroriste, il est terroriste. CQFD (Ce Qu’il Faut Dire). Comme dit Barack Obama : « Pour l’opinion publique, au moins, je suis ce que les médias disent que je suis, je dis ce qu’ils disent que je dis. Je deviens ce qu’ils disent que je deviens. » Il est donc indispensable de sortir de ce carcan médiatique.

Ainsi tous ces discours, ces procès d’intention et ces prédictions catastrophistes qui saturent le débat public ne nous aident pas à penser. Ils interdisent en réalité l’analyse en réduisant le débat au choix, vite réglé, entre les illuminés d’un côté et les « fous de Dieu » (voulant dire les musulmans) de l’autre.

N’est-il pas temps, de dépassionner le débat sur « l’Islam » ? D’analyse, de hiérarchiser et de trier cette surabondance d’informations sur l’Islam ? N’est-il pas temps, d’arrêter avec ces chicaneries ? N’est-il pas temps de penser (tout simplement) ? Pour ce faire, il faut déloger ces squatteurs du PAF (paysage audiovisuel français), ces faiseurs d’opinions (à caractères con-sommationistes). Il est temps de chasser ces « squatteurs », ces « parasites »….. De chasser la « peur » ! Comme disait Jean Paul II : « N’ayez pas peur. »