Le président français entame mercredi un voyage de 4 jours au Niger et au Mali, deux pays de l'Afrique subsaharienne qui comptent parmi les pays les plus pauvres, ils apparaissent respectivement au 174e et 172e rangs sur 175 du dernier classement établi par le Programme des Nations unies pour le développement. Cette visite qui s'inscrit dans le cadre des visites annuelles du Président en Afrique se fait sur fond de lutte contre la pauvreté. Elle sera l'occasion pour le président d'aborder des thèmes sensibles aux deux pays. Le président français compte bien y affirmer son soutien au développement dans une région où les gouvernements s'inquiètent des tourments liés à la mondialisation.
Du Niger au Mali
Jacques Chirac est attendu mercredi dans l'après-midi dans la capitale du Niger, Niamey. Jeudi, le président interviendra au sein de l'assemblée où il confirmera son soutien à la démocratie dans un pays miné par l'instabilité politique. Le Niger n'a pas encore connu de président ayant pu mener son mandat à terme. Il se rendra par la suite à Tohama à 550 kilomètres au nord-est de la capitale. Son voyage officiel se poursuivra au Mali par la visite de la 'cité des 333 saints' : la ville de Tambouctou. Au XVème et au XVIème siècles, Tombouctou était le plus grand centre intellectuel de l'Islam, accueillant jusqu'à 25.000 étudiants dans 180 écoles coraniques. M Chirac gagnera par la suite Bamako où il s'entretiendra avec le président Amadou Toumani Touré sur des questions bilatérales dont la sensible question de l'immigration. Il achèvera sa visite à Mopti, ville commerciale au bord du fleuve Niger et à Tireli en Pays Dogon.
Un voyage solidaire
Ces voyages africains sont l'occasion pour le président français d'affirmer son soutien aux pays africains à l'heure où les pays du Nord s'enrichissent en creusant l'écart avec ceux du Sud. Dans des pays comme le Niger les problèmes alimentaires vont croissants: près du tiers de la polupation est touché par la malnutrition. Jacques Chirac parle d'un devoir de 'Mondialisation de la solidarité' : 'Cette année le président de la République a choisi de se rendre dans deux pays qui font partie des pays africains les plus pauvres de façon à manifester l'exigence de présence et de solidarité entre pays développés et les pays les moins avancés' a déclaré Catherine Colonna porte-parole de l'Elysée.
Les agriculteurs maliens entendent bien faire du président français un avocat qui pourrait avoir un poids sur la scène internationale. Le Mali qui se place à la huitième place mondiale de la production de coton ne compte pas se laisser étouffer par des grands pays comme les Etats-unis qui ont voulu ignorer les pays africains en visant une réduction des aides. 'Les pays comme le Mali ou le Tchad vont pouvoir se bagarrer sur le dossier du coton où ils sont directement victimes de la concurrence américaine' répondait José Bové au quotidien le Parisien sur les conséquences du blocage des négociations de Caucun. Le président français abordera également la thème de l'eau qui rejoint celui du développement. Les populations maliennes et nigériennes s'attendent à son soutien sur le projet d'aménagement du fleuve Niger long de 4200 kilométres et partagé par 9 pays. L'ensablement et la prolifération de la jacinte d'eau nécessite des travaux qui ne peuvent être réalisés en raison de manque de financement.
L'immigration malienne, un thème sensible.
L'immigration est un des thèmes les plus attendus par les maliens de France qui répresentent environ 42.000 personnes en situation régulière, et près du double voire le triple vivant clandestinement. Après le discours musclé en février dernier du ministre de l'intérieur M. Sarkozy au Mali, de plus en plus de clandestins ne croient plus en la régularisation et préfèrent se contenter de faux papiers ou d'un travail au noir. Au cours du forum de la diaspora malienne qui se tenait à Bamako la semaine dernière, Oumar Dicko, ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères s'est exprimé à ce sujet à Jeune Afrique : 'Nous disons à tous les Maliens de respecter la législation française. Mais, au-delà du droit, la question des immigrés dits clandestins pose un problème humanitaire que l’on ne peut résoudre par des expulsions. L’accord de codéveloppement signé il y a cinq ans entre la France et le Mali est un début de solution. Il intègre un système d’aide au retour, et favorise les échanges de compétences, qui visent à faire bénéficier le pays d’origine de l’expertise de la diaspora.'